23 janvier 1951 Orléans Roger Courtin et André Hergot 27 ans tous les
deux. Avec la complicité d'Auguste Langevin, 26 ans, et d'André Blot,
29 ans, le 07 mars 1947, torturent le docteur Landureau, un médecin de
Theillay (Loir-et-Cher), en lui brûlant les pieds, le dos et les
parties génitales à la lampe à souder, à la manière des chauffeurs, en
croyant à tort le praticien très riche. Les quatre bandits sont
condamnés à perpétuité le 29 novembre 1947 à Blois. Arrêt cassé le 02
décembre 1948, d'où ce nouveau procès à Orléans : Blot et Langevin sont
condamnés à perpétuité. Hergot grâcié, Courtin, condamné à Paris dans
le cadre d'une autre affaire, guillotiné à Paris le 13 décembre 1951.
Le patient
- 52ans, né de père inconnu, reconnu par un père inconnu,premier époux
de sa mère, absence paternelle
- Histoire de l'abandon par la mère dans un berceau, et le recueil par
les grands parents maternels dans la même maison dans des coins
différents.
- élevé par ses grands parents jusqu'à 14 ans
- scolarité jusqu'à 14 ans puis tentative d'apprentissage de plusieurs
métiers, semble en échec scolaire ? oligophrène ?
- à 17 ans s'engage dans la marine pendant 4- 5 ans et démissionne à 22
ans sur l'orientation d'une prostituée, première rencontre avec le
sexuel ? celle-ci l'amène vers un groupe de malfaiteur : il passe de la
défense militaire au grand banditisme.
- à 22 ans acte délictuel avec des complices: pour le passage à l’acte
: le chef de la bande l'incite à se saouler car il est réticent. Il est
pris pour chef de la bande par la victime.
- condamné, dénonce un complice pour un homicide, obtient une remise de
peine : son complice est exécuté.
- incacéré pendant 18 ans de 22 ans à 40 ans ; il sera un justicier en
milieu carcéral, montrera une bonne conduite
- apprentissage de plusieurs métiers en prison, semble en échec ?
- mariage en 1966 avec une infirmière connue en cours
d'hospitalisation, un enfant 7 ans
- licencié en février 1976 de son travail, épouse envisage une rupture
Le moment de la libération semble provoquer ses troubles
- 2 tentatives de suicide après sa libération (sections des veines et
prise de barbituriques),
- 8 hospitalisations entre 40 ans et 52 ans
- conviction délirante persécution : son dossier est divulgé, la police
l'épie, le piste
- fuites des idées, s'entend penser, devination,
- injures (pensées contre l'autre qui font retour vers lui),
dévalorisation
- délire passionnel sa femme le trompe, ses belles filles en âge de
sexuation deviennent des prostituées
Lors de l'entretien Lacan va orienter son intervention vers l'acte de
dénonciation, en proposant qu'il a dénoncé son complice, qu'il est un
mouchard et un fumier. Et souligne que son acte de denonciation a
aboutit à l'execution du complice.
Lacan introduit son entretien en proposant un discours ambivalent sur
la question de la vérité. C'est bien de la dire mais est-ce vraiment
possible?
La question de la vérité chez Lacan semble ouvrir au champ de la
parole, au lieu du dire, d’un éloignement de l’illusion de pouvoir tout
dire, « Tachez de la dire » , d'en dire quelque chose de dialectisable.
Lacan donne la tonalité du cadre avec lequel il va orienter vers cet
impossible à dire « La vérité », c'est une tentative de dire qui pourra
peut être le déstabiliser, une orientation à la posture d'entrée dans
le signifiant.
Il tente de poser son approche discursive en dialectisant sa posture
d'analyste qu'il appuie par « mon vieux », il paraît tenter de
caractériser leur relation entre éthos et pathos, entre adulte.
M.H va décrire que depuis 3 ans « au mois de mars » (date assez
précise) il note l’apparition de phénomènes élémentaires avec une perte
d’intimité de sa pensée, une sensation d’étrangeté avec des
grossièretés qui s’imposent à son esprit. Ces phénomènes semblent
majorés par la présence d’autres personnes, d’amis à la maison. C’est
une maison particulièrement investie par lui, une «vielle bicoque»
qu’il a rendue habitable. Il y vit avec sa femme, mais celle-ci le
menace d’une rupture car il ne fait plus rien à la maison.
