Merci de votre participation à cette journée du 9 juin dont les retours
ont été très positifs.
Merci tout particulièrement de ma part, les échanges de cette journée
m'ont permis,, dans l'après coup des résonances apportées à mes
questions, que m'apparaissent un début de réponse, un début d'hypothèse.
Le dimanche en effet m'est survenu qu'on pourrait peut-être faire
l'hypothèse que le sous-jacent organisateur, le sujet, ce qui a présidé
à la conception, ce qui est en position de S1 dans cette nouvelle
psychiatrie du DSM, c'est le sujet cartésien, le sujet de la science,
mais poussé à son extrême, c'est-à-dire totalement achevé. Soit le
sujet de la science comme totalement unifié et surtout comme totalement
transparent à lui-même. Qu'il soit en position d'a priori,
d'antériorité, a aussi toute son importance.
Si l'on fait cette hypothèse, il me semble qu'un certain nombre
d'éléments que nous avons évoqués s'en éclairent :
- tout d'abord, il est nécessaire que cette psychiatrie soit
a-subjective.
Du côté du patient, elle est a-subjective, car sans cela, si le trouble
était lié au sujet, en faisait partie, celui-ci en perdrait la pureté
de sa transparence totale à lui-même. Alors que si le trouble est conçu
comme hétérogène, externe au sujet, la définition de celui-ci n'en est
pas entamée. Il est, et reste a priori totalement transparent à
lui-même. Le trouble est alors ce qui, extérieur au sujet, vient
menacer sa transparence et sa totalisation, sans le remettre en cause
dans cette définition a priori.
Il s'ensuit ce que nous avons remarqué. Si ce qui est trouble et ce qui
vient obscurcir de l'extérieur cette transparence du sujet lui-même, où
va se situer la limite de ces troubles extérieurs. D'où la possibilité
de l'extension du nombre des troubles d'édition en édition. Mais aussi,
si tout ce qui est trouble doit être absolument hétérogène au sujet
pour en préserver la définition de transparence, ( qui pourrait être
remis en cause si un trouble quelconque pouvait apparaître interne au
sujet), il apparaît nécessaire que la liste des troubles considérés
donc comme hétérogènes au sujet soit elle-même totalisante, exhaustive,
et donc cette liste doit comporter des rubriques permettant d'inclure
les troubles indéfinis. D'où la fréquence des rubriques : « autre
trouble », « trouble non défini par ailleurs », etc.
Du côté du praticien afin de préserver la pureté de ce sujet a priori,
totalisé et transparent à lui-même, il apparaît nécessaire que soit
éliminée la diversité des approches des multiples praticiens qui
viendrait à contester la pureté de la transparence supposée a priori. À
la place, le consensus de ces mêmes patriciens, consensus qui se ramène
plus ou moins à la notion d'une moyenne statistique, est beaucoup plus
vous adéquat à ne pas déroger à ce sujet transparent. Il en va sans
doute de même à propos de l'élaboration de configurations
nosographiques classiques, structurales, mais cela demanderait sans
doute une réflexion à propos des théorisations scientifiques...
Il y a bien ici une opposition avec la psychanalyse car si celle-ci
participe bien du sujet de la science, avec cette visée de transparence
du sujet lui-même : « Là où était le ça, le moi doit advenir ». La
psychanalyse pose cette transparence comme visée, comme horizon et non
comme une donnée de base, a priori et déjà réalisée, cela a comme
corollaire pour la psychanalyse, comme donnée de base à l'inverse, un
sujet divisé qui s'oppose au sujet unifié, inentamable, évoqué comme
hypothèse.
D'où l'opposition quasi frontale d'une telle conception avec la
psychanalyse.
Hypothèse effrayante mais hélas logique? Si on reprend l'idée de Lacan,
lui faisant dire à propos de la division du sujet et du moi lorsqu'il
évoque la folie : « est fou celui qui se prend pour le roi, mais est
aussi fou le roi qui se prend pour le roi », à savoir que la confusion
du sujet avec son moi, serait folie. Ne pourrait-on pas aboutir, à
propos de cette psychiatrie, en déduction logique de l'hypothèse d'un
sujet entièrement totalisé et totalement transparent à lui-même, (un
sujet égalisé avec sa conscience, sans reste), qu'on a affaire à un
sujet fou sans folie ? ( puisque celle-ci est pensée externe à
lui-même..)
Voilà, je vais tenter de développer tout ça et d'en faire un écrit, car
il y a pas mal à préciser, et à creuser, comme après coup de nos
échanges.
Et puis avec les textes de tous, tenter de faire un dossier sur le site
de l'Epco concernant cette journée.