Leçons Leçon 1
En introduction, après avoir rappelé l'importance du
désir dans l'élaboration freudienne, puisque celui-ci est en cause
aussi bien dans les formations de l'inconscient étudiées l'année
précédente: lapsus, actes manqués, mots d'esprit, rêves, que dans les
symptômes, et rappeler également que la libido, l'énergie donc du
désir, est présente dans toute l'œuvre freudienne, il en vient à
souligner comment la psychanalyse dite moderne, à son époque, occulte
cette dimension du désir au profit de celle d'un objet adéquat. ( Il y
a là quelque chose de tout à fait étonnant, c'était il y a 60 ans,
c'est bien cette conception d'un objet naturellement adéquat qui a
envahi, bien audelà de la psychanalyse, nos sociétés. Cf la
justification naturelle des homoseualités, des changements de genre,
voire de toute consommation). Il souligne comment cette recherche de
l'objet, "object seeking" est venue masquer, remplacer, la recherche du
plaisir, "pleasure seeking", qui met l'accent sur le sujet, sur son
désir. D'ailleurs le terme de désir aurait été affadi d'être remplacé
par "affects positifs" ou "négatifs". Or il s'agit bien de désir, y
compris dans le transfert, désir érotique ou agressif. Il lui faut donc
redonner sa pleine force et son plein emploi à ce terme de désir dans
le cadre analytique et en examiner les conséquences.g
Mais qu'est-ce que le désir? Pour la réponse on pourrait se tourner
vers les 2 domaines qui en parlent le plus: la poésie et la
philosophie. Pour la première, cela aura lieu plus tard, dans le
courant du séminaire. Il sera question d'Hamlet. pour la philosophie,
il y a des théories de l'hédonisme. Cet hédonisme, cette recherche du
bonheur par le plaisir éprouvé, ses conditions s'appellent une morale.
Un des plus célèbres, celle d'Aristote dans "L'éthique à Nicomaque",
présente ces désirs comme ce qu'il y a à dompter pour parvenir au
bonheur, celui de la tampérence, ni trop, ni top peu. Ces désirs
renvoyant à la bestialité dans l'homme, il s'agit de s'en rendre
maître. Morale de maître répète t-il dans son enseignement. Mais on
entend ici, que ce n'est pas le maître en opposition à l'esclave de la
cité grecque. Mais le maître de soi-même, de ses désirs qui s'opposent
au bonheur. À l'inverse Spinoza définit l'homme comme être de désirs,
défini comme désirant. Mais il n'en dit pas plus, et se tourne vers ce
bon vieux dictionnaire de philosophie, le "Lalande", dont la définition
se conclut par:" le désir, issu d'une tendance, est désir d'un acte ou
d'un état sans qu'il y ait nécessairement représentation de cette fin".
C'est à dire rien de particulièrement précis. On est, c'est ce qu'il me
semble indiquer, ramené à la tendance, c'est à dire à la pulsion. Il va
essayer d'articuler un peu plus les choses. Il rappelle ce qu'il
enseigne depuis le départ: l'homme est d'emblée pris dans le langage.
Et cela a des conséquences qu'il va expliciter par l'intermédiaire de
son graphes où s'illustre que la demande de l'être humain, porteuse de
son désir, ne peut se produire que dans certaines articulations.
1er schéma: Pour l'expliquer, et pour les suivants, je ne suivrai pas
Lacan à la lettre, ses explications sont un peu embrouillées, cela sera
confirmé à la leçon II.
Pour ce 1er schéma, je ne
suivrais pas Valas non plus, bien que son
illustration de la chasse soit parlante. Je partirai plutôt de ce que
c'est là le schéma de toute parole énoncé par un sujet. Si je veux dire
une phrase (M), cela suppose que préalablement à son énoncé,
intérieurement: a) quelque chose, une pulsion, (delta), même minimum
m'y ait poussé, b) que dans l'intentionnalité intérieure pour la dire,
j'ai une visée, (I), visée d'un idéal, même minimum, d'être par exemple
entendu, reconnu, dans mon dire. Pour cela je dois faire aussi le choix
préalable des mots dans le stock en ma possession (C). Ce stock, je le
tiens de l'Autre, trésor des signifiants, à l'origine la mère. Et donc,
enfin, disant ma phrase, mon message (M), portant ma demande, (D), je
l'adresse à l'Autre, en même place que le stock, (C), puisqu'il est le
garant du sens des mots que je prononce, que ce ne sont pas de simples
sons. Historiquement, c'est la mère à l'origine à cette place double.
Pour le second schéma, ce qui le
nécessite c'est l'introduction par
Lacan du désir de l'Autre, et qui produit le dédoublement de la ligne
M-C précédente. À savoir que le choix des mots dans le stock intérieur
va tenir compte aussi du désir de l'Autre, Ad, et qu'en conséquence le
message, (M), sera dans son énoncé composé des signifiants donnés par
l'Autre, le stock, S(A), mais aussi de, depuis l'Autre, s(A).
Le désir apparaît dans cet écart entre langage, énoncé, et parole,
énonciation. C'est cette parole en tant qu'il l'énoncé qui est l'être
du sujet. Le désir qui est donc dans cet intervalle, c'est d'abord sous
la forme du désir de l'Autre qu'il est appréhendé, et le désir du sujet
ne peut se situer ailleurs que dans cet espace. Espace repéré d'abord
chez l'Autre.
3ème schéma: Mais si le désir de
l'autre reste opaque, obscur, le sujet
est sans rcours, dans une détresse absolue. Il note la relation avec
l'aangoisse, mais n'en dit pas plus. Pour y parer le sujet aura recours
à la relation imaginaire du moi(m) à l'autre(i(a)), de la relation
spéculaire. Et par quel moyen? Par ce qui se met en jue dans cette
relation, à savoir le fantasme (S barré poinçon a). Le fantasme a donc
une fonction d'accomodation du désir. Il tente d'illustrer son propos,
mais je n'ai pas bien compris de quelle illustration il s'agissait. Il
s'agit d'humour anglais, rapporté par Ch Darwin. Un certain Sidney
Smith dit très placidement: "La vieille Lady Cork y a coupé". De quoi
est-ce l'illustration? Des schémas? Je ne crois pas? Il faudrait un
remontage bien complexe pour en faire une quelconque illustration. Plus
probablement des effets de langage: métonymie. "La mort l'a oubliée"..
Puis, il fait en final, une reprise. Dans les 2ème et 3ème schémas le
sujet sait parler et qu'il parle. C'est ce qu'il fait quand il appelle
l'Autre. Or c'est là le champ que Freud nomme l'inconscient, soit ce
qui met toujours le sujet à distance de son être, et que cet être ne le
rejoint jamais, et il ne peut atteindre son être, le sujet, que dans
cette métonymie de l'être dans le sujet qu'est le désir. Par ce qu'au
niveau où le sujet est entré dans la parole, et par là dans la relation
à l'Autre, comme lieu de la parole, adresse, un signifiant manque
toujours. Ce signifiant, c'est le signifiant délégué au rapport du
sujet avec le signifiant. C'est le phallus. Le désir est la métonymie
de l'être dans le sujet. Le phallus est la métonymie du sujet dans
l'être. Le phallus est l'élément signifiant soustrait à la chaîne de la
parole entant qu'elle engage tout rapport avec l'autre.
Même s'il a déjà commencé
l'élaboration de ce graphe
l'année précédente, même s'il faut faire attention à ne pas comprendre
trop facilement, même s'il va en poursuivre l'élaboration au londg de
l'année à venir, il semble que l'incompréhension de la majorité de ses
auditeurs demande un surplus d'explications concernant la dernière
leçon.
Il précise en premier, ce qu'il n'avait pas souligné précédemment, que
tous les trajets indiqués sur le graphe sont simultanés. Que ce soit ce
qui part de "delta", du ça, de la pulsion, de D, la demande, la
rencontre avec A, le lieu du code, ou le passage par s(A), origine du
message. Dans le premier étage du graphe, dans ce contexte de la
demande, le sujet et son intentionnalité sont de l'ordre du sujet de la
connaissance, le sujet hors de la parole, le sujet " en dehors du
sujet". Il n'en est pas moins soumis au langage. Ce qui se traduit par
la continuité de la ligne D-A. Les signifiants forment une chaîne, (
par exemple la phrase, le discours) articulés les uns aux autres. De
même la ligne s(A)-I qui est pleine à la différence de delta-s(A) don't
le pointillé est de l'émergence de la tendance et du passage par le
code, l'élément anticipant et rétroactif du langage. Si elle est pleine
c'est qu'elle résulte de l'identification à l'Autre de la demande en
tant que tout puissant. Et ceci pas seulement d'avoir le pouvoir de
combler le besoin mais d'être l'assise des premières inscriptions
symboliques. Par exemple les jeux d'occultation, où la mère est objet,
support, mais aussi support, page, témoin de l'insciption symbolique(
for-da, coucou-caché, etc).
Le second étage, le sujet y est autre chose que le sujet passant sous
les défilés du signifiant. c'est le sujet qui parle, c'est à dire qui
assume son acte de paroles. Ce serait donc le "Je". Mais pas le "Je"
comme shifter, désignation grammaticale dans la phrase. Qui peut à la
limite prendre valeur de style indirect.. dans une indifférence de
celui qui énonce. Mais un "Je", qui à la limite peut être absent de la
phrase, mais lui donne sa pleinitude: "Lève-toi et marche". "Tu es ma
femme".. Ce "je" qui opère dans l'acte de parler et qui se retrouve
sous forme inversée dans le "tu". Ceci, ce discours qui se formule au
second étage, est le discours de l'Autre, même si c'est le sujet qui le
tient comme un appel de l'être. Il contient un "soi", un "qu'il soit
fait", un "fiat", de ce que la tendance s'inscrit dans un vouloir et
produit l'érection d'un "je". Et le "Che vuoi?", qu'il ne dit plus
interrogation du désir de l'Autre, mais réponse de l'Autre à l'acte de
parler du sujet, se situe à cette place. "Que veux-tu?". "Que veux-tu
vraiment en parlant?" "Le sais-tu?". A cette question Freud répond:
non. Le sujet ne le sait pas. Ce que le second étage du graphe essaie
de montrer c'est que l'appel à l'être n'est pas ce qu'il a l'air. À ce
niveau, au niveau de l'acte de paroles, le code est donné par quelque
chose qui n'est pas comme dans la demande primitive par l'ensemble du
code comme neutre, mais par un certain rapport du sujet à cette
demande, en tant qu'il est marqué par ses avatars: formes orales,
anales, ou autres, tel que le choix des signifiants, les prémisses de
sa demande formulée, S barré poinçon D, c'est le sujet marqué par le,
les, signifiants, c'est à dire ce choix, marqué par les avatars, par où
est le discours véritable, le discours de l'être à ce niveau.
Quel message le sujet reçoit en retour? Ce ne peut être qu'un
signifiant, un signifiant de l'autre puisque c'est là que la question
est posée. Mais, et c'est Freud qui le dit, le sujet au niveau de
l'inconscient ne sait pas avec quoi il parle, les avatars, il faut le
lui révéler. Il ne sait pas non plus quelle réponse lui est faite
réellement au niveau du discours de l'être. Cette réponse ne peut être,
déjà dit, qu'un signifiant. Et plus précisément le signifiant désignant
le rapport du sujet au signifiant. A savoir le phallus. Et comme c'est
la seule réponse possible, ce serait, selon Lacan, la raison pour
laquelle il ne peut y avoir de réponse, car sans cela ce serait
l'anéantissement du sujet (? Toute puissance de l'Autre?)
Alors qu'en est-il du désir? Il le situe en d, où descendrait le sujet,
s'exprimant en s(A). De façon homologue existe la ligne m-i(a), l'image
de l'autre, du semblable.
Il va ensuite distinguer le désir du souhait tel que Freud en parle
dans "La science des rêves". Freud semble y dire que le désir du rêve,
le souhait, n'est pas toujours sexuel, cf le rêve de l'injection à
Irma, même s'il n'en est pas absent. Mais alors qu'est-ce que le désir?
Les déclarations poétiques et galantes d'un homme à une femme peuvent
assez bien se simplifier en un "Je veux coucher avec vous". Mais une
telle réduction comporte t-elle le tout du désir? Il ne semble pas, car
dans ce désir se cristallisent tous les éléments du désir de cet homme,
y compris ceux qu'il ignore. Autrement dit la formule devrait plutôt
être: "Je vous désire parce que vous êtes l'objet de mon désir". Et on
entend avec l'introduction de l'objet la proximité avec la structure du
fantasme. "Je vous désire", c'est à dire: "Je vous implique dans mon
fantasme fondamental".
C'est avec le fantasme qu'il poursuivra. Mais pour finir, il indique
que le circuit pointillé du second étage est le lieu où tournent les
élémenst refoulés, qui ne sont jamais que des signifiants, ( donc
obéissant à des combinatoires, mais pas forcément langagiers). Et puis
il y a un autre circuit, il évoque un petit palier, mais qu'il n'a pas
montré ni désigné, semble t-il concernant le moi ( 1er étage?), mais il
évoque aussi le surmoi? ( où, comment,le situe t-il?)
Nb: ses explications ne sont pas non plus très claires, au point que
les rédacteurs de la version ALI semblent avoir bien du mal à établir
les schémas correspondant à ces explications, et la version de Valas
préfère ne pas s'y engager à répéter toujours le même au long de la
leçon.
Leçon 3
Lacan va passer par le rêve pour aborder le désir.
Pour Lacan, c'est sur la structure du désir et de la demande et non sur
le sens que l'analyste a à intervenir. Le point autour duquel Lacan
fait tourner la distinction entre demande et désir est le rapport au
signifiant.
La demande : ce qui caractérise la demande, c'est au-delà d'un rapport
de sujet à sujet, c'est un rapport de signifiants c’est-à-dire qu'il se
soutient de l'intermédiaire du langage.
Le désir : il est le fondement du rêve et il est double :
Ce désir est hors réalité
Le désir est désir de mort. C'est par l'intermédiaire du désir de
mort que le désir se satisfait. Je me suis demandée si, à cette
occasion, il faisait référence à la pulsion de mort du côté du forçage
de la pulsion à l’apaisement. Un désir étant ce en quoi le WUNSCH se
satisfait c’est-à-dire que le sujet est hors-jeu. Il n'est pas
concerné. Ce qui est concerné, c’est l’inconscient.