Le patient va décrire qu'il est désarconné notamment par la présence
d'autres personnes qui majorent sa dépersonnalisation. Face à un
danger, la proximité du réel, de sentiment de danger imminent, de
malheur l'amène à une posture de repli sur soi « le nez dans la soupe
».
Le féminin, le contenant, le maternel ressortent du contenu de son
discours, est-ce un soutien de la chaine signifiante?
H interroge sur la contenance : L'internement dans un espace contenant,
la contenance de la marine, du bateau des limites claires et
matérialisées semblent un soutien à son psychisme. en dehors , hors
limite réelle alors la décompensation chemine et oeuvre à la
déterioration de son psychisme.
Interrogé sur le motif de sa condamnation à 18 ans de prison, il semble
minorer les faits en parlant d’une attaque à main armée et en se
déresponsabilisant. C’est par la faute des femmes, une putain et une
mère malade, l’une ne voulait pas qu’il travaille, et l’état maladif de
la seconde nécessitait de l’argent, selon ses dires. Il semble avoir
endossé une vêture métonymique, celui du mauvais garçon, et décrit une
agression cruelle comme une recette de cuisine. « C’est du tout cuit »
; « on lui a chauffé les pieds ». ( la ligne du temps semble inversée,
c'est d'abord cuit/on lui a chauffé les pieds ensuite, une traduction
possible serait un futur antérieur : ses pieds auront été chauffé ) Il
commente « on m’a condamné assez lourdement et j’ai été gracié ensuite
». (procès en 47 : bagnes fermés légalement en 38 mais opérant jusqu'en
45 les derniers forçats semblent avoir été libérés en 1953)
( M.H. Prononce-t-il ces signifiants : "forcé, aux chaînes", comme des
mots de passe afin d'appartenir à un ensemble imaginaire, afin de ne
pas être tué au pied du mur du langage qui toujours s'oppose à la
parole)
H. semble contrebalancer sa faute par l’exemplarité de sa peine, une
condamnation à mort, puis par l’exemplarité de sa bonne conduite et des
grâces successives dont il bénéficie. Il s’en vante presque : « on n’en
voit pas tous les jours ». « M. Auriol a trouvé que je méritais une
grâce ». Puis, plus loin, il insiste « je méritais une clémence ». H.
insiste sur le caractère mérité de l’annulation du châtiment par un
grand Autre, en l’occurrence le Président de la République. Lacan force
H. à révéler que le mérite qui lui procure la grâce, est dû à un acte
de mouchardise (révéler qu’un de ses complices a commis un meurtre).
L’identification à ses complices qui lui ont fait miroiter qu’il
pouvait avoir beaucoup d’argent, une adhésivité ?
« Vous aviez envie de faire un mauvais coup. » suggère Lacan. Et peut
être un lien avec le sexuel, sa rencontre avec la prostitution, la
libido, et sa rencontre avec des mauvais garçons : une jouissance
imaginaire qui rencontre un réel. Lacan introduit la question de la
jouissance « une valeur négative, c'est ce qui ne sert à rien »
Séminaire XX encore. Jouissance réelle équivalente à Das ding c'est cet
objet perdu , le premier objet perdu étranger et hostile parfois.
Est-il le sujet de son acte? La violence fait émergence dans le réelle,
imginaire non symbolisé, envers l'autre à plusieurs, une manifestation
d'une violence fondamentale inconsciente, une partie de son identité?
D'un pulsion sadique avec des effets de l'alcoolisation
(déresponsabilisation?), un scénario pervers ? un traumatisme de guerre
?.
Sa prothèse identitaire de l'espace clos ne fonctionne plus, sans
limite réelle, l'émergence d'une jouissance imaginaire et le passage à
l'acte?
Il pourrait y avoir un passage de la violence en temps de guerre,
dirigée par un cadre militaire de la marine vers une violence
meurtrière, du grand banditisme sans cadre?
