Il ne s'agit pas de préconiser la mise
à la poubelle de nos smartphones mais de comprendre comment de
formidables outils ont quitté leur statut d'outil pour devenir des
modèles d'organisations sociales,
d'interactions relationnelles, d'approches cliniques.
Comment
une même technologie numérique aussi bien à l'oeuvre dans
l'imagerie médicale, la nano-chirurgie que dans les big datas, la
prédiction des comportements, les modèles d'évaluation (du diagnostic à
la notation sociale), viendrait, à l'aide de l'intelligence
artificielle, dire le juste et le vrai.
De l'outil au service du sujet
au sujet au service de l'outil. Mais y a-t-il encore un sujet? N'y a
t-il plus qu'un individu, un in-divisé, unité vivante compacifiée en
sa computation possible? A l'opposé du sujet divisé entre chair et
parole, seul animal à se savoir mortel et capable d'inventer des dieux.
Les attaques si violentes dont la psychanayse fut l'objet n'en
étaient-elles pas les prémisses? Elle, pour qui ce sujet divisé est le
centre de son attention et sa réflexion n'est-elle pas de ce fait même
un obstacle à cette pensée techno-numérique.
Il y a déjà de nombreuses années nous nous interrogions déjà sur la
psychiatrie qu'organisait le D.S.M. Non seulement par l'appauvrissement
clinique qui pouvait s'en prévoir mais aussi sur l'inquiétante
congruence
que présentait ce type d'échelle des troubles mentaux avec les systèmes
experts et les bases de données. Laissant deviner la numérisation de
la psychiatrie en cours qui la laisse en haillons.
Bibliographie sommaire:
Bernard Stiegler: "Qu'appelle-t-on panser?"
Nicolas Colin, Henri Verdier: "L'âge de la multitude"
Pierre Beckouche: "Les territoires numériques"
Vincent Magos: "resister à l'algocratie"
Eric Sadin: "L'intelligence artificielle"
Stéphane Velut: "L'hôpital une nouvelle industrie"