Ça ne se contente que de l’apparence, que d’une satisfaction
hallucinatoire. Ce n’est pas dans le réel. Ça ne repose que sur une
expérience de ressenti.
Lacan se pose la question de savoir qui est le sujet de ce désir.
Ce sujet, Lacan le met entre parenthèse dans le sens où ce ne serait
pas lui « l'acteur, l'agent ». C'est le WUNSCH qui se satisfait ». Il
se satisfait de l’être-qui-se-satisfait (du corps c'est-à-dire
l'organisme passé au langage)
Dans le rêve, il n'y a qu'une satisfaction d'ordre verbale, une
satisfaction de signifiants.
Et le symptôme alors ? Serait-il un autre registre de la satisfaction
du désir mais chez un sujet en "veille ".
Lacan va utiliser l’histoire de la psychologie et notamment de la
psychologie associationniste (théorie de la psychologie à ses début)
pour faire valoir l’importance de 2 opérations majeures dans le langage
: la métaphore et la métonymie. La règle fondamentale de l’association
libre de la cure analytique se retrouve dans le mode d’accès au savoir
et au réel de la psychologie associationniste.
Lacan précise que c’est par les rapports de contiguïté que se structure
cette psychologie. Cette association par contiguïté, Lacan l’appelle
une rencontre. D’un hasard, une rencontre naît aux détours des
associations libres d’un individu. Le hasard devient un récit.
L'associationnisme survit notamment dans la psychanalyse où le principe
de l'association libre fut coexistent de l'exploration de
l'inconscient. Ce principe suffirait à montrer que, dans le champ du
sujet, règne le signifiant.
Lacan nous rappelle que la théorie associationniste prend sa source
dans les rapports de contiguïté de signifiants dont les combinaisons
fondent la métonymie. Il distingue deux types de contiguïté.
Pour Lacan c'est un rapport de similitude qui somme tout n'est toujours
qu'un rapport de signifiants.
Tout ceci pour dire qu'il existe un autre rapport possible entre les
signifiants que le rapport métonymique : le rapport métaphorique. Cet
effet de métaphore est un effet de substitution de signifiant et non de
contiguïté comme dans la métonymie.
p.57 Lacan utilise l'exemple de la métaphore de la cerise et des lèvres
pour avancer sur le champ de la constitution du désir et du fantasme
dans le rapport au récit, aux signifiants induits substitués dans la
chaine concernant la lèvre et la cerise. C'est dans la suspension du
récit que le fantasme et le désir se constituent.
Lacan nous rappelle que la psychologie s'est fourvoyée en pensant que
l'Inconscient était un lieu des profondeurs, fondé de tensions,
pulsions, accessible uniquement par un chemin partant du conscient pour
aller vers l'Inconscient (en utilisant l'association).
Pour Lacan c'est une erreur. C'est une erreur dans le sens où la
pulsion en tant que telle ne peut être accessible. Elle ne peut l'être
que par le représentant de la représentation de la pulsion c'est-à-dire
le signifiant. Lacan s'appuie sur le texte de Freud l'Inconscient dans
sa 3ème partie pour avancer cela.
Dans le même temps, il remet à leur place ceux qui lui reprochent une
théorie intellectualiste puisqu’il va leur démontrer que la théorie des
signifiants est une théorie de la pulsion c’est-à-dire que la pulsion
ne peut être accessible que par les signifiants.
Page 81 : une pulsion ne peut jamais devenir objet de la conscience,
seule la représentation qui la représente peut devenir consciente.
Si la pulsion n'était pas attachée à une représentation ou
n'apparaissait pas sous une forme d'état d'affect, nous ne pourrions
rien savoir d'elle.
Le texte de Freud montre que ce qui est refoulé ce n'est pas la pulsion
(comme le pense la psychologie) mais le représentant de la
représentation autrement dit le signifiant.
Selon Lacan, la pulsion est un fragment isolé de réalité que nous
concevons comme ayant une incidence propre. Il parle de fait objectif
c’est-à-dire quelque chose de vécu, des sensations, des émotions.
Justement, ces émotions, ses sentiments, ces affects, Freud nous dit
qu'elles ne peuvent être inconscients en tant que tel. C'est par
l'entremise du représentant de la représentation de ces affects (...)
qu'ils peuvent subir l'opération du refoulement ou de la levée du
refoulement.
Lacan s'interroge sur le devenir de l'affect une fois désolidarisé de
la représentation refoulée et de la représentation substituée.
Il va suivre le texte de Freud en notant que l’affect ne peut pas être
inconscient. L’affect qui se trouve dans le discours du patient est la
transformation de quelque chose d’autre qui n’est pas un autre affect
qui serait dans l’inconscient.
Comment comprendre qu’un affect dont les signifiants inconscients se
présentent d’une certaine manière se présente sous une autre forme au
niveau du préconscient ?
Il y aurait un aspect quantitatif dans l’affect. Il y aurait des traces
de souvenirs dans les signifiants et procès de décharges dans l’affect
(perçus comme des sensations).
Une fois l’affect libre, désolidarisé, plusieurs possibilités :
1) Il reste tel quel en partie ou en totalité.
2) Il va aller annexer une zone corporelle, une pensée ou un objet. Ce
système va permettre la libération de l’affect tout en protégeant le
moi.
3) Il se transforme en angoisse.
4) Il est supprimé.
Je n’ai pas retrouvé tout à fait les mêmes éléments à ce sujet dans le
texte de Freud. Il me semble que les points 2 et 3 vont ensemble.
Lacan a pris ce détour pour aborder le désir dans le rêve où se
retrouvent les signifiants substitués porteur de la formulation du
désir.
Il va reprendre le rêve intitulé « il ne savait pas qu’il était mort
»(p62) que Freud classe dans les rêves absurdes.. L’essentiel de
l’analyse du rêve se fonde sur le récit du rêve en tant qu’il est
articulé.
3 clausules majeures dans le rêve :il est mort, il ne le savait pas et
selon son vœu.
Lacan indique que nous pourrions analyser ce rêve comme étant la trace
transformée du désir infantile de mort du père. Mais si c’était le cas,
nous devrions considérer une adjonction de signifiants et donc une
soustraction (au sens du refoulement) d’un autre puisqu’il devrait y
avoir refoulement du signifiant du désir de mort et apparition d’un
autre signifiant. Dans ce cas, nous n’avons pas d’apparition d’un autre
signifiant. Sauf que la pure et simple restitution de ce désir de mort
du père ne donne rien.
Cela ne donne rien car le désir de mort du père ne relève pas vraiment
de l’inconscient car c’est un désir relativement entendable et présent
dans les derniers moments de vie du défunt (on désire la mort de la
personne en fin de vie pour abréger ses souffrances).
Ce qui, selon Lacan, est essentiel, c’est la clausule, « selon son vœu
», qui est substitué ( ?) à « il ne savait pas qu’il était mort ». Mais
de quel vœu s’agit-il ? du vœu de mort du fils, du vœu de ne pas savoir
ce désir ou de ne pas savoir la mort du père ou de ne pas savoir que
son père aurait pu se douter de ce désir.
C’est au niveau de ce vœu que la soustraction est en jeu. L’élision des
deux clausules ( le père était mort, selon son vœu ; le père ne savait
pas que c’était selon le vœu de son fils) marque un effet de métaphore.
Il n’y a pas vraiment de substitution mais une élision. (en quoi c’est
une métaphore car la substitution ne se fait pas) Cette clausule est
soustraite mais forcément rejetée par la conscience.
Le blanc est le substitut de la métaphore. Ce n’est pas un signifiant
mais un blanc, un manque de mot qui prend la place et donne la fonction
de métaphore.
Cette élision, est-ce du même ordre que le Refoulement ?
Dans cette métaphore, un nouveau sens, énigmatique, surgit. Il
questionne le lien entre cette métaphore et la structure du fantasme et
différencie le fantasme de rêve du fantasme éveillé. Ce nouveau sens
serait en lien avec la mort comme ce qui ne pourrait pas s’inscrire,
qui ne pourrait pas se savoir. Il n’y aurait aucun savoir possible sur
la mort.
Le rêve comme formulation du savoir impossible sur la mort.
Question du demi-mort dans la clinique de ces patients somatiques qui
me semble être du côté du « trompe-la-mort ».
Pour avancer dans son cheminement, Lacan aborde deux positions
possibles face à la mort : la verneinung mais aussi la verwerfung avec
comme conséquence des effets d’intrusion.
Lacan termine sur les rapports du sujet au désir en lien avec le père,
le fils et la mort.
Dans le jeu des signifiants, pour que ça se répète, il faut un autre
désir.
C’est dans la présentation des signifiants du rêve qu’il y a qq chose,
une bizarrerie.
Ce qui est refoulé c’est le désir infantile de mort du père par rapport
au désir adulte de mort du père comme désir de soulagement de celui qui
souffre.
Le désir de mort infantile est impossible à significantiser.
Question de la censure dans « il ne savait pas ».
Rêve apparaît pour permettre au sujet de continuer à dormir :
rêve=désir de dormir
Demi-mort : dimension régressive, un désir qui a du mal à se tenir,
compulsion de répétition
Obsessionnel : mort-vivant.
Autre interprétation du rêve : peut-être trouvait-il que son père était
un être pas très vivant dans la vie.
Leçon 4
Lacan reprend le rêve de la leçon précédente pour articuler ce
qu’est le désir du rêve et le sens de ce qu’est une interprétation .
Pour cela il va s’appuyer sur La Science des rêves de Freud . Il
commence en nous rappelant que tout ce qui regarde l’inconscient ,
s’oublie , les histoires drôles.. le trait d’esprit échappe à
l’inconscient .
Avant d’articuler le rêve au graphe , quelques remarques :
Il
s’agit de savoir si un rêve nous intéresse au sens où il intéresse
Freud : au sens de la réalisation d’un désir. Ici le désir, et son
interprétation est d’abord le désir dans sa fonction dans le rêve : en
tant que le rêve est sa réalisation .
- Il commence par un autre rêve , un rêve premier correspondant à un
rêve d’enfants , celui d’Anna Freud .
Premier état du désir dans le rêve ; Chez l’enfant le désir irait tout
droit à ce qu’il désire .
Anna
qui avait été malade du fait d’avoir trop mangé de fraises selon sa
nurse ,fait le rêve suivant où elle se nomme et énumère les deux
variétés de fraise et les plats qu’elle désire . Comme une prise de
possession en son nom et une façon de prendre sa revanche par rapport
aux dires de la nurse .
- Référence aussi faite par Ferenczi en référence au proverbe :
« Le cochon rêve de glands , l’oie rêve de maïs « repris aussi par
Freud .
Parenthèse sur un problème essentiel :La différence de la directive du
plaisir et de la directive du désir.
Revenons
à Freud et à son intuition géniale concernant la distinction du
processus primaire comme séparé du processus secondaire .. Le processus
primaire signifie la présence du désir mais pas de n’importe lequel :
du désir là où il se présente comme le plus morcelé .
Le processus
primaire quand il est seul en jeu aboutit à l’hallucination : il y a
une voie afférente et afférence de quelque chose qui s’appelle
sensation (faim) ; voie efférente et efférence de quelque chose qui
s’appelle motilité( être en mouvement , afflux d’excitations) .Il se
passe donc un mouvement régressif car l’issue vers la motilité
d’excitation est barrée pour une raison quelconque et apparaît une
représentation , qui se trouve donner à l’excitation une satisfaction
hallucinatoire (sein)
Pourquoi parle t-on de régression topique ?
Le résultat du processus primaire est comme un circuit à fin
homéostatique où une lampe s’allume pour indiquer une tension .
Ceci
ne répond nullement au principe du besoin car aucun besoin n’est
satisfait par une hallucination .Le besoin exige pour être satisfait
l’intervention des processus secondaires, soumis au principe de réalité
.
Le processus primaire ne vise pas la recherche d’ un objet
nouveau , mais d’un objet à retrouver par la voie d’une représentation
vorstellung qui avait été un premier frayage face à cette lampe du
circuit du principe de plaisir .
Le rêve d’Anna nous est
donné pour le rêve de la nudité du désir mais on ne peut mettre de côté
que le rêve est toujours rapporté par celui qui l’a fait. L’écriture
que constitue le résidu du rêve se rapporte à une expérience dont le
sujet nous rend compte . Ne pas oublier qu’un récit parlé est autre
chose que l’expérience vécue .
Un élément supplémentaire par rapport
à ce rêve , c’est qu’il est articulé par Anna au moment où elle le
fait. Le signifiant se présente par une série de nominations
constituant une séquence dont le choix n’est pas indifférent .
Ce
choix ,nous dit Freud, est tout ce qui lui a été interdit / inter-dit/
.face à sa demande on lui a dit » non ! il ne fallait pas en prendre ! »
Le
désir imputé au cochon relève de la satisfaction du besoin
contrairement à Anna où il s’ agit de son désir parce que ça s’articule
autour de signifiant puisqu’elle parle à haute voix pendant la nuit .
Donc Anna ,à 18 mois, elle s’annonce et fait sa série .
Cela
nous introduit à la topologie du refoulement avec l’idée d’un autre
lieu qui est à chercher dans la structure du signifiant lui-même dès
que le sujet s’y engage
Donc au niveau du rêve d’Anna comment les choses se présentent-elles ?
Quelle serait la distinction entre Rêve d’enfant et rêve d’adulte ?
Où se situe la chaine des nominations qui constitue le rêve ? Sur la
chaine supérieure ou inférieure du graphe ?
Le pointille met l’accent sur l’élément de discontinuité du signifiant
(ligne sup)
La
chaine inférieure au niveau de la demande il s’agit d’une interjection
qui donc se suffit à elle-même comme exemple « Du pain » « avec une
valeur pressante et exigeante . Là tout le poids du message porte sur
l’émetteur. Ce cri constitue l’émetteur ; il n’a pas besoin de
s’annoncer .
Or le sujet humain quand il opère avec le langage, se
compte .C’est l’exemple de Binet « j’ai 3 frères Paul, Ernest et moi «
.on y voit l’implication du sujet dans l’acte de parole . Mais il faut
qu’un pas soit franchi pour que se réalise la distinction entre le je
de l’énoncé et le je de l’énonciation .
Première ligne : procès de l’énoncé ;
Deuxième
ligne : procès de l’énonciation avec la reprise du rêve précédent « il
est mort » ;Au passage pour le dire il faut déjà un être supporté par
la parole.
Nous allons retrouver ces deux lignes à chaque fois qu’il
y a acte de langage avec toujours une de discontinue et l’autre pleine
, mais cela peut varier .