Cette jouissance imaginaire offre une disjonction entre la logique du
signifiant et celle de l'imaginaire qui vient rompre la possibilité
d'une élaboration symbolique.(coupure introduite dans son séminaire
l'éthique de la psychanalyse la jouissance n'est ni d'ordre imaginaire
ni symbolique, le graphe offre un montage qui vient contenir la
jouissance réelle. La jouissance passe au réel avec un caractère absolu
en témoigne l’attitude d’Antigone. Cette jouissance hors sens,
s'atteint par un forçage une transgression qui vient disjoindre le
symbolique de cette jouissance imaginaire.
(il y a une inflexion dans l'énonciation de Lacan, il s'adjoint de
l'autre, "d'après ce qu'on m'a dit " une autre inflexion dans le même
mouvement est peut être ce "non pas des bruits" comme si l'invocation
était mise à l'écart, "mais des choses" "qu'on a pu savoir".. ce n'est
pas une vérité qui parle toute seule, mais un savoir qui provient d'un
lieu de l'Autre. Vient l'idée de la bouteille de Klein pour Mr.H. tout
ce qu'on met dedans se retrouve à l'extérieur. " vous êtes pour qqchose
dans le fait que le meurtre est été su! SI, "il" a été su, "il" a été
découvert"...)
La question de la forclusion du nom du père non symbolisé?
Il y a eu forçage pour sa mère à révéler où elle l’avait abandonné tout
petit. Le mot « forcée » fait résonnance au fait de se présenter
lui-même comme forcé dans plusieurs situations de sa vie : forcé par
ses complices, le forçage de son aveu par le policier, sa condamnation
aux travaux forcés, et même aux pensées imposées. Y aurait-il pour lui
répétition comme pour sa mère à être la victime forcée d’une destinée ?
Prothèse identitaire : une ligne de fuite ici vers le forçage, les
chaînes font penser aux forçats et au bagne de Toulon qu'on ne peut
qu'imaginer bien sûr mais qui serait si l'hypothèse est bonne un point
de fuite, ou un point fuit, rejetté, de son récit.
Une série paradoxale apparaît : la marine/la femme(de mauvaise vie)/la
marine : "je suis aller à la marine..A ce moment là j'ai connu une
femme de mauvaise vie, puis j'ai été envoyé dans le pacifique...cette
série réapparaitra sous variante.
Cette prothèse vient -elle tenir lieu de père, celui qui manque au
récit.
Peut-on traduire des mi-dire , du non dire, voire du déni vers une
interrogation sur un forçage ?
Monsieur H. semble pris dans une dialectique de la banalisation de
l'historisation de son parcours de vie, en termes de modalité défensive
couramment utilisées face au judiciaire.
La reconstruction de son histoire à partir des dires de père, de
l'abandon supposé d'une mère qui l'a toutefois repris à l'adolescence
jusqu'à son engagement dans la marine en temps de guerre – une violence
encadrée et dirigée par des militaires pour la défense de la patrie.
Ainsi le registre imaginaire semble fonctionner de manière autonome
sans la capacité à la fonction du nom du père, d'ordonner une chaine
signifiante et qui peut provoquer la défaillance phallique. Cette
défaillance nous permettrait d'aborder les phénomènes psychotiques :
fuites de la pensée, avec une relation étrange R et S enlacés, I exclu,
cet imaginaire autonomisé construit possiblement de dires de père? Peut
être insaisissable trop flou pour structurer une identité qui a peine à
trouver des repères psychiques. La contenance semble offrir une
fonction structurante et formelle sans incertitude et stable. Il
questionne une identité, un patronyme, un géniteur ? Un ordre paternel
absent que la grand parentalité n'a pu contenir?
.... Qu'a-t-on vu?
Cette première "séquence" permet-elle d'appréhender la structure nodale
dans laquelle monsieur H. est tourné, comme on dit d'une pièce de bois.
Plus précisément, dans l'empilement sur un plan, quelle consistance est
"libérée" par une erreur dessus/dessous. Si le symbolique vient à
"s'effondrer" sous la pression du réel, c'est l'imaginaire qui "glisse"
et s'en trouve libéré. Quand Lacan évoque la raclée que Joyce subit,
celui-ci, (le jeune homme Joyce), s'absente de lui même et c'est
l'imaginaire qui glisse, "le rapport imaginaire n'a pas lieu" dit
Lacan. Le réel surplombant par "erreur" par "flip" le symbolique, celui
ci s'effondre, excluant l'imaginaire et laissant enlaçés le symbolique
et le réel. Les pensées de Mr.H. s'ombrent-elles d'une articulation
entre réel et symbolique, enlacés, collusion ou continuité?
; le pére/sa fonction, en creux, évidé, de dires laissant vacante une
place où de grands Autres viendront vouloir mais quoi, comme aspirés
par cette place vacante, peut –être ¬une forme d’adhésivité ?
Alors quelle fonction cette introduction de l'A/autre par Lacan, "non
pas des bruits mais des choses qu'on a pu savoir de l'énorme
aventure"...est-ce relance, réhausse, création, d'une articulation
entre imaginaire et symbolique
Et la question de lalangue (XX encore) comme parole disjoint de la
strucute du langage, hors sens, lalangue fonde la singularité du sujet,
la façon qu’il a eue d’attraper la langue commune.
2 Comprendre/appréhender pages 10 à 15
Il est difficile de comprendre, d'appréhender comme préfèrera dire
Lacan plus tard, . "Appréhender" est lié à la question de
l'appréhension. "méfiez vous de comprendre". En suivant Marc Darmon
citant un Lacan privé: "la topologie c'est le temps, ...le temps qu'il
faut pour la comprendre"
( mon père d'après les dires...)
H. décrit son état clinique actuel à Lacan en mentionnant un devinement
de la pensée par son entourage qui entend qu’il est un mauvais garçon.
Il évoque les différents métiers qu’il a exercé, le dernier agent
hospitalier, « un travail de merde » dont il est obligé de se «
contenter ». Avant, il a été linotypiste pendant 6 ans, métier qu’il a
appris en prison. Une fois sorti, il s’est senti incapable de
l’exercer. Il a été comptable, également en prison, « pour mettre de
l’ordre dans des trafics ». A-t-il été chargé encore une fois de
dénoncer des trafics ? Il dit avoir donné des coups de poing à un flic,
se pose en défenseur de codétenus exploités, il aurait été ensuite puni
et relégué à la maçonnerie, mais ça n’allait pas non plus.
Dans ce parcours trouble et marqué par le sabordage, il tente de
remettre de l’ordre dans ses idées avec des phases. Le sabordage de
Toulon l’a laissé tomber avec une phase d’errance, aboutissant au fait
criminel puis Il aurait été un détenu modèle, un peu mouchard quand
même, jusqu’à la semiliberté, mais la « dépression » est survenue, en
fait un délire de persécution. Cela s’est « enchaîné » selon ses dires
avec les hospitalisations psychiatriques. Toutes les tentatives
d‘apprendre un métier semblent s’être soldées par des sabotages de sa
part comme s’il s’empêchait de sortir de prison et qu’il fallait payer
davantage dans une sorte de jouissance autopunitive. Et quand enfin il
sort, il appréhende que l’on sache . j’avais l’impression que c’était
écrit sur mon visage ».L’autopunition continue..Sans limite
thérapeutique ou légale.
Lacan l’interroge sur l’endroit où il a rencontré sa femme. (Sa femme
est surtout décrite comme une fonction utile à lui,) une infirmière,
des soins de l’hôpital à la maison. (Ses sentiments pour elle sont
amicaux, et sont décrits plus comme le reflet des sentiments de son
épouse.)
Les sentiments peut –être un peu frustre, se sont transformés avec
l’apparition d’un délire où on le traite de « cocu ». Il se décrit
apathique, avec une perte d’intérêt pour la lecture et l’écriture. Il a
tenté d’écrire son autobiographie mais a constaté une aggravation de
son état en restituant une vie « épouvantable », une « vie de chien ».
Y a-t-il eu une perte d’un idéal du moi avec cette écriture ? Puis
désubjectivation comme en témoigne l’expression « c’est machinal chez
moi » ? Et moments paranoïaques de jalousie vis-à-vis de sa femme ?
Lacan incite mr.H a cet ordre/ordonnancement contre ce cafouillage
entre entendre, dire/penser, deviner, des contiguïtés peut-être des
continuités ou des retournements incluant le corps propre "sentir la
prison", injures recollées à soi-même. Tout se sait, on se trompe de
texte dans ce milieu clos qui toutefois protège de la "dépression" où
l'on se croit persécuté.