Alors se pose la question de où se situe l’articulation d’Anna Freud ?
A
18 mois , elle a bien compris que sa nourrice va lui poser problème et
la réalité de son rêve va s’articuler avec la série des nominations
,des signifiants qui vont s’empiler , se substituer.
Ainsi apparaît la réalité de la satisfaction en tant qu’interdite .
Revenons au rêve d’adulte ; ce qui est présent est de l’ordre de la
censure .
Ce
à quoi l’enfant avait affaire c’était l’interdit au « dit que non » .
Ceci suppose que le sujet s’aperçoive que le « dit que non » s’il est
dit et même si il n’est pas exécuté, reste dit . Delà le fait de ne pas
le dire est distinct « d’obéir » à « ne pas le faire « ,autrement dit
que la vérité du désir est à elle seule une offense à l’autorité de la
loi .
Alors l’issue est de censurer cette vérité du désir . c’est
le procès de l’énonciation qui est donc visé. Mais avec un impact sur
le procès de l’énoncé .
Le sujet, du fait d’articuler sa demande,
est pris dans un discours dont il ne peut faire qu’il n’y soit lui-même
bâti en tant qu’agent de l’énonciation – ce pourquoi il ne peut y
renoncer sans cet énoncé, car c’est s’effacer alors tout à fait comme
sujet, sachant ce dont il s’agit .
Lorsque Le refoulement
s’introduit, il est lié à l’apparition nécessaire que le sujet s’efface
et disparaisse au niveau du procès de l’énonciation .
Comment le sujet accède-t-il à cette possibilité ?
D’abord
toute parole part de ce point de croisement qui est A c ‘est à dire que
toute parole en tant que le sujet y est impliqué , est discours de
l’Autre . C’est d’ailleurs pour cela que le jeune enfant pense que ses
pensées sont connues par ses parents .
La pensée participe de
cette dimension du non-dit par la distinction du procès de
l’énonciation et du procès de l’énoncé . Ce non-dit subsiste au niveau
du procès de l’énonciation, en tant que discours de l’Autre .
L’enfant est pris dans le jeu de ces deux lignes pendant tout un temps.
Que faut il pour que se produise le refoulement ?
L’enfant va découvrir que ses parents ne savent pas ses pensées
Par
le non-dit Freud fait intervenir la dénégation qu’il nomme primitive
;mais le « il ne sait pas « comme dans le rêve aussi est l’étape
suivante .
Lacan nous dit que c’est par l’intermédiaire de ce « il
ne sait pas « que l’Autre, qui est le lieu de ma parole, est le gite de
mes pensées et que peut s’introduire l’inconscient dans lequel va
entrer pour le sujet le contenu du refoulement . C’est à l’exemple de
cet Autre que le sujet procède pour qu’en lui s’inaugure le processus
du refoulé .
Si les adultes ne savent pas , c’est qu’ils sont passés
par les aventures du refoulement , mais cela le sujet au départ ne le
sait pas. Alors pour les imiter pour qu’un sujet s’efface lui même
comme sujet, il faut en passer par la voie du signifiant .
En
fait le refoulement se présente comme quelque chose portant sur le
signifiant (ref aux clausules) . Mais pas tous les signifiants …car ils
ne sont pas tous refoulables, fragiles ;
Alors sur quelle sorte de signifiants va porter cette opération du
refoulement ?
Cela va nous amener à parler du désir du rêve et du désir tout court .
Vidéo du 7 Décembre 2020 consacré aux leçons 5 et 6
Leçon 5
Leçon 6
Leçon 7
Il énonce comme essentielle la distinction entre désir et demande.
C’est ce qu’il va développer au long de cette leçon. Il commence par
distinguer ce qui serait du ressort de la frustration, ce que certains
dénomment « névrose de dépendance », comme explication du symptôme, de
ce que dans la genèse de l’individu une frustration imaginaire ait
produit une privation réelle ; ce qu’on peut entendre du côté de la
demande. Ce qui peut avoir des effets réels mais qui reste à distance
du symptôme véritablement et de la dialectique du désir, car ce n’est
pas seulement d’impressions laissées par le réel (celui de la privation
occasionnée par la frustration) mais du point où se nouent imaginaire
réel et le sens symbolique. Dans le fantasme, situé entre les deux
plans de l’énoncé et de l’énonciation, qui est aussi le plan du désir,
cet entre-deux. De ce plan partiraient les phénomènes métaphoriques, et
tels que les signifiants refoulés puissent venir se métaphoriser en un
« signifiant » constituant le symptôme.
C’est l’illustration donnée par le rêve du « père mort ». (Le graphe
est ici inversé. Le « il ne savait pas » est sur la ligne du haut, « il
était mort » sur la ligne du bas, est-ce là la représentation par le
rêveur, et la 1ère fois par le père ?). Le désir, c’est qu’à l’arrière
fond de toute demande, y compris de satisfaction, du fait du langage et
de la symbolisation de l’Autre, dans son alternance en présence et
absence, celui-ci est celui qui, par sa seule présence, fait don
d’amour au-delà de ce qu’il peut donner. Donc le père apparait vivant
comme il l’était. Face à lui le fils, dans la douleur, d’autant plus
que le père lui parlant comme à l’ordinaire lui montre qu’il ne sait
pas qu’il était mort. Freud, dit Lacan, ajoute en explication du rêve «
selon son vœu ». Dans l’article cité, ce souhait, c’est d’abord face
aux douleurs du père pour qu’elles cessent. Ceci réveillant un souhait
de mort œdipien, refoulé, et produisant ce paradoxe du rêve : « il ne
savait pas ». « Il ne savait pas » ce souhait de mort du fils. Lacan
développe : « il ne savait pas », ligne du haut, référence à la
structure profonde du sujet, attribuable non seulement au père mais
aussi au sujet lui-même qui participe de cette ignorance. Tout d’abord
en ne le démentant pas, dans le rêve. Et aussi de ce que l’énoncer
symboliquement : « il était mort », le conserve, l’immortalise. Et
aussi de ne pas le démentir, de préserver son ignorance, c’est dit,
Lacan, ce qui se trouve à la racine de toute communication entre les
êtres, la réserve de ce qu’on ne peut pas leur dire, leur faire savoir.
Il en donne un autre exemple issu d’un rêve de Trotski où se sentant
vieillissant il rêve de son compagnon Lénine, déjà mort, et où il dit à
celui-ci, plutôt que d’évoquer sa mort, « le moment où tu étais très,
très malade ». Cette ignorance est aussi celle du sujet lui-même,
concernant non seulement la signification de son rêve, mais aussi la
nature de sa douleur. Douleur entre vue dans la douleur du père.
Douleur où la vie persiste malgré tout, malgré la souffrance alors que
tout désir a disparu. C’est cette douleur que le sujet assume, mais
présentée absurdement par l’ignorance de l’autre, (comment en
arrive-t-il là ?), dans une apparence pas plus motivée que la crise
d’hystérie ne l’est de son contexte. (Il peut y avoir un point
déclencheur, mais ce n’est pas le fond). Cette douleur que le sujet
prend sur lui, c’est quelque chose qui le menace et qui l’a vécu, et
dont il a besoin de se séparer, de se distancier, c’est le vertige du
dernier terme de son existence, et cette distanciation se fait à l’aide
d’un désir. Ce désir serait celui qui l’a porté et qui maintenant l’a
abattu, c’est le désir de rivalité avec le père, qui se maintient
encore dans le « il ne sait pas » alors que lui sait. C’est par là
qu’il n’est pas envahi par la béance qui s’ouvre, l’angoisse de mort,
provoquée par la mort du père, la disparition de ce qu’il était le
bouclier, face à la mort, en tant que le père est le substitut de
l’Autre absolu, la mort.
De façon plus générale. Le rapport intersubjectif où le désir doit
s'inscrire, c'est celui S-A dans le schéma L en tant qu'il est perturbé
par la ligne a-a', la ligne imaginaire, c'est celui aussi bien de S
barré avec les fonctions imaginaires, c'est à dire la formule du
fantasme. Plus précisément le sujet pris dans la parole en tant que
demandeur ne peut approcher l'objet de son désir qu'à se subsumer sous
un signifiant, le phallus. Impasse pour le sujet puisque s'y perdant
comme tel de n'être plus que ce qui est représenté. Ceci renvoie à la
castration et sa dimension imaginaire. On sait les difficultés des
analystes avec ce que Freud a nommé la phase phallique, cf les
divergences Freud, Jones. Lacan revient sur la distinction de la
demande et du désir. Repartant du niveau du besoin : "Au secours !",
"du pain!", "du lait!", où le sujet se confond avec son besoin. Ce
besoin se trouve, à être articulé dans le langage, transmuté en
demande, et cela d'emblée. Car même si l'enfant ne parle pas, la mère
ne lui suppose pas seulement un besoin mais aussi une demande. Le
désir, et toute la vie du sujet il en sera ainsi, sera au-delà, au-delà
de toute forme de langage, qui renvoie à la demande, malgré et avec
tout le développement qu'il aura au long de la vie du sujet. Cette
tentative de joindre cet au-delà, c'est ce sur quoi nous nous centrons
dans l'analyse. Au niveau de la demande, cette fois, elle s'articule
dans le code prédéterminé au sujet qui est en A. (C'est avec les
signifiants donnés et compris par la mère, signifiants au sens large).
C'est cela que nous traduisons quand nous parlons d'un sujet au stade
oral, au stade anal, etc. A savoir la structure de sa demande en tant
qu'elle permettrait de percevoir le niveau du désir, son au-delà. Par
contre à se centrer sur le contenu de la demande, c'est risquer
l'effacement du sujet, c'est risquer de réduire son désir à sa demande.
Dans la relation du sujet à l'Autre, la réponse se fait
rétroactivement, dans la demande : pour l'identifier à son émetteur
S(A), dans le désir ce serait à la place S (A barré), à savoir le
rappel que l'autre aussi est marqué par le signifiant, c'est à dire la
reconnaissance qu'a de châtré tout ce qui de l'être vivant tente de
s'approcher de l'être vivant tel qu'il est évoqué dans le langage. (Du
fait même du langage, refoulement originaire). Nous avons à explorer
dans l'analyse ce qui s'exprime au-delà de ce lieu de réponse et qui se
manifeste dans la situation imaginaire où le sujet se pose, se dépose,
c'est à dire le fantasme, et non à répondre en ce lieu S (A barré).
C'est dans cet imaginaire que le sujet se pose, qui est le point
essentiel où l'être du sujet tente de s'affirmer. Ceci est d'autant
plus important que c'est là que doit se produire l'objet achevé de la
maturation génitale, (les fantasmes adolescents ? et pas seulement).
C'est à dire ce qui constitue les rapports de l'homme et de la femme
avec les difficultés structurelles liées à cette relation (S barré) *
a. Il s'en explique : jusqu'à un certain moment du développement, la
demande peut dans son vocabulaire, son modèle langagier, passer par le
modèle de relations comportant un objet amovible, la nourriture pour
les relations orales, les excréments pour les relations anales. Quand
il s'agit du rapport génital, par une sorte d'emprunt, de prolongation
de ce morcellement signifiant du sujet dans son rapport à la demande,
apparaît quelque chose, de façon verbale, mais avec des incidences
symptomatiques, le phallus. Pour une raison simple, c'est que le
phallus n'est pas un objet amovible, il ne le devient que par son
passage au rang de signifiant. Mais alors, dans une maturation génitale
complète, ce qui se présente au sujet comme l'achèvement de son désir
est quelque chose qui ne peut pas se demander, (c'est un signifiant pas
un objet). Et le névrosé se caractérise de ce que ce qui est de l'ordre
du désir s'inscrit, se formule dans le registre de la demande. Il cite
un exemple de Jones, d'impuissance masculine, qui rappelle aussi bien
Freud, dans "les rabaissements de la vie amoureuse". La position du
sujet qui se situe entre demande et désir. demande qui se réfère à la
position incestueuse inconsciente, qui a des conséquences plus ou moins
ravageantes sur le désir. Cette position incestueuse c'est justement
celle de la demande. Et le sujet à en quelque sorte à choisir entre son
objet incestueux et son sexe. Entre sa demande et son désir.
Comment cette structuration du désir et de la demande se manifeste dans
l'imaginaire, dans le fantasme. Il prend l'exemple de "On bat un
enfant". Freud qui rapporte ce fantasme, s'interroge longuement dessus,
car il apparaît mystérieux: rapporté par plusieurs femmes dont as
faille, il s'accompagne de plaisir masturbatoire que son apparence
anonyme ne paraît pas justifier. "On", n'importe qui, voire flou, bat,
un enfant, n'importe lequel, garçon, fille, petit, grand. Par
associations, investigations, il apparaît qu'au départ, l'origine du
fantasme: "Le père bat l'enfant que je hais", le rival, frère ou soeur.
Lacan ajoute que, par là, est visée, souhaitée la destitution
subjective, l'atteinte narcissique du rival, sa privation d'amour, (se
rappeler: de l'amour de l'autre dans l'au-delà de la demande). Mais
comment passer de cette formulation première à la formulation finale:
"On bat un enfant"? Freud fait alors l'hypothèse d'une phase
intermédiaire, jamais réévoquée, toujours inconsciente et le restant,
et qui serait: "je suis battu(e) par le père" et s'accompagnant d'un
très grand plaisir. Plaisir qui est l'énigme recherchée. Et qui renvoie
au masochisme primordial, selon Lacan, à savoir qu'ayant vu l'autre
enfant mis à mal dans sa dignité de sujet, il a perçu, dans cette
possibilité d'annulation subjective, qu'en frôlant cette annulation, il
peut mesurer la dimension, (éprouver la sensation), dans laquelle il
subsiste comme être désirant. Lacan rappelle à la suite comment cela
s'illustre dans le paradoxe du masochisme. (Masoch: le contrat par
lequel il sera traité comme un objet, mais ayant écrit le contrat.) Ce
serait le point de transformation, cet éprouvé masochiste, le pivot, le
produit de ce S barré où le sujet a à entrer en tant qu'étant dans la
dialectique de la parole. Après une digression il poursuit : "On" est
anonyme, "un enfant" est indéfini. Mais comme dans le rêve où la
douleur était l'affect accentué, on peut s'interroger sur lequel est-ce
ici. C'est le sadisme. Le sadisme en tant que celui-ci est plus
particulièrement centré sur l'image fantasmée du partenaire dans
l'angoisse de ce qui va lui arriver. Mais le sujet lui se situe entre
les deux, entre battant et battu, qui est aussi la place de
l'instrument, le bâton, le fouet, qui est souvent le personnage
essentiel, par exemple du rite sadomasochiste. Et en somme de façon
illustrante, il figure ce signifiant sous lequel le sujet vient à
s'abolir en tant qu'il se saisit dans son être essentiel, à savoir son
désir. Et c'est toujours à ce carrefour qu'on est amené par la question
de la problématique sexuelle. Ainsi à propos de la phase phallique chez
la femme telle que Jones l'aborde, autour de la haine de la mère et du
désir du phallus à partir duquel il définit le "Penisneid". Ce désir du
phallus, dit Lacan, c'est le désir médiatisé par le phallus, c'est le
rôle du phallus dans la médiatisation du désir. Comment alors va être
soutenu ce rapport du signifiant phallus dans l'imaginaire structuré
par les formes narcissiques qui règlent les relations au semblable ?
C'est à dire entre S barré et a ? Ce a, cet autre à qui le sujet parle,
y compris en lui-même. Cet autre spéculaire, aussi bien repaire à
situer ses besoins que premier support de l'identification,
identification aux insignes de l'autre, I/a. Il fait ici un rappel de
son schéma optique : le sujet à se tenir à la place de l'autre, de
l'autre côté du miroir, verra et l'image réelle et le vase. Ainsi ce
montage optique peut montrer, illustrer, les différents éléments
imaginaires et d'identification symboliques. Celles-ci, ces
identifications, représentent ce qui dans le fantasme essaye de
reprendre sa place dans le symbolique. S barré n'est pas un œil, dans
le schéma. Il rejoint sa place dans le symbolique de façon spéculaire
passant par A. (identification). Ce qui fait que dans l'apprentissage
du langage, à l'aide des mots, le sujet apprend à régler à la bonne
distance les images auxquelles il s'identifie. C'est à l'intérieur de
cet espace, (distance sujet-images) que va se produire la relation
imaginaire
sur fond de morcellement, la relation érotique à l'autre, où il y aura
toujours un point de réduction. C'est qu'il y a transformation du
rapport spéculaire à l'autre et une répartition entre les éléments
morcelés. Et la marionnette que nous sommes et qu'est notre partenaire,
il ne manque qu'une chose : le phallus qui est occupé ailleurs, à la
fonction signifiante.
Le sujet même s'il s'identifie au phallus se morcelle en tant que
lui-même est en présence du phallus. Le désir se trouve au-delà de la
relation amoureuse de la part de l'homme. Pour autant que la femme
symbolise le phallus, l'homme y trouve le complément de son être.
C'est, dit-il, la forme idéale. L'homme dans l'amour est aliéné à ce
phallus, objet de son désir, et qui réduit la femme à être un objet
imaginaire. Ce qui produit la duplicité de l'objet sur laquelle il a
insisté. Et donc si la relation est ici accomplie c'est pour autant que
l'autre, la femme donc, donne ce qu'elle n'a pas, le phallus, ce qui
est la définition de l’amour : donner ce qu'on n'a pas. Pour la femme,
il y a là même ambiguïté. A savoir que si ce qu'elle trouve en l'homme
c'est le phallus réel, et que donc son désir y trouve sa satisfaction.
Que ce désir soit satisfait sur le plan réel, ce qu'elle aimera, et non
pas du coup désirera, c'est cet être au-delà du désir, à savoir
l'autre, l'homme en tant que privé du phallus, en tant qu'être parlant
il est châtré.
Leçon 8
Delphine Rochet
Lacan commence la leçon par la présentation du graphe de
l'interprétation du rêve.
Il fait référence à la Traumadentung de Freud pour rappeler
l'importance de prendre en compte dans l'interprétation des rêves, les
doutes que le sujet énonce, les incertitudes, comme des pensées
latentes du rêve, que Freud intègre comme un des élements déterminant
de son interprétation. Il précise qu'il ne suffit pas d'accepter cette
règle telle qu'elle mais, de comprendre ce que cela implique, grâce au
graphe. Il met en avant la dimension structurale de l'énoncé du rêve.
Il parle ensuite du discours indirect, et des deux aspects que comporte
un énoncé : un rapport d'énoncé et la dimension de l'énonciation qui
est latente et qui relève de ce que nous pouvons dire sur ce qui est
énoncé (je crois)
il donne ensuite une formule pour exprimer que le rêve est le
signifiant de quelque chose en dessous du rêve : E(e) : je ne comprends
pas la formulation : « il s'agit de l'énonciation d'un énoncé qui a
lui-même un indice d'énonciation, qui est lui-même supposé prendre une
valeur, laquelle bien entendue n'est pas factuelle ou évenementielle »,
ce qui veut dire je crois que la valeur est signifiante.
Il poursuit avec le rêve d'enfant pour étayer son propos en mettant en
avant l'idée de l'indice d'énonciation. Idée selon laquelle il y a
quelque chose au-delà du rêve, une question, une énigme contenue dans
l'inconscient. Ce qui l'amène à conclure que la formule du rêve est
équivalente à celle de l'énigme.
De là, il revient sur le graphe dont l'intérêt est d'être structural et
de permettre de repérer le rapport du sujet au signifiant. Pour
comprendre ce rapport du sujet au signifiant, il relève le paradoxe
entre l'énoncé total du rêve, sa cohérence d'histoire racontée comme un
tout, et la dimension morcellée du signifiant qui apparaît par indices
rétroactifs. Ce morcellement du signifiant dans le discours se retrouve
symbolisé par la ligne en pointillés du graphe. La question du choix
qui'l fait entre les signifiants reste suspendue.
Le rêve est donc un énoncé en soi, un événement psychique, dont le
sujet à a dire, à assumer quelque chose, qui s'inscrit au niveau du
discours pour l'Autre et qui est à prendre en compte dans
l'interprétation. Assumer son rêve.
Toujours dans l'explicitation de son graphe, apparaîssent ensuite les
notions de code et de message que je n'ai pas très bien comprises. Il y
aurait une rétroaction du code sur le message qui rendrait possible le
fait que la phrase ait un sens, c'est-à-dire que le sens que l'on
cherche à donner, trouve sa complétude en quelque sorte, à la fin du
discours, comme dans une boucle. Il y aurait plusieurs boucles au sein
d'un même discours. De là il se pose la question de l'unité la plus
petite du sens et convient que cette unité est formée par la phrase.
Puis il aborde la question de l'accent d'assomption mais là je ne
comprends pas bien.
Il continue avec les 2 aspects de la chaîne signifiante : 1/
l'holophrasisme ou l'unité du sens de la phrase qui forme un signifiant
et 2/ l'association libre qui entend le signifiant plutôt du côté des
différents élements de la phrase et notamment des élements phonétiques.
Dans cette configuration, l'inconscient peut se manifester comme une
incidence dans la chaîne signifiante, qui vient dire autre chose que ce
que le sujet croyait vouloir dire, comme c'est le cas dans les lapsus
phonématiques où un simple changement de syllabe montre un sens du côté
de l'énigme à lever.
Se pose ensuite la question du sujet de l'énonciation : est-il
conscient ou inconscient ? Il parle d'un au-delà du sujet qu'est
l'inconscient freudien , or je croyais que le sujet est le sujet de
l'inconscient ?
Partie sur l'alterité et le morcellement, je n'ai pas compris
Rapport entre désir et signifiant :
l'interprétation qui se rapproche le plus du signifiant est celle qui
fait vaciller la chaîne signifiante pour laisser se décrocher le
signifiant de l'énonciation, car l'inconscient apparaît dans les points
de rupture et c'est cela qui nous intéresse de faire émerger dans
l'analyse, à la fois pour retrouver le signifiant refoulé, mais aussi
pour être mis sur la piste du désir du sujet. Le désir est une énigme
qui peut être résolue par la restitution des signifiants refoulés.
Interpréter le désir c'est le restituer au sujet par l'interpration de
son discours.
Rapport entre Demande et signifiant :
il distingue ensuite la demande du désir. Pas très clair , le désir du
sujet se situe par rapport à la demande, mais elle aussi est refoulée
donc l'être du sujet s'exprime dans le fantasme de son désir.
On retrouve les termes de l'être, du sujet, de la demande, du fantasme
, et de comment tout ça s'articule dans le langage : est-ce à dire que
c'est parce que le sujet parle qu'il peut rencontrer quelque chose de
son être ou de lui-même ? Cette question du rapport à l'être se
retrouvera aussi un peu plus loin au sujet de l'affect.
Mentre temps, il revient sur le fantasme qui est aussi une énigme,
comme le désir , et cela a besoin d'être interpréter. Puis intervient
justement la notion de l'affect refoulé, auquel le sujet ne peut pas
acceder tout seul, et qui révèle une certaine position du sujet par
rapport à l'être. Il parle de la colère par exemple comme irruption du
réel dans une trame symbolique qui vient tout bousculer, il y a quelque
chose malgré tout l'ordre symbolique qui ne rentre pas dans les trous
et qui génère cet affect de colère.
Pour illustrer cela, Lacan prend comme exemple le travail d'analyse
d'un rêve par Ella Sharpe, psychanalyste britannique de la première
génération, qui met en valeur l'idée que le réve ne révèle pas juste
une signifiance refoulée, liée au passé, mais que dans le processus de
la cure, il vient aussi dire quelque chose de l'actualité du travail en
cours à tel moment d'une analyse. Il est donc souvent une expression du
cheminement du sujet dans son analyse et, un message inconscient
adressé à l'analyste. Le rêve est la voie royale de l'inconscient qu'il
s'agit d'interpréter et de restituer au sujet.
Puis il rentre dans l'analyse du rêve du patient en portant une
attention particulière à la façon dont le patient à de l'énoncer/
Le patient exprime beaucoup de doutes sur sa capacité à se souvenir de
son rêve tout en mettant l'accent sur sa longueur qui semblait une
éternité et sur son aspect tremendous, très exitant et terrible. il
raconte que dans son rêve il faisait un voyage avec sa femme autour du
monde (la syntaxe de la formule est relevée), et il rencontrait une
autre femme qui voulait avoir un rapport sexuel avec lui, dont elle
prenait l'initative mais qui ne pouvait pas être assouvit par lui, ce
qui lui fît penser qu'il devrait la masturber. Lacan analyse le
discours, la façon dont le sujet a notamment d'utiliser le verbe
masturber de façon transitive. L'analyse du rêve va consister à
rétablir l'intransitivité du verbe qui change le sens du discours, et
permet de comprendre ce dont il s'git de l'inconscient du patient et de
son désir : qu'elle se masturbe si elle n'est pas contente ! Il s'agit
donc du point de vue de l'interprétation, de rectifier l'articulation
signifiante pour faire émerger le sens juste que l'inconscient cherche
à exprimer.
Ensuite, il revient sur ses phobies au moment où il a commencé à
travailler. Phobies qui sont l'expression d'une inhibition de ses
capacités plutôt que d'une peur de l'echec. Le patient ne parle jamais
non plus de son père quand il était vivant et qui est mort quand il
avait 3 ans. Lacan met en avant la façon dont le vœu de la mort du
père, exprimé dans le rêve précédent, a déterminé quelque chose de son
désir refoulé, mais il n'en dit pas d'avantage pour l'instant sur ce
point.
Il poursuit le commentaire sur l'analyse de ce patient d'ella Sharpe,
qui signalait toujours sa présence par une petite toux au moment
d'arriver, et raconte comment justement le patient de lui-même, décide
un jour d'en dire quelque chose à son analyste et parle de l'effet
stupéfiant de cette mise en mot spontanée du patient, qui vient faire
écho à une intuition de l'analyste qui n'avait pas été partagée. Le
patient qui pose de lui-même la question du sens de cette toux, associe
juste après avec un fantasme qu'il aurait eu d'être dans une pièce où
l'on pourrait le surprendre et qu'il pourrait masquer sa présence en
simulant l'aboiement d'un chien, puis associé sur un souvenir d'un
chien qu'il aurait laissé se masturber sur sa jambe, et revient enfin,
à son rêve.
Nous voyons là s'articuler le discours, au fantasme, au souvenir et au
rêve, tout cela à partir de la question posée du sens de la petite
toux, réelle. L'intuition d'Ella Sharpe est que cette toux est le
message de quelque chose. Les associations du patient sur cette
séquence pose la question de son désir d'être signalé comme absent à
l'endroit de sa présence par rapport à l'Autre. Ce qui le renvoie au
rêve où il souhaite que la femme s'occupe d'elle-même plutôt que de
lui. La leçon termine sur la question ouverte de pourquoi ce patient ne
souhaite pas que cette femme s'occupe de lui ?
Nous voyons bien apparaître les différents éléments de la vie
psychiques qui se tissent dans l'association libre, pour essayer de
dire quelque chose qui est encore une énigme. Mais aussi comment
l'interprétation, pour être opérante, s'appuie non seulement sur
l'écoute du discours et du signifiant mais aussi, sur la structure de
l'énoncé, comme si le fond et la forme était organisés intrinséquement,
fondamentalement, par le signifiant qu'il s'agit de mettre en lumière.
Questions : sur le « fruit de stupeur » et le lien entre l'intuition
d'ella sharpe sur la toux, et l'initiative du patient d'en parler, de
quoi s'agit-il dans le transfert ?
Sur le graphe : encore un peu hermétique, je n'ai pas compris le code
Leçon 9
Il reprend et poursuit le cas exposé d'Ella Sharpe. Il loue l'exposé
détaillé qu'elle en fait mais déjà interroge l'interprétation qu'elle
donne du désir inconscient de son analysant: celui d'une omnipotence
agressive. Sur ce point il fait la remarque que l'omnipotence dont il
s'agit est peut-être celle du discours et non celle du sujet qui s'il a
affaire avec cette omnipotence c'est par l'intermédiaire de l'autre qui
la profère. (nb: toute l'importance de cette remarque en clinique
infantile, les petits agités, TDAH, tout-puissants, est-ce leur propre
discours, ou l'identification au discours de l'Autre?). Donc cette
toute puissance agressive qu'Ella Sharpe lira dans le vœu de
séparation, le découpage des lacets en rivalité avec sa soeur.... Mais
déjà elle donne des indications sur les symptômes de on patient:
l'incapacité à trop bien réussir qui se traduit par des plaidoiries
inachevées, il est avocat, ou des matchs de tennis perdus.