Dehors/dedans, se lire sur le visage, on m'a fait entendre et je l'ai
cru, décidèment le cru c'est du tout cuit chez MrH.
"C'est machinal chez moi quand je rencontre qq'un je suis obligé"...il
semble que Lacan l'interrompe là, ou profite-t-il d'une suspension du
discours de Mr.H . En tout cas, Lacan embraye sur la dénonciation qu'il
nomme. La scansion de Lacan se fait-elle au lieu du machinal, de ce qui
machine mr.H ,au lieu de la répétition? Qui comme telle est jouissance.
Il propose une historisation de l'abandon maternel de manière
desaffectivé, qui peut poser la question d'un effondrement, du retrait
de sa présence psychique en tant que sujet. Comme absent à lui-même, il
n'a pas de patronyme et arbore celui d'un père, de sa demi-soeur qui
l’a reconnu et qui reste absent desaffecté « mon père d'après les dires
» un construit imaginarisé.
Cette historisation paraît ne pas tenir par trop de lacune, d'absence
de liaison, voire de déliaison?
La déliaison, la vacuité de la charge affective se retrouve sur son
parcours de vie « passe de mains en mains ». Il se saborde tout au long
de sa vie? Il est pris dans cette chaine, la répétition d'un au delà du
principe de plaisir, une jouissance mortifère ?
Répétition et destinée forcée par un réel qui fait retour, (image de la
bouteille de Klein?) ?
L'autre peut il exister? Est il pris dans un phénomène
d'indifférenciation?
Il évoque une tentative d'écriture (peut etre sur le modèle de
Papillon? 1973?), ce support peut investit n'a pu avoir d'effet de
dialectisation de son histoire, ses capacités semblent peut adaptées à
cette possible médiation.
Lacan semble imposer des scansions plus importantes en termes de
différenciation, d'ordonnancement et en rupture face aux déliaisons,
dissociations , cafouillage, confusion, aproximations de H.
Peut être tente il de trouver un je, plus phallique pour arrêter de
rester face au défilé du langage, banalisé voire néologisant par
l'absence de sens, comme des automatismes, du machinal, de lalangue ?
le signifiant absent peut-il arrêter ce défilé ?, le phallus peut-il
ordonner à partir de sa propre absence ?.
Mais le sujet n'intervient pas face à la répétition machinale.
3 Logos pages 16 à 32
H. reconnaît se faire des reproches d’avoir dénoncé son complice, «
C’était un embobineur ». Il se présente encore une fois comme la
victime de petits autres trompeurs?
Il évoque sa sortie de prison pour bonne conduite
Lacan lui souligne que sa bonne conduite était relative et qu’il
n’était pas le comptable justicier des rations de nourriture mais aussi
un dénonciateur potentiel en prison.
Pourquoi Lacan insiste-t-il autant ? Est-ce qu’il cherche à lui faire
révéler un délire sous-jacent ? Lacan semble vouloir démonter la
logique délirante de H., en particulier le fait que les autres devinent
sa pensée, ou plutôt ses mauvaises pensées, sa haine des autres, des
interrogateurs, médecins ou policiers. « C’est insupportable », « les
flics me sifflent dans les oreilles », « c’est très très fatigant », ce
qui pourrait expliquer son côté « lymphatique » reproché par sa femme.
Lacan lui demande : est ce que ce sont des enculés? , Non je ne pense
pas. Mais H. ajoute : j’ai beaucoup de mal, je fais des efforts , j’ai
du mal à me tirer de là .
(L'effort, le forçage de Lacan semble être de réinjecter par un c'est
vous qui le dites, ce qui se fait entendre du dehors, "si vous pensez
que les autres pensent que vous pensez....c'est que vous pensiez" Ce
subtil jeu de retournement et de changement de temps (c'était déjà là
en vous) mériterait à soi seul d'être déplié! )
Est ce qu’il peut échapper à ce grand autre jouisseur ?.
Lacan arrive à lui faire préciser que H. entendrait moins
d’hallucinations à l’intérieur de l’hôpital ou d’une institution. H.
décrit un moment délirant survenu 7 ans auparavant pendant lequel il
avait dû prendre le métro « qui passait à côté de moi en vitesse » pour
échapper à la voiture de ses
poursuivants. Pourquoi cette poursuite ? Il répond « j’avais la tête
douteuse », qui semble une autre locution néologisante.
(Où se trouve donc Mr.H dans le miroir, "je me préfère pas" qu'est-ce à
dire ; qu'est-ce qu'un miroir quand l'imaginaire est exclu? Encore une
fois, peut-il échapper à la jouissance de l'Autre?)
De quelle maladie il souffre ? Il répond : « c’est de mal penser, de
mal agir vis-à-vis d’autrui, de penser des mots injurieux ». Il
commente : « je n’ai jamais parlé, ce n’est jamais sorti de moi ». Il
dénie son rôle de dénonciateur, ainsi que le châtiment qu’il
s’applique.il révèle à Lacan un souvenir de l’hôpital. Quand une
infirmière très gentille s’est adressée à lui, il a pensé qu’elle le
traitait de fumier. Il reconnait être une espèce de « petit salopard
».et « ne pas s’aimer du tout quand il se regarde ». Son image
spéculaire ne serait elle pas d’être l’incarnation du déchet de sa mère
(le désir de cette autre qui insiste comme une lettre en instance,
comme désir mort ), le fumier ? il doit se salir pour s’humilier
davantage et faire consister une faute qui viendrait d’ailleurs ,
(celle de la femme ou de la mère qui cocufie , qui trompe).
H. se sent en danger dès qu’il est dehors en liberté. Mais l’est-il
vraiment en liberté comme le révèle son lapsus (prison-hôpital). Quand
Lacan lui dit que son éducateur l’a peut -être oublié et qu’il n’y a
pas eu d’interception de lettres par des flics, H reconnait s’être posé
la question : maintenant je suis libre et que j’ai ma maison, que je ne
suis pas sous les ponts. Alors, l’éducateur s’est peut-être dit :
maintenant il est sauvé, laissons le tomber, quoi… cette réflexion
vient elle révéler son désir de retrouver un imago paternel plus qu’un
statut social conforme ? Ne vient-elle pas révéler également un
scénario mortifère ? Chaque fois que son désir d’être considéré par
l’autre ou aimé de l’autre serait repéré, une jouissance d’autopunition
apparaitrait avec une pulsion de mort, de sabotage. S’il est sauvé, on
peut le laisser tomber ! On retrouve cette conduite d’auto sabotage
quand il relate l’idée de son épouse de le réhabiliter en témoignant
auprès d’un journaliste .il dit qu’il aurait laissé tomber il ya
longtemps .Il dit qu’il veut se laisser aller, qu’il n’a plus « envie
d’elle », formule ambigüe désignant sa femme ou la maison ? Sa femme
est considérée comme sa mère avec un clivage gentille/caractère
impossible. Ces formules « se laisser tomber », « se laisser aller »
interrogent sur un éventuel projet suicidaire dans une problématique
mélancolique.
Le signifiant "berceau", repris par Lacan dans la fin de l'entretien
apparait dans le compte rendu comme dire du patient, on pouvait
s'attendre à poussette plutôt pour avoir été retrouvée dans un square,
mais berceau (ou ber ) est aussi un terme de marine, pour supporter les
bâteaux, là où ils naissent et renaissent disent les armateurs. Les
dérivés que sont "enchaînés, forcés", feraient office d'émergence de sa
langue privé/une bévue? Mais ils dérivent, pour filer la métaphore
fluviale, d'un champs clos, fort clos, où rayonne du déchet , du
mouchard et du fumier jusqu'à perspirer ostensiblement.
Dans toute cette séquence, Lacan précise, découpe et ajoute des
signifiants là où ils se déduisent
Lacan devient plus incisif dans ses interventions en dialectisant une
coupure peut être dans un but possible de créer une liaison entre R.S
et I en formant un 4ème rond dont Joyce cité avant.
Lacan semble tenter par ses nomminations de faire émerger de l'Autre de
lui donner consistance par son travail de liaison.
L'acte d'abandon de la mère paraît faire déchet de lui et ne peut
l'incarner dans cette image, dans son historisation. Le départ dans la
marine est un élément qui a provoqué les pleurs de sa mère – une
répétion d'un désir mortifère en tout cas qui peut ouvrir à la question
de la mort possible / d'un désir de mort ? Et ouvre un questionnement
d’une réaction inconsciente?
Conclusion
Le déploiement de l’histoire de H peut-il faire penser à une histoire
œdipienne? Tout comme Oedipe, H a été abandonné, puis recueilli par des
grands parents. Il a erré jusqu’ à l’acte criminel, ce dernier
s’apparentant à un semblant de parricide sur un inconnu. Puis il se
marie avec une femme qu’il finit par considérer comme sa mère et qui
lui offre un berceau. Cette nouvelle vie ne lui convient pas. Y-a t’il
réactivation de fantasmes incestueux, identification à un objet de
déchet qui doit être jeté en l’absence de contrebalancement par une
nouvelle punition (errance, actes délictueux qui le mèneraient en
prison, castration).
Il y a une progression du ton qu'emploi Lacan et donc la posture qu'il
occupe dans le processus de la présentation en son entier. Procès en
trois temps, ce qui peut se dire de différentes façon : pour faire
apparaitre les coordonnées possibles d'un tour de pensée chez Lacan:
Soit on se réfère sauvagement aux temps logiques : voir, comprendre,
décider
Soit on tente de se rapprocher de trois nouages, ISR, puis SIR enfin
RSI en pensant à la fois au cheminement de Lacan,
d'abord l'imaginaire puis le symbolique et enfin le réel,
mais aussi au chemin qu'il trace pour la cure dans la conférence de
1953 du même nom "S,I et R" :
après s'être instauré comme personnage Symbolique,soit réaliser le
Symbolique (cf énoncé sur la vérité et "donnation" de la parole )
d'abord réaliser l'Imaginaire (toute la séquence 1 de la page 1 à 6)
puis ce retournement qui est symbolisation de l'image et élucidation du
symptôme par l'interprétation puis symboliser (reconnaissance par ses
semblables)Symboliser le Réel (là où Lacan fait évènement
cf:"dénonciation" "c'est tellement une mère que c'est aussi un berceau"
L'évènement dit Lacan dans les non-dupes errent, ne se produit que dans
l'ordre du symbolique, .../...il n'y a d'évènement que du dire...et il
fait limite à la portée de la vérité".
tout en n'oubliant pas que cette succession est illusion puisqu'elle
est dépendante de la mise à plat du noeud donc de celui qui lit la
structure.
On peut aussi avoir en tête une référence à la sophistique : art du
bien dire, qui se déploie dans trois registres :
L'éthos c'est le style qui capte et instaure la position, le caractère
de la rencontre (à nouveau l'énoncé sur la vérité) il me semble qu'on
peut l'assimiler à l'instant de voir, prise en compte globale des
élèments constitutifs.
Puis le pathos qu'il faut entendre comme " prendre avec", émotion et
sentiment, comme on dit qu'on a le sentiment de qqchose, sensorialité
archaique théorisée par Erwin Strauss avec la dimension du pathique,
caractèristique de la notion d'accueil de ce qui vient, de ce qui
émerge, à la surface des choses.
Puis le logos du côté de l'efficace du verbe, de l'argument, Lacan en
fait l'acte de son discours. D'une seule voix , Gorgias, Démocrite et
Lacan performent l'être à partir du dire : "l'être est un effet du
dire" ; cet effet suppose la hâte et le bon moment, ce que les grecs
savaient.
En faveur d'une parole opérante voir opératoire, pour dire quelquechose
à quelqu'un, c'est à dire une parole de communication , et contre cette
parole de bien dire, Aristote opérera une découpe violente qui ordonne
par le sens et la raison avec le principe de non-contradiction.
L'acte analytique vient faire objection à ce principe de non
contradiction, à cette "décision du sens" et réfute la réfutation
d'Aristote et la philosophie qui s'en suivra..... Freud en a ouvert la
voie avec la logique du rêve, du mot d'esprit, de la vie tout court,
quotidienne, là où "ça râte,ça rêve et ça rit".. "de manière articulé"
dit Lacan, mais pas là où ça pense.
La dernière séquence laisse penser que Lacan invente ou produit ce
qu'il est en train d'élaborer en son séminaire de la même année 1975
avec Joyce, à savoir une forme synthomale d'intervention en proposant à
monsieur H des signifiants qui sont les siens parfois mais réenchainés
ce qui les rend neufs et qui fait évènement.
Une métaphore liquide trame le texte de Mr.H : alors, "insubmersible?"
comment faut-il l'entendre? Comme une version marine de
l'indestructibilité du désir insu?
Face à ce qui revient, il croit dur comme fer, comme les fers. Mr.H n'a
pas la foi, on ne dira donc pas qu'il est sans foi ni loi. A la place,
il y croit, il y croit, croire pour l'occurence est une version réelle
de la foi, et peut-être de la loi ; il ne s'agit pas de se fier, mais,
sans y pouvoir, d'être l'obligé enchainé de son destin. Il aura été
ceci.
Rappel
Dans la psychose, ce qui est forclos du symbolique fait retour dans le
réel, le sujet est alors en proie à l'angoisse.
La jouissance hors sens fait émergence et peut trouver une issue dans
la construction d'un délire, d'un passage à l'acte.
Chez H. la rencontre avec le sexuel, la jouissance du corps sexué avec
la prostituée qui l'incite à une autre forme de jouissance sadique –
que la guerre et les actes de guerre ont pu éprouver par ailleurs ; et
le passage à l'acte criminel semble avoir un impact sur son psychisme,
entre des actes de guerre et des actes de crimes?
Il devient un criminel et décompense régulièrement lorsqu’un cadre réel
ne soutient plus son psychisme.
La construction délirante semble un éceuil secourable.
Pour lacan il n’y a pas de rapport sexuel, ce que refuserait le
psychotique qui chercher à faire exister ce rapport (schreber). La
rencontre avec l’autre sexe est angoissante. Le psychotique est l’objet
de l’Autre.
L’Autre peut alors le poursuivre sur un mode persécutif. Le sujet peut
trouver un sinthome pour adopter une position pacifiée- stabilisée dans
le lien social.
Différentielle
Traits obsessionnels sont observés avec une composante sadique anale ,
les injures comme compulsions à des idées obsédantes d'avoir tout dit
et à la honte d'avoir fait de la prison et dénoncé son complice. Il
peut s'investir dans une relation d'objet avec sa femme même si ça
reste fragile. une complusion à la répétition, des doutes ruminations
opposé à des certitudes d'être épié, écouté?
une psychopathie : un égocentrisme, une faiblesse des affects, mais un
délire construit ?
(M.H est à la recherche d'un nouveau berceau à la "chaleur clémente".
il est attaché à sa femme mais celle-ci risque de le faire exploser en
voulant le socialiser ou en voulant l'ériger en prisonnier modèle. il
ne se préfère pas ...et envisage de fuir. Une personnalité psychotique
est envisagée mais de quel type?)
la paranoïa avec les éléments persécutions qui se sont aggravés depuis
sa sortie de prison . mais il manque le caractère péremptoire et un
manque de certitude.
une construction de type paranoiaque developper sur un passé de
prisonnier, s'étayant sur une réalité concrète d'être surveiller,
regarder, contrôler, et le besoins de retrouver un cadre structuré,
limité, cadrant que propose le délire en maintenant de la contenance
par ses interprétations.
Mais manque de conviction délirante, délire par zone, tout n'est pas
continuité ?.
Une schizophrénie paranoïde peut s'envisager avec la tendance
autistique depuis l’enfance (" dans son coin"), certaines locutions
étranges comme la tête douteuse, ou être aux chaines, des moments
féconds. Ya t-il automatisme mental? On peut l'évoquer avec le
divinement de la pensée, la mentalisation autour de mots grossiers.
Mais H reconnait que la provenance de mots viennent de lui et non de
l’extérieur.
une approche mélancoliforme de son discours : deux T.A., un risque de
TA si sa femme le quitte. La question du déchêt : représenter un déchêt
pour sa mère. Ils vivaient en contiguïté dans des coins différents.
Elle l'a repris plus tardivement, elle lui a prodigué quelques soins et
ses pleurs.
Une tendance oligophrène qui rend difficile une appréhension de la
réalité et sa retranscription ou des capacités d'élaboration quasi
inexistantes, une instabilité, des déficits sensoriels, des carences
affectives importantes, des doutes, des confusions, des aproximations,
l’adoption de lalangue, une adhésivité, et le choix d’une posture
sinthomatique ?