L'interprétation d'Ella Sharpe n'est pas dénuée de fondement, de
pertinence, dit-il, elle épluché le texte de son analysant et il
s'ensuit des modifications, il s'autorise un conflit avec un partenaire
de tennis. Il fait retour sur la remarque syntaxique du patient: "la
masturber", impropre en anglais, qui ne peut qu'éveiller l'attention,
de même importance qu'un lapsus, comme souvent les erreurs
grammaticales, mais surtout il fait retour au début de séance: la
petite toux. Et c'est là que va porter l'essentiel de sa critique, à
savoir qu'elle n'entend pas qu'il y a là un message qui lui est
adressé, ce qui entraîne selon lui une baisse de niveau de son
interprétation. Un message adressé à l'Autre, à partir de l'Autre, qui
sont en lui, est en lui, mais pour les deux faces de l'Autre
représentées par l'analyste, (le message correspond à la partie
supérieure du graphe). C'est donc la question qui est en lui concernant
l'Autre: "qu'est-ce que c'est que ce signifiant de l'Autre qui est en
moi?", qui serait le "schibboleth" de l'analyse, son mot de passe, son
chiffre d'appartenance. (nb: à la fois donc rapport au transfert, et à
l'Autre représenté par le transfert). Et justement l'analysant est loin
de connaître que l'Autre aussi est châtré. Il poursuit autour de la
toux du patient que celui-ci explique: " il toussait pour que son frère
et sa petite amie ne soient pas surpris par sa venue dans une position
inconvenante". Ella Sharpe, si elle note que cela peut signifier son
intrusion pour séparer, rejette que cela puisse la concerner, qu'il
puisse penser à la surprendre dans une situation inconvenante. Il
associe ensuite avec un fantasme où il aboie comme un chien pour faire
croire qu'il y a un chien là où il est et où il ne devrait pas être.
Lacan en retourne la proposition, à savoir n'être pas là où il est. (
ce qui correspond en effet à sa présentation habituelle selon Ella
Sharpe: lisse, retenu, etc). Ce fantasme où le sujet suppose se cacher
derrière un aboiement, grâce au signifiant "l'aboiement" il est autre
qu'il est. Ici Lacan ouvre une parenthèse pour montrer comment l'enfant
entrant dans le langage va faire de certains signes des signifiants:
ainsi le "ouah ouah" du chien attribué ou désignant tout animal à
quatre pattes, le "couac" du canard à tout volatile, voire
représentation de volatile. Et ceci avec les possibles glissements
métaphoriques propres au langage, où le chat en fera "ouah ouah". De là
son conseil de lecture "d'Alice aux pays des merveilles" aux psys
d'enfants. dans ce fantasme, le sujet s'élide, S barré, ce n'est pas
lui, c'est l'objet imaginaire, a, le chien. De ce fantasme, il associe,
une scène réelle, un chien réel qui se masturbait contre sa jambe et
qu'il n'empêchait pas de faire, et la peur alors que quelqu'un entre.
Il dessine sur son schéma une ligne associative entre S barré poinçon
a, le fantasme, d, le désir, S barré poinçon D, la demande, et S À
barré, signifiant de l'Autre. Après la toux, qui renvoie aussi bien à
une fantaisie sexuelle concernant l'analyste survient donc le fantasme:
n'être pas là où il est, puis le souvenir du chien qui lui montre à se
masturber à condition que l'autre ne survienne pas car sans cela il
disparaîtrait de honte, équivalent à n'être pas là. Le chien apparaît
comme idéal montrant ce qu'il doit faire à condition d'être hors de vue
de l'Autre. Lacan situé alors la séquence qui serait ponctuée par la
"toux" d'entrée: à savoir qu'avant d'entrer chez son analyste il peut
l'imaginer comme lui montrant comment se masturber, scène sexuelle, en
même temps qu'il y a là crainte de l'Autre, celle à qui il va parler.
Ce sont là les deux faces de l'autre évoquées précédemment. C'est après
cela que va surgir l'évocation du rêve.
Leçon 10
Jean-Jacques Lepitre
Ce que nous faisons de la notion de désir dans notre pratique et
l'intérêt des éléments qu'il apporte il va les illustrer à propos du
rêve que rapporte Ella Sharpe, et que de les ignorer, celle-ci réduit
la portée de ce rêve. Le graphe illustre la décomposition possible de
la chaîne signifiante, la boucle. Dans et par cette chaîne le sujet
tente de se reconquérir dans on originalité, qui est au delà de la
demande, en tant que celle-ci, pour l'expression de ses besoins, est
prise dans le code de l'Autre. C'est dans cet écart à la demande, cet
au delà, que se force, se tente cette reconquête sous la forme du sujet
qui parle, énonciation, énonçant ce que le sujet veut, se constituant
comme étant, et non plus juste défini par ses nécessités vitales, et du
coup se situant dans un certain rapport à l'être. C'est donc dans cet
écart que se produit le désir. Il indique une homologie entre le désir
et le moi, par rapport au discours de l'Autre, à mi-chemin du discours
où le sujet s'achèverait dans quelque chose où son être est à
mi-chemin(?). Le désir est en face du fantasme, schéma, c'est à dire du
sujet s'évanouissant, S barré, dans son rapport à l'objet électif, a.
Le fantasme à cette structure, il n'est pas simple relation d'objet, il
est syncope signifiante du sujet face à un objet, ( ex: l'amour rend
aveugle, ou fou, ou ). C'est ainsi que doit s'entendre le début de
séance de l'analysant d'Ella Sharpe, avec le fantasme d'être aboyant,
afin de n'être pas là où il est, mais ayant fait la boucle où chaque
fois il est dans l'ambiguïté soit de ne pas devoir être là, soit de
s'identifier, soit d'être autre qu'il n'est: pas lui, pas le chien,
etc.., et avec l'interrogation sur l'analyste. Dans le rêve, par lequel
Lacan poursuit, c'est toujours le rapport du désir au fantasme qu'il
tente de cerner. Si avec le fantasme du chien c'est autre qu'il est ou
n'être pas là, avec la toux c'est n'être pas (là) ou faire disparaître
ce qu'il y aurait à voir, des amants ensemble par exemple. Quel rapport
avec l'objet? Qui n'est pas son analyste peut-être, mais ce qu'il y
aurait dans le bureau, dans la chambre? Dans le rêve est mis au premier
plan un objet imaginaire ayant une fonction signifiante. Une image
ayant fonction signifiante. ( A noter qu'à aucun moment dans cette
analyse de rêve, Lacan n'utilise une analyse de type rébus,
hiéroglyphes ou autre, la fonction signifiante renvoie aux fonctions
d'articulation des éléments les uns par rapport aux autres, fonctions
du signifiant ordinaire, ce qui est la façon ordinaire d'analyser un
rêve, cf aussi bien Freud, dans la et leur pratique rapportée, alors
que les déclarations sur la valeur de rébus, corbeau = corps-beau, ou
la massivité symbolique: parapluie = phallus, semblent être des
déclarations plus théoriques que pratiques). Dans les associations du
rêve il y a cette butée sur le verbe masturber, "se masturber", et par
l'insistance du mot : "chaperon" qui s'avance devant le sexe de la
femme qu'il associé à une grotte à une grotte vue, visitée avec sa
mère, et puis qu'il associe aussi autour des lèvres sexuelles, les
parois vaginales, les lèvres buccales, longitudinales, transversales,
etc.. Ceci, grosso-modo, renvoyant à quelque chose d'une femme
phallique. Lacan va même à supposer un prolapsus, (descente proéminente
de l'utérus, vision d'un sexe à l'orifice vaginal). Ella Sharpe suppose
qu'il a vu enfant, de dessous, un sexe féminin, mère ou grande soeur. À
propos de ces relations, des lèvres, référées par le patient à
l'écriture, occidentale, chinoise et leur différence d'orientation,
Lacan précise, mais est-ce qu'il y a une relation(?), que le désir est
en rapport avec le fantasme qui lui se situe entre le signifiant de
l'Autre S (A barré), et le signifié de l'autre s(A). Le patient parle
d'une imitation vocale, d'une amie ayant une certaine notoriété, de sa
radio formidable, de sa voiture remarquable. Ella Sharp en déduit, en
plus du caractère de fantaisie masturbatoire du rêve, ce sur quoi Lacan
est d'accord, une thématique d'omnipotence. Sur ce point Lacan n'est
pas d'accord. Car le sujet se fait petit, il s'absente de son pénis,
c'est son doigt.. C'est un avocat, cela a été dit, il ne va pas au bout
de ses plaidoiries. Ce que Lacan reproche à Ella Sharpe c'est de ne pas
distinguer les divers plans de l'énoncé et de l'énonciation: "Il a fait
un rêve énorme, il faisait le tour du monde, .." Or, à dire ce rêve,
cela ne dure que quelques instants. De même quand il associe se vantant
de sa voiture, de sa radio, et que face au chaperon, il évoque la
grotte vue avec sa mère, Ella Sharpe, supposant qu'il a vu le sexe de
sa mère ou de sa soeur, en déduit un désir de toute puissance
oedipienne. Lacan, lui, pencherait pour une insuffisance d'enfant, se
sentant trop petit. Dans le transfert, le sujet imagine quelque chose à
propos de son analyste, on ne sait pas quoi. Et toute son attitude
retenue, mesurée, est bien une défense, mais dans un transfert qui,
loin d'être absent, supposition d'Ella Sharpe(?), est spéculaire,
imaginaire. Quand il la prévient en toussant de sa venue, c'est qu'il
pêne qu'elle rêve de se masturber, ce qui se produit dans le rêve. Et
où dans l'ambiguïté signifiante, masturber/se masturber, l'un et
l'autre sont dans un "ensemble". Le personnage imaginaire signifiant
est quelque chose où le sujet voit prise, enveloppée toute possibilité
de sa manifestation sexuelle,(nb: le chaperon). C'est dans cette image
qu'il situe son désir qui y est en quelque sorte englué. Lacan va
essayer de le montrer. L'analysant pense qu'il pourrait bloquer la
voiture royale avec sa propre voiture. Ella Sharpe y entend une pensée
conforme au désir d'omnipotence. Mais ce couplé royal qu'il arrête,
c'est aussi son symptôme que d'arrêter les choses, ses plaidoiries, ses
matchs. Le roi et la reine sont arrêtés dans une voiture qui les
enveloppe. Les enveloppe comme la capote de sa voiture. Il rappelle le
concept de Mélanie Klein des parents combinés. Ce serait de cela qu'il
s'agit. De les distinguer, de pouvoir le faire comme mâle et femelle.
Il y a ces deux aspects dans la masturbation: mâle et femelle. Il y a
présence et absence du sujet. Il y a là une analogie avec une situation
d'enfance: il était attaché dans son lit à proximité du couplé
parental. La question du sujet, c'est qu'étant lié, arrêté, il peut
jouir de son fantasme. Enfant ce pouvait être la jouissance d'uriner
dans la proximité ligotée aux parents. Mais adulte, dans ce fantasme,
il devient la partenaire, identification, celle qui a tellement envie,
et à qui il devrait tout montrer, féminisation partielle. Toute cette
fin un peu problématique des interprétations de Lacan qu'il ne justifie
guère, il affirme. Mais ce serait donc dans ce jeu de cache-cache, de
non séparation des deux faces en lui de la féminité et de la
masculinité, dans cet abord unique, masturbatoire, qui est son
appréhension du désir génital que gît le problème.
Leçon 11
Angélique Delage
XI. Le sacrifice de la dame taboue
Lacan poursuit la reprise de l’analyse de cas que fait Ella Sharpe
(abordée depuis le chapitre VIII). Il analyse les mouvements
transférentiels et les indices laissés par l’association libre (avec la
succession des différents thèmes abordés par le sujet).
1. Il est question de l’interprétation du rêve rapporté en quelques
éléments résiduels par le sujet. Celui-ci raconte qu’il se trouve sur
une route de Tchécoslovaquie, parce qu’il a entrepris un voyage avec sa
femme autour du monde, dit le sujet, dans cet ordre syntaxique relevé
par Lacan comme étant à noter comme une légère erreur puisqu’il aurait
dû dire « un voyage autour du monde avec [sa] femme ». Dans ce rêve, il
est en proie aux entreprises sexuelles d’une femme, en présence de sa
propre femme.
Lacan se montre critique quant à l’analyse réalisée par Ella Sharpe, et
propose de revoir le cas sous un angle ou un éclairage différent. Il
est question du phallus du sujet. Ella Sharpe considère qu’il utilise
celui-ci comme instrument d’agression (interprétation analytique
classique), dont le sujet pourrait redouter le retour contre lui-même.
Sans pour autant dénigrer les qualités d’analyste d’Ella Sharpe, Lacan
considère cette interprétation comme une « extrapolation théorique »
(p. 233), car rien ne va dans ce sens, que ce soit dans le rêve ou les
associations. Cette interprétation relèverait donc davantage de la
conception théorique de l’analyste que de ce qu’indique le matériel à
interpréter. Il souligne qu’à l’époque de la rédaction du cas, en 1937,
le milieu anglais est dominé par les discussions sur la phase et la
fonction phallique de la sexualité féminine.
En référence à Ernest Jones, Lacan évoque la notion d’aphanisis, qui
correspond à la notion de « disparition » du désir, au sens où l’entend
Jones du moins [def. d’aphanisis : défaut d’apparition ou disparition
du désir sexuel chez l’homme ou la femme, sans préjuger de son orignie
physique ou psychologique]. Le sujet, en effet, se présente « avec une
sorte d’absence profonde », où tout est déjà pensé, préconçu, où « il
se tient à carreaux ». Il est comme insasissable et toujours là où on
ne l’attend pas. Le signe que constitue « la petite toux » en est
représentatif. Elle est là pour faire disparaitre quelque chose qui
doit être là, sans y être. Lacan souligne que dans le rêve également,
il y a 3 personnages : le sujet lui-même, sa partenaire, et sa femme.
Mais le sujet se dérobe, même s’il reste présent par son action. Les
associations libres qui suivent amènent à évoquer la question de
l’imitation. Un homme sur le champ de golf d’abord qui lui propose un
sac pour envelopper ses clubs, et dont le sujet tend à se rire (avec
l’image de la caverne comme symbolique de l’organe féminin). Et puis
une amie qui fait des imitations radiodiffusées d’hommes. A cette
occasion, le sujet se dérobe encore, en disant qu’il ne veut pas avoir
l’air de se vanter avec cela. Il amène donc quelque chose, puis « en
subtilise l’essentiel » à chaque fois, comme par peur d’une aphanisis,
d’une perte ou disparition du désir [comme un jeu permanent de
faux-semblants]. Lacan souligne que, contrairement à ce qu’en pense
Jones, l’aphanisis ne serait pas la substance de la crainte de la
castration, mais elle serait liée à une articulation insuffisante du
complexe de castration. Car « la castration est la symbolisation de
cette perte du désir » (p. 237) [alors manque de mise en mots, de mise
en forme verbalement ce hiatus, cette béance]. Le désir dans son sens
plein, [proche de l’instinct animal], n’est pas facilement accessible
pour l’humain qui est parlant et se trouve obligé de passer par le
langage pour exprimer des besoins articulés sous forme de demande. Le
complexe de castration renvoie à la perte, au sacrifice d’un de ses
signifiants entre autres.
2. Lacan revient au texte du rêve et à la représentation du sexe
féminin sous la forme du vagin prolabé, image du fourreau non décrite
dans la tradition analytique qui donne un aspect phallique à la femme.
La sujet ré-invagine, ré-engaine la femme du doigt, ce qui selon Lacan,
s’apparente davantage à un acte d’exhibition étant donné que c’est en
présence d’un tiers. Il rapproche cela du tour de prestidigitation du «
sac à l’œuf » où on fait apparaitre et disparaitre un œuf de manière
inattendue. Dans le rêve, c’est le phallus dont on se demande où il se
trouve. Il y a identification du sujet avec l’autre et de l’autre au
pénis. D’où un certain sadisme, une perversion identifiable dans ce
rêve. Le phallus est confirmé dans son importance, mais aussi comme
quelque chose qui se dérobe, « en raison de quelque accident structural
» (p. 240). Cela renvoie à cette possibilité qu’a la femme d’imiter
l’homme et l’homme d’imiter la femme (cf. l’amie imitatrice et l’homme
du golf). [renvoie au caractère métaphorique et substituable du
signifiant. Caractère labile, instable du Sa, d’où une angoisse de
perte, de castration].
« Ce qui se présente n’est jamais tout à fait ce qui semble être, ce
n’est jamais de la chose vraie dont il s’agit » (p. 241) [écart entre
réel et réalité perçue au travers des filtres symboliques et
imaginaires].
Viennent ensuite des symptômes associés à des souvenirs d’enfance, où
l’on voit qu’insiste chez le sujet ce caractère problématique : d’abord
une compulsion de ramasser des bandes de cuir, comme dans son vague
souvenir d’avoir découpé les sandales de sa sœur. Puis il évoque les
courroies qui lient les enfants dans un landau, qui ne correspondent
pas à un souvenir, mais qui par déduction logique, sont retenues comme
pouvant avoir été. Lacan identifie là encore « toujours le même style,
qui domine toutes les associations du sujet – une chose apparait sous
la forme de quelque chose qui manque » (p. 242). La citation d’une
phrase du livre de prière pour tout le monde, livre qui est un
fondement des devoirs religieux dans l’Eglise d’Angleterre, est
déformée par le sujet. Il en modifie le sens. Ainsi, au lieu de dire «
nous avons laissé non faites, les choses », il dit : « nous avons
défait ces choses que nous devons faire. De plus, il manque l’autre
partie de la phrase : « et nous avons fait ces choses que nous ne
devions pas faire », car pour le sujet il ne s’agit jamais que de ne
pas faire les choses nous dit Lacan, par crainte de trop bien les
réussir. Au lieu de la fin de phrase, il invente et signifie que « le
bon objet n’est pas là ». Pour Lacan, cela confirme qu’il s’agit du
phallus, car il n’est jamais là où on l’attend [le signifiant est
insaisissable parce qu’il est seulement une représentation de la
réalité, et qu’il est refoulé inconsciemment. Il apparait donc de façon
déguisée à la cs]. Ainsi, les 2 compulsions : la toux et le ramassage
de lanières de cuir renvoient au thème de la castration, étant question
d’interrompre et de couper (interprétation analytique courante), même
si ceci ne nous dit pas de quel rapport à la castration il s’agit
(rétorsion, application à un autre sujet qu’à eux-mêmes, apprivoisement
de la castration, domestication, dévaluation de la castration ?).
Ainsi, pour Lacan, il y a bien un lien avec la castration, mais elle
n’est pas l’effet d’une intention agressive du sujet, primitivement
retournée contre lui-même. Pour Lacan, la question centrale est : « où
est le phallus ? ».
3. Lacan, ainsi en désaccord avec Ella Sharpe, en serait amené à
évoquer le contre-transfert. Il revient sur la question du père mort,
que l’analyste tentait de « réveiller dans la mémoire du sujet » (p.
245). Vient de suite après le doute chez l’analyste que le patient ait
des pensées envers elle et qu’il ne croie donc pas au transfert. Ella
Sharpe compare la situation analytique à un jeu d’échec, où le
transfert la place en position du « père qui se venge, qui s’emploie à
le coincer, à le mettre en échec, après quoi il n’a plus d’alternative
que la mort ». Lacan trouve la comparaison du jeu d’échec jolie, car
dans celui-ci, « chaque pièce, dit-il, est un élément signifiant ». Il
explique tout cela plus en détail. Il nous dit que l’analyse se joue en
effet un peu de la même manière, en essayant d’éliminer les signifiants
pour ne plus garder que les éléments permettant de connaitre la
position du sujet. Lacan souligne qu’Ella Sharpe accorde toute
l’importance au jeu des signifiants, et qu’elle perçoit finement ce qui
se passe pour le sujet, malgré les désaccords que Lacan a avec elle.
Pour lui, elle méconnait ses propres intentions [son propre
contre-transfert]. C’est elle-même qui introduit le terme de « coincer
» avant que le patient ne l’utilise lui-même [effet de suggestion],
cela reste toutefois un écart par rapport à son attitude globale dans
cette analyse où elle se tait, dit-elle. Chacun resterait donc dans son
rôle, elle d’écoute, lui d’attente d’aide, et lui toujours bien à
l’abri, « sous le hood » (la capuche en anglais), qui est « une
position tout à fait fondamentale » chez ce sujet dit Lacan. Une
position liée, à laquelle le sujet tient beaucoup (peut-être remontant
à l’époque archaïque de l’enfance au landau). Ella Sharpe sent cela,
dit Lacan, d’où son attitude de retenue pour éviter la portée agressive
du jeu analytique, ce qui l’empêche de voir que c’est dans la dimension
signifiante qu’il faut chercher le phallus [concentrée qu’elle est sur
cette autre dimension]. Lacan reprend le schéma impliquant le sujet,
l’autre, le moi (en tant qu’image de l’autre) et le grand Autre pour
essayer de savoir où peut apparaitre le signifiant comme tel, car le
phallus n’est jamais là où on l’attend, mais là où pourtant « tout le
désigne ». Lacan reprend la métaphore du jeu d’échec pour illustrer le
fait que tout ce que veut le sujet, au fond, c’est de ne pas perdre sa
dame. Il doit préserver à tout prix la puissance et doit maintenir le
phallus hors jeu, sans quoi il le perdrait. Le phallus est en effet
représenté dans le rêve par sa femme. Celle-ci n’est pas qu’un simple
témoin de la scène onanique, (parce que la fonction scopique n’est pas
indiquée comme essentielle). En tant qu’Autre, elle représente ce qu’il
y a de plus tabou dans la puissance du sujet, et qui domine par
conséquent toute l’économie de son désir. [Son désir tient donc à la
présence de sa femme qui incarne sa puissance phallique]. (Cette idée,
parce qu’elle correspond à une réalité pour beaucoup, pourrait
d’ailleurs être considérée comme un fondement théorique, selon Lacan).
Cela explique ce que Lacan considère comme un « lapsus infime », dans
la construction de la phrase du rêve : « faire un voyage avec ma femme
autour du monde » et non « un voyage autour du monde avec ma femme ».
Ce serait là le secret d’omnipotence non perçu par Ella Sharpe qui le
perçoit au contraire dans « autour du monde ». « Ce dont il s’agit pour
lui, c’est qu’il ne perde pas cela », et c’est ce qu’il s’agit pour lui
de « méconnaitre » [de maintenir refoulé dans l’ics]. L’interprétation
de Lacan est la suivante : cette peur de perdre sa dame est en décalage
par rapport à l’enjeu de l’analyse, comme dans une partie d’échec,
puisqu’il s’agit davantage d’appeler une fin de partie, d’atteindre une
situation où l’on a le minimum de droits, mais où l’on doit donc
trouver l’avantage de la position. [Les signifiants devraient
s’éliminer jusqu’à assumer sa propre perte ? Ainsi plus d’évitement car
plus d’anxiété liée la finitude, mais dépassement ou régulation des
angoisses de mort et de castration, de perte, de disparition]. Il
faudrait pouvoir mettre cela en évidence dans l’analyse, mais pour ce
faire, il faudrait que le sujet analyse son transfert dans lequel
l’analyste représente sa femme, cette puissance phallique à laquelle il
tient [pour ne pas sombrer, du moins vaciller]. Lacan dit : « dans
l’occasion, on a tout avantage à sacrifier sa dame. C’est ce que ne
veut en aucun cas faire le sujet » (p. 248), dit Lacan [cette
représentation phallique incarnée par sa femme serait un leurre,
quelque chose d’imaginaire à quoi s’accroche le sujet, tandis que la
réalité est toute autre]. Lacan explique cet attachement par le fait
que « pour lui (le sujet), le signifiant phallus est identique à tout
ce qui s’est produit dans la relation à sa mère ». Il lui reste «
l’apport boiteux du père » [la métaphore paternelle étant agent de la
castration (nom-du-père), il serait donc insuffisamment déterminé par
sa compréhension du monde, le découpage signifiant et signifié de la
réalité ?]. Toutefois, Lacan nous dit que l’intérêt doit se porter sur
le rapport très caché du sujet à son partenaire qui apparait par
exemple quand il toussote avant d’entrer. Car son comportement le tient
enfermé dans un rapport entravé à son désir (comme il fut probablement
attaché dans son landau) et qui ne peut être que fantasmatique
[imaginaire]. Il croit lui-même qu’il lui faut rester dans cette
posture [d’aliénation] « pour que puisse être ailleurs le signifiant,
l’image, d’une toute-puissance rêvée » (p. 249). Lacan rapproche cela
de l’image de l’automobile, symbole de puissance également, avec un
caractère féminin, couplé à l’individu qui la conduit. L’automobile est
donc synonyme de l’autre sexe. Elle est à la fois protectrice et
enveloppante, [ce qui place l’individu dans l’ambiguité comme dans le
cas de l’imitation]. L’interprétation relative à la dimension agressive
en jeu dans l’analyse entraine un symptôme somatique (colique) plutôt
qu’il ne fait progresser l’analyse, parce que le sujet « a tout à
perdre » nous dit Lacan. Cette colique, le sujet dit l’avoir déjà eue
la veille, et il poursuit en évoquant le fait qu’il ne s’était pas
permis d’exprimer son irritation à l’encontre du garagiste qui n’avait
pas fini les réparations de sa voiture, tandis qu’il la désirait tant.
Lacan souligne qu’Ella Sharpe voit bien là la marque d’un désir
libidinal (désir de puissance symbolisé par la voiture), ce en quoi
elle comprend bien ce qui compte pour le sujet et qui le devance («
caractère non motivé » du désir [qui est de source ics]). Pour Ella
Sharpe, c’est bien la première fois qu’il lui déclare son désir, qui «
de façon explicite se présente comme déraisonnable dans le discours du
sujet ». Dans son contre-transfert, Ella Sharpe était « ivre de joie »
et comparait le garagiste au père du patient. Toutefois Lacan déplore
le fait qu’elle ne dise pas ce qu’elle lui a alors précisément dit, et
même, si elle lui a dit quelque chose à ce moment-là. Il y voit « un
flottement de l’appareil de projection » devant lui permettre d’y voir
clair dans son jeu, de comprendre ce qu’il se passe. Le lendemain, le
sujet faisait part de son symptôme d’énurésie, « mi-content, mi-figue
mi-raisin », dit Lacan. Symptôme significatif qu’un coup a été porté,
[et n’allant pas dans le sens d’une bonne marche ou résolution
analytique, d’un progrès, puisqu’étant une régression]. C’est l’organe
comme réel et non plus comme signifiant dont il est question, comme
pour les enfants dont les symptômes énurésiques apparaissent lorsque
l’intérêt se concentre en direction de l’activité sexuelle parentale.
Autre conséquence à l’interprétation de l’analyste : le sujet raconte,
non sans satisfaction semble-t-il, qu’il a méchamment pris au collet un
camarade au tennis, dans l’intention de faire comprendre qu’il ne
fallait plus le railler. Lacan définit cela comme un « raté », une
déviance occasionnée et non recherchée en analyse.
Pour finir, Lacan annonce le thème de la prochaine séance, rappelant
l’importance de situer le signifiant phallique dans le schéma du
graphe, tandis que les thématiques analytiques du moment sont plutôt
centrées sur la fantasmatique relative au ventre maternel, jardin
paradisiaque. En ref. à Lewis Carroll, Lacan souligne qu’il s’agit en
réalité d’une règle de trois pour y avoir accès, et non d’une simple
ouverture pour laquelle une clé seule suffirait pour l’ouvrir. Lacan en
donnera l’explicitation.
Leçon 12
Delphine Rochet
Le rire des Dieux immortels :
Lacan poursuit la reprise du rêve du patient d'Ella Sharpe, le rêve
décrit comme « remarquable », un énorme rêve, mais dont il dit peu de
choses et au cours duquel il entrepris un voyage avec sa femme autour
du monde ; se trouve en Tchécoslovaquie, et il se passe un jeu sexuel
avec sa femme, devant une autre femme. Lacan se demande s'il est
possible d’accéder à une plus grande précision dans l'interprétation
pour faire émerger la fonction du Phallus comme signifiant.
Il revient sur la théorie du phallus de Mélanie Klein : c'est le
premier substitut qui vient à la portée de l'enfant dans son expérience
propre. Il rappelle le développement de Melanie Klein sur l'agressivité
primordiale du nourrisson dans le premier temps de corps à corps avec
la mère, dont on fait le contenant des bons et des mauvais objets. Il
s’interroge sur la place du phallus dans ce conflit primordial. Ce qui
l'amène ensuite à réfléchir sur la place du phallus dans son propre
graphe, et à établir qu'il y a un rapport entre le phallus et le grand
Autre. Il précise que ce rapport n'est pas de l'ordre de l'un qui
serait premier à l'autre, car le phallus a plutôt un rapport avec
l'être du sujet qu'avec celui du grand Autre.
Il précise que c'est là le point important dans la dialectique du
développement inconscient. IL revient sur l'élaboration plus ancienne
au sujet du phallus en rappelant la distinction qu'il y a pour le sujet
d'être le phallus par rapport à l'Autre ou, de savoir si dans l'Autre
le phallus est déjà là. Dans ce dernier cas, si la mère a déjà un
rapport au phallus, cela met en instance le sujet d'entrer avec elle
dans un rapport de concurrence avec lui.
Il met ensuite en avant : l'être et l'avoir comme les deux formes que
le signifiant phallus peut prendre par rapport au sujet : on ne peut
pas à la fois être le phallus et l'avoir, « pour que le sujet vienne à
l'avoir il faut qu'il y est renoncement à l'être. » il rappelle que
dans cette dialectique de l’être et de l'avoir du phallus par rapport
au sujet, il ne s'agit pas ici du sujet de l'inconscient, de la
connaissance, mais du sujet en tant qu'être parlant en tant qu'il
assume son identité dans le champ du langage, et c'est pour cela que le
phallus a une fonction signifiante. De ce point de vue là le sujet
l'est et ne l'est pas.
Il revient sur la formule ($♦a) : le sujet barré dans son rapport à
l'objet. C'est dans la mesure où le sujet est barré, qu'il est parlant
que le phallus peut prendre une valeur signifiante (pas bien compris),
c'est le signifiant sous lequel il se désigne. Par contre il ne l'est
pas dans la mesure où la loi du langage le lui dérobe (pas compris)
c'est donc la question du rapport à la loi qui fait qu'il ne l'est pas.
on change de plan (de qu'elle loi s'agit-il ? Une loi qui force à faire
un choix, à répartir les choses du côté de l'être OU de l'avoir.
Ensuite il fait ré intervenir la castration au niveau de la question
d'être le phallus et de la négation dans la langue qui permet de faire
émerger la formule suivante : le sujet est et il n'est pas le phallus,
mais il n'est pas sans l'avoir. C'est à l'endroit de n'être pas sans,
que se joue la réalité de la castration, car dans la dialectique du
rapport à l'autre finalement le pénis est mis en balance avec l'objet,
et c'est le jeu du renoncement possible au phallus qui permet d’accéder
à autre chose que lui-même, à un certain niveau d'altérité.
Pour la femme, la phase phallique se passe différemment et se décline
nous la forme de elle est sans l'avoir.
Ces développements l'emmènent ensuite à mettre en lumière le phallus
par la compréhension de ce qui se joue dans les rapports primordiaux de
l'enfant à l'objet maternel. Il revient à Mélanie Klein pour qui le
corps de la mère est le premier lieu idéal des rapports de l'enfant à
l'objet, corps de la mère comme unité totale, comme Un, contenant
universel de tous les objets extérieur à l'enfant. C'est le point de
départ de la dialectique entre l'Un et le pluriel qui s'amorce pour que
l'enfant constitue progressivement un rapport au monde, et le sentiment
de sa propre unité à partir du premier rapport à la mère.
« le rapport primordial de l'enfant au corps de la mère est le cadre où
vient s'inscrire le rapport de l'enfant à son propre corps. » il
revient sur la notion de rapport spéculaire du stade du miroir, moment
où l'enfant dans l'interaction avec les petits autres (qui représentent
sa propre image), commence à pouvoir se situer par rapport à l'image de
son propre corps/ Ainsi les relations avec ses camarades du même âge
dans lesquels il retrouve quelque chose de narcissique, de sa propre
image, s'articulent au premier rapport qu'il a sa mère, au tout qui
contient imaginairement toutes ces images mais aussi, objet de son
identification primitive. Il y a donc une identification première à
partirr de laquelle il commence à se constituer. Le rapport à l'Autre
se constitue à partir du rapport à l'Un. C'est dans une identification
à l'Un de la mère qu'il devient un Moi : il y a donc de l'Autre dans le
Moi, mais aussi du petit autre en tant qu'il n'est pas la mère.
Il revient sur le consensus psychanalytique qui situe l'émergence de la
psychose dans ce moment d'indifférenciation d'avec la mère et revient
sur l’expérience du miroir concave qui consiste, placé à une certaine
position, à faire apparaître l'image réelle d'une fleur placé à
l'intérieur d'un vase. De la même façon, l'enfant se réalise en
s'identifiant à un certaine position de son être par rapport aux
pouvoirs de la mère. La position que pourra prendre ou pas l'enfant par
rapport aux pouvoirs de la mère, lui permettra de sentir ses propres
pulsions et désirs, ou d'en être dévié.
Il poursuit en mettant en lumière la dialectique entre l'Unité du corps
de la mère à partir de quoi le sujet se constitue et, la réalité de
l'expérience analytique qui met en lumière la division fondamentale du
sujet et son impossibilité profonde à retrouver un sentiment de
totalité. Ainsi, il y a à la fois cette totalité primordiale et ce
manque fondamental. Il s'agit dés lors, de se différencier de l'Un et
de faire face au manque, c'est donc pour cela dit Lacan, que le phallus
se rapporte essentiellement à l'être.
Il revient sur la position dépressive développée par M. K où le sujet a
réussi à dépasser le morcellement et où le petit enfant peut se
représenter sa mère comme un tout unifiant et s'y identifier.
En s'appuyant sur l'exemple des Confessions de Saint-augustin, et de
l'enfant jaloux de son frère de lait tétant le sein de la mère, il se
demande, ce qu'il en est du rapport au petit autre, semblable
spéculaire, en train de posséder le sein de la mère. C'est à-dire qu'en
est-il une fois, que la mère est vécu comme une totalité, du rapport au
désir qui peut se constituer par le fait de sentir qu'il peut posséder
un bout de ce corps, le sein, et aussi, en être privé ?
Ainsi, la possibilité de privation est nouvelle et constitue un nouveau
rapport possible entre le sujet et l'objet. En effet, puisqu'il n'est
plus confondu avec la mère, quelque chose d'elle qu'il souhaiterait
posséder peut lui être refusé. Cette frustration/privation est la
condition de l’apparition de l'objet, de sa présence et de son manque.
Cet objet prend donc une valeur signifiante et peut désormais être
symbolisé. Émergent donc l'idée que le phallus pourrait encore être
meilleur que le sein de la mère, l'idée de pouvoir substituer un objet
à un autre sur le plan symbolique et la naissance de la métaphore.
C'est donc dans cette première action de substitution symbolique du
phallus au sein par le vécu du manque, de la privation, que se
constitue le progrès de la fonction symbolique qui permet au sujet de
devenir un être parlant.
A partir de ces élaboration sur le rapport primordial à la mère dans la
constitution du phallus et de la fonction symbolique, il revient
ensuite sur le contenu de l'analyse du patient d'Ella Sharpe :
il choisit cette fois de s'attarder sur les aspects symptomatiques.
Il repart des éléments que sont les lanières des sandales de sa sœur,
qu'il coupe sans rapport à une utilité réelle, et le rapport qu'il a à
sa voiture. Dans les deux cas il n'en a pas besoin, et c'est plutôt un
rapport au désir dont il s'agit : je n'en ai pas besoin de ma voiture,
seulement j'aime cela, je la désire.
Lacan assimile les lanière ou courroies des sandales au petit a.
donc pour revenir au schéma : l'image de a c'est sa sœur, de 8 ans son
ainée, qui avait donc 11 ans quand leur père est mort et il en avait 3.
Or justement, le sujet ne se souvient avoir eu des souvenirs qu'à
partir de l'âge de 11 ans. Il pense cela comme un certain rapport
d'aliénation imaginaire de lui-même au personnage de sa sœur. Donc
l'image de a c'est bien sa sœur. Ensuite, il rappelle que la mort du
père est cruciale pour ce patient et s’interroge sur le sens de couper
les lanières dans cette histoire, en essayant de le penser avec la
castration et le I, l'idéal du Moi, et enfin de revenir à la situation
analytique entre E.S et son patient ;
La voiture donc est un objet beaucoup plus satisfaisant pour le sujet
que les lanières dont il ne comprend toujours pas le sens ; à
l'intérieur de sa voiture il est bien, il s'en sent le maître, il en
jouit. Pour les lanières il ne sait pas.
IL se pose la question de ce qu'il en est de l'image de l'autre pour ce
patient à travers ces éléments
Du point de vue du rêve éveillé, l'image de l'autre est du coté du
couple d'amants qu'il s'agit de séparer par la petite toux, ou alors,
l'image de l'autre en tant que chien dans le fantasme où il aboie comme
chien pour qu'on ne sache pas qu'il est là.
Dans les 2 cas, il s'agit soit de séparer, soit de s'identifier à un
phallus animal, mais jamais d'exister dans la possibilité d'un acte
sexuel. Ainsi il ressort que le sujet n'est pas à l'aise avec la
conjonction sexuelle et le fait de se vivre comme un homme actif dans
le rapport, et ce parce qu'il ce serait identifiée à la femme, sa sœur
: « si c'est double c'est séparé, si c'est simple, c'est pas humain ».
Ainsi face à la conjonction sexuelle, il n'y a plus personne, plus de
sujet, il n'est pas là. De plus son idéal du Moi, serait du côté de la
dame, de sa sœur, de son analyste, et c'est bien à cet endroit que rien
ne doit bouger. Ainsi, Lacan souligne l'erreur d'Ella Sharpe de
reconnaître la toute puissance du côté de son patient alors que, c'est
manifestement du côté du grand Autre qu'elle se situe.
Il rappelle que ce patient n'arrive pas à plaider, et que cette
incapacité serait éventuellement la façon qu'il a de maintenir l'Autre
hors de la castration, de lui maintenir le phallus, « le signifiant qui
a toutes les valeurs » au sens où M. Klein l'introduit dans la
Psychanalyse des enfants.
Ainsi dans le cas du patient d'Ella sharpe le phallus est du côté du
grand Autre, il ne peut donc pas le mettre en jeu, et est coincé du
côté de la panne.
Il remarque en l'occurence, qu'Ella Sharpe s'interdit elle aussi de
plaider et renverse l'origine de la résistance dans l'analyse comme
étant ici celle de l'analyste plutôt que du patient ; elle se
tromperait sur le sens de ce qui empêche de franchir la barrière : ce
serait non pas le père, qui en fait est bien mort depuis longtemps, ni
le conflit homosexuel, mais le fait que le sujet n'en est pas encore à
reconnaître la différence de sexe, à la possibilité de se différencier
de sa sœur en tant qu'elle est châtrée, que par rapport au phallus elle
est sans l'avoir.
Lui en quelques sortes, il a besoin qu'elle l'ai. Le phallus pour lui
est dans la femme.
Il ne peut pas oser plaider sa cause devant une femme. Pour Lacan E. S
fait une erreur quand elle invite son patient à se servir du phallus
comme une arme, alors qu'il n'y a pas d’éléments tangibles qui
permettent de penser que le patient a parler du phallus comme étant
dangereux pour lui.
Ce que retrouve Lacan dans le fil associatif du patient c'est les
traces d'un vécu d'avoir été ficelé à son lit, peut-être dans une
position de répression de la masturbation. Ainsi l'énigme du fantasme
de couper les lanières, ne se résoudrait pas dans le rapport à la scène
primitive et à l'accouplement des parents. Il revient sur le sens du
symptôme d'énurésie comme permettant de séparer les parents dans leur
acte sexuel, mais en mettant en garde de ne pas plaquer les
interprétions et de rester bien près du matériel apporté par le
patient. Le patient lui, raconte plutôt le fantasme qu'il a eu de
tomber en panne avec sa petite voiture au milieu de la route et
d'empêcher ainsi le couple royal de passer. Lacan interprète donc cela
plus du côté de la recherche du phallus que, du pipi au lit séparateur
des parents.
Il place ce fantasme du côté de l'incongruité, d'une mise en scène qui
s'articule autour de l'énigme d'une aphanisis, d'une disparition, comme
situation fondamentale. Mais non pas l'aphanisis dans le fait de
disparaître, mais plutôt dans la logique de faire disparaître le
phallus là on croit qu'il est. Le phallus est donc ainsi préservé,
n'est pas mis dans le jeu du rapport à l'autre et ne risque pas d'être
perdu. Mais Lacan fini par ce retournement qui consiste à dire que la
névrose ne situe pas tant dans la peur de la castration, que dans la
difficulté à accepter que l'Autre soit châtré.
Donc de vouloir maintenir l'autre à l'endroit de la toute puissance, de
l'Un de la mère peut-être dont on resterait dépendant pour se sentir
exister, et qui entrave ainsi tout accès à son propre pouvoir et à son
autonomie.
Leçon 13
Jean-Jacques Lepitre
Première leçon sur Hamlet. Il revient sur sa conclusion de
l’interprétation du patient d’Ella Sharpe et de la formule qu’il
donnait i(a)/ S barré <> a/ I. I, identification idéale, où
viennent les lanières découpées des sandales de la sœur, et où on peut
reconnaître l’évocation du phallus. Et où la problématique du patient
serait être ou ne pas être le phallus. Ce « être ou ne pas être » le
fait associer avec Hamlet. Et à juste titre de ce qu’Hamlet serait
exemplaire de la problématique du désir et de la castration. (nb : et
tout l’atermoiement relevé par les auteurs). Freud, dès la « Science
des rêves » évoque Hamlet à la suite d’une première évocation de
l’Œdipe, et ce de façon très tranchée :
« Une autre de nos grandes oeuvres tragiques, Hamlet de Shakespeare, a
les mêmes racines qu'Oedipe-Roi. Mais la mise en oeuvre tout autre
d'une matière identique montre quelles différences il y a dans la vie
intellectuelle de ces deux époques et quel progrès le refoulement a
fait dans la vie affective de l'humanité. Dans Oedipe, les
fantasmes-désirs sous-jacents de l'enfant sont mis à jour et sont
réalisés comme dans le rêve; dans Hamlet, ils restent refoulés, et nous
n'apprenons leur existence -tout comme dans les névroses- que par
l'effet d'inhibition qu'ils déclenchent. Fait singulier, tandis que ce
drame a toujours exercé une action considérable, on n'a jamais pu voir
clair quant au caractère de son héros. La pièce est fondée sur les
hésitations d'Hamlet à accomplir la vengeance dont il est chargé; le
texte ne dit pas quelles sont les raisons ou les motifs de ces
hésitations; les multiples essais d'interprétation n'ont pu les
découvrir.
Selon Goethe, et c'est maintenant encore la conception dominante,
Hamlet représenterait l'homme dont le pouvoir d'agir directement est
paralysé par un développement excessif de la pensée ("il se ressent de
la pâleur de la pensée"). Selon d'autres, le poète aurait voulu
représenter un caractère maladif, irrésolu et neurasthénique. Mais nous
voyons dans le thème de la pièce qu'Hamlet ne doit nullement nous
apparaître incapable d'agir. Il agit par deux fois: d'abord dans un
mouvement de passion violente, quand il tue l'homme qui écoute derrière
la tapisserie; ensuite d'une manière réfléchie et... ...même
astucieuse, quand, avec l'indifférence totale d'une prince de la
Renaissance, il livre les deux courtisans à la mort qu'on lui avait
destinée. Qu'est-ce donc qui l'empêche d'accomplir la tâche que lui a
donnée le fantôme de son père? Il faut bien convenir que c'est la
nature de cette tâche. Hamlet peut agir, mais il ne saurait se venger
d'un homme qui a écarté son père et pris la place de celui-ci auprès de
sa mère, d'un homme qui a réalisé les désirs refoulés de son enfance.
L'horreur qui devrait le pousser à la vengeance est remplacée par des
remords, des scrupules de conscience, il lui semble qu'à y regarder de
près il n'est pas meilleur que le pécheur qu'il veut punir. je viens de
traduire en termes conscients ce qui doit demeurer inconscient dans
l'âme du héros; si l'on dit après cela qu'Hamlet était hystérique, ce
ne sera qu'une des conséquences de mon interprétation. L'aversion pour
la sexualité, que trahissent les conversations avec Ophélie, concorde
avec ce symptôme. Cette aversion qui devait grandir toujours davantage
chez le poète, dans les années qui suivirent, jusqu'à atteindre son
point culminant dans Timon d'Athènes. Le poète ne peut avoir exprimé
dans Hamlet que ses propres sentiments. Georges Brandes indique dans
son Shakespeare (1896) que ce drame fut écrit aussitôt après la mort du
père de Shakespeare (1601), donc en plein deuil, et nous pouvons
admettre qu'à ce moment les impressions d'enfance qui se rapportaient à
son père étaient particulièrement vives. On sait d'ailleurs que le fils
de Shakespeare, mort de bonne heure, s'appelait Hamnet (même nom
qu'Hamlet). De même qu'Hamlet traite des relations du fils avec ses
parents, Macbeth, écrit vers la même époque, a pour sujet le fait de ne
pas avoir d'enfant. 232 De même que tous les symptômes névrotiques et
le rêve lui-même qui peut être surinterprété et doit même l'être, si on
veut le comprendre, toute vraie création poétique correspond à plus
d'un motif et plus d'une émotion dans l'âme du poète et pourra avoir
...plus d'une interprétation. J'ai essayé ici d'interpréter seulement
les tendances les plus profondes de l'âme du poète ». « La Science des
Rêves » Freud, Sigmund
Hamlet est donc inhibé quant à sa vengeance car Claudius a réalisé un
sentiment oedipien refoulé, alors qu’il est capable d’action par
ailleurs, cf les deux amis espions qu’il fait tuer sans hésitation, et
le coup d’épée lors de sa rencontre avec sa mère. (nb : mais croit-il
l’apparition du père ? Cf la nécessité de la scène dans la scène .)
Hamlet a toujours fait énigme pour les auteurs, et même après Freud les
psychanalystes n’ont pas été plus efficients. A la différence d’Œdipe
qui ne savait pas, Hamlet sait la mort du père. Et à la différence du «
rêve du père mort » où l’Autre ne sait pas, ici l’Autre sait qu’il est
mort et qui l’a tué. Il reste le mystère de cet étrange final où
Hamlet, enfin vengeant son père, ne peut le faire qu’en mourant
lui-même. Lacan y promet un éclaircissement de la castration. Et aussi,
dans l’analyse de la pièce, d’y suivre le chemin du désir. Autour
d’Ophélie il a ouvert une parenthèse autour du destin féminin, qui
irait à se décomposer dans « l’être mère ».
Leçon 14
Delphine Rochet
Le piège à désir :
Lacan poursuit son analyse d’Hamlet. Il fait une sorte de « revue de la
littérature » psychanalytique sur cette pièce, en essayer d’en dégager
ce dont il s’agit, c’est-à-dire une tragédie du désir.
Il commence par situer la pièce dans son contexte historique, à la mort
de la Reine Elisabeth, en 1601, la reine vierge qui a su maintenir une
très longue période de paix pour le pays, après une période de chaos.
Il critique les analyses psychanalytiques de la pièce, dont celle
d’Ella Sharpe, qu’il trouve décevante et sur laquelle il reviendra plus
tard. IL souligne l’abondance incroyable de la littérature sur Hamlet
et l’extraordinaire diversité des interprétations à travers l’histoire,
donnant les résultats les plus divers et extravagants. IL décide de
partir de l’article de Jones de 1910 paru dans l’American Journal of
Psychology intitulé Le complexe d’Œdipe en tant qu’explication du
mystère d’Hamlet – une étude de motivation. Jones aborde donc le
problème d’Hamlet, à la lumière de Freud, sous l’angle de la
signification que peut prendre pour lui l’objet féminin. Jones fait une
sorte de résumé de ce qu’il appelle le mystère d’Hamlet. Les efforts de
la critique de Jones se sont groupés en deux versants : le premier
interroge la psychologie d’Hamlet. S’y développent les positions de
Goethe et de Coleridge qui bien que distinctes, s’articulent toutes
deux autour de la forme spirituelle du personnage d’Hamlet.
Pour Goethe, Hamlet c’est l’action paralysée de la pensée, une pensée
nourrie par une étude tellement approfondie du jeu de la vie et de ses
complexités, qu’elle suspend son action. Coleridge ira dans le même
sens en décrivant le caractère psychasthénique d’Hamlet et sa
difficulté à s’engager dans une voie (ça fait penser à l’hystérie et à
l’ambivalence névrotique).
L’autre versant concerne l’embarras extérieur d’Hamlet dont la critique
a été faite principalement par Klein et Werder, deux psychanalystes
berlinois de la fin du XIXe siècle : « la tâche qu’Hamlet s’est donnée
aurait été de faire reconnaître à son peuple la culpabilité de
Claudius, qui, après avoir tué son père et épousé sa mère, règne sur le
Danemark ». Lacan invalide cette critique en précisant que dans tous
les cas, Hamlet ne se pose pas le problème de cette façon.
Le principe de son action est la vengeance de son père par le meurtre
de celui qui l’a tué. C’est bien le meurtre qui doit s’accomplir et
face auquel Hamlet a du mal à se mobiliser.
Ensuite, Lacan développe un troisième versant où Jones introduit la
position analytique, selon laquelle Hamlet, sans douter de devoir le
faire, répugner à se commettre le meurtre de Claudius., il n’a pas
envie de le faire – autrement dit ça pose la question de son désir –
c’est la tâche même qui le met en conflit intérieur. La conflictualité
ne vient ni de sa structure interne, ni de la situation extérieure,
mais de la tâche qui s’impose à lui.
Apparaît donc la notion de conflictualité interne à la tâche qui, selon
Jones, n’est pas nouvelle et avait déjà été élaborée par Loening.
Cette notion est importante en termes de méthode, car elle relève de la
question de savoir où gît le conflit ? Jones considère, contrairement à
certains auteurs allemands qui s’interrogent sur la nature légale ou
morale de la contrainte inhérente à l’action d’Hamlet, que les ressorts
inconscients de son conflit se trouvent dans quelque chose de beaucoup
plus concret et radical.
Dans la dernière version de la critique d’Hamlet par Jones en 1910,
apparaît « le paradoxe que le poète et l’audience sont tous deux
profondément remués par des sentiments dus à un conflit de la source
duquel ils ne sont pas conscients – ils ne sont pas éveillés, ils ne
savent pas de quoi il s’agit »
Suite auquel Lacan évoque la structure mythique de l’Œdipe, ou
l’arrangement mythique que l’on pourrait relever dans la pièce, comme
signifiant quelque chose de général pour tous les humains. Or, il fini
son paragraphe en ouvrant sur l’idée que c’est justement d’autre chose
qu’il s’agit.
Dans la seconde partie, Lacan développe la thèse selon laquelle Hamlet
développe les différents plans dans lesquels vient se situer le désir
dans ses rapports freudiens avec le désir et la castration. La
particularité de cette pièce n’est pas seulement de présenter
l’éternelle saga du fils qui veut tuer le père mais, en poussant les
choses plus loin de sorte qu’il en vient à modifier la structure
fondamentale de ce conflit.
En effet, la pièce fait apparaître la question du désir dans son
caractère le plus essentiellement problématique c’est-à-dire dans la
mesure où l’homme à le trouver, à le situer. Et chez Hamlet ce désir ne
peut s’achever qu’à condition qu’li se réalise, donc qu’il soit mortel.
Lacan rentre ensuite plus en profondeur dans le déroulement de la
pièce. Dans le fameux dialogue avec Horatio Hamlet exprime son
sentiment de révolte face au remariage rapide de sa mère, seulement
deux mois après la mort de son père, avec un homme d’une qualité
nettement inférieure. Puis dans les personnages d’Ophélie et de
Polonius sont introduits dans la scène III. Hamlet était amoureux
d’Ophélie et la repousse avec insistance maintenant.
Puis a lieu dans la 4e scène, la fameuse rencontre en Hamlet et e
spectre de son père sur la terrasse d’Elseneur. Hamlet se montre
courageux et reçoit le commandement du spectre de son père.
Lacan note que ce commandement consiste à faire cesser le scandale de
la luxure de sa mère et à calmer les excès de pensées qu’Hamlet peut
avoir envers elle. Le point décisif pour Lacan à ce sujet, est que la
question à résoudre ne concerne pas l’assassin mais la mère, et son
désir. Ce point est essentiel pour Lacan.
Il déroule ensuite le contenu du 2e acte où s’organise la surveillance
d’Hamlet par Polonius. Interviennent ensuite les personnages de
Guildenstern et Rosencrantz, d’anciens amis d’Hamlet dont il se méfie
aujourd’hui car ils sont devenus les véhicules du roi et face auxquels
il feindra une certaine folie que Lacan développera plus loin.
Guildenstern et Rosencrantz introduisent ensuite des comédiens qu’ils
ont rencontrés sur la route qu’Hamlet connaît bien et à qui il
demandera la récitation d’un passage de la tragédie où Enée raconte la
fin de Troie et le meurtre de Priam. Ce passage permet d’introduire un
des thèmes fondamentaux de la pièce : je cite la traduction de Lacan
des vers en anglais : « C’est ainsi que, comme un tyran en peinture,
Pyrrhus s’arrêta, et, comme neutralisé entra sa volonté et ce qu’il y
avait à faire, ne fit rien ».
Hamlet les fera intervenir intervenir dans le 3e acte et mettra en
scène un « théâtre dans le théâtre / the play within he play scene.
La suite s’ouvre sur le monologue d’Hamlet et la violence de ses
sentiments envers Claudius mais aussi envers lui-même face au désespoir
d’Hécube quand Priam est tué. Le désespoir de la mère face au meurtre
de son mari coupé en petit morceaux ;
« suis-je un lâche ? qui m’appelle à l’occasion vilain ?qu’est-ce qui
me démolit la caboche ? qu’est-ce qui m’arrache la barbe et m’en jette
les petits morceaux à la face …. »
Il confronte le roi à la réalité de son meurtre grâce à la play scene,
insupportable pour lui. La fonction de la play scene a été analysé par
Rank en 1919, comme étant de l’ordre de la première représentation par
l’enfant de la scène primitive. Lacan souligne l’incomplétude de cette
analyse qui mérite selon lui d’être articulée à l’ensemble. Il rajoute
que par la play scene, Hamlet essaye plutôt de donner une structure
fictive à la vérité qu’il essaye de dévoiler du meurtre de Claudius.
Hamlet essaye de se réorienter, de structurer quelque chose par rapport
à lui-même.
A la fin du 3e acte Hamlet est convoqué par sa mère, la reine, qui lui
dit qu'elle n'en peut plus : « O Hamlet, speak no more »
il surprend Claudius en pleine repentance , et il l'a a sa portée, il
pourrait le tuer mais il ne le fait pas. Il pourrait l'envoyer au ciel
s'il le tuait maintenant vu qu'il se repend. Or, son père lui a demandé
de l'envoyer en enfer ou au purgatoire.
Lacan réintroduit la question du to be or not to be – et je ne
comprends pas trop le lien qu'il fait avec le père d'Hamlet, ses crimes
et la question du suicide ...
ce qu'il veut c'est surprendre l'autre dans l'excès de ses plaisirs et
il est question de la mère d'Hamlet, de son désir, comme point clé.
Lacan décrit une scène qu'il qualifie de pathétique où est montré à la
mère le miroir de ce qu'elle est et où se produit un dialogue mère /
fils au cours duquel Hamlet demande à sa mère de rompre les liens avec
Claudius et la confronte au rapport de dépendance qu'elle peut avoir
avec lui : « le monstre damné de l'habitude » : « ce monstre,
l'accoutumance, qui dévore toute conscience de nos actes, ce démon de
l'habitude est ange encore en ceci qu'il joue aussi pour les bonnes
actions.. »
il relève deux répliques qu'il lui semble essentielles : l'une d'Hamlet
en réponse à Ophélie qui le félicite de très bien commenter la scène,
d'être un bon commentateur « je pourrais entrer dans l'interprétation
entre vous et votre amour, si je pouvais voir les « puppets » jouer
leur petit jeu », et il souligne l'importance de ce qui peut se jouer
entre you et your love.
La deuxième réplique qu'il relève est tirée cette fois, de la scène
avec la mère où le spectre apparaît pour dire à Hamlet : « glisse toi
entre elle et son âme en train de combattre, le « conceit » (définit
comme le concetto : la pointe du style) opère le plus puissamment dans
les corps fatigués ».
Lacan situe la véritable situation du drame dans cet endroit
intermédiaire entre .. et entre..
cet endroit est en effet celui de l'analyste, de l'intervention « avec
du style » entre elle et elle-même et son rapport à son désir.
Puis, il entame l'exploration du 4e acte, après que Polonius ait été
tué par Hamlet et qu'il ait caché son cadavre quelque part. Est
organisé une sorte de chasse au corps au cours de laquelle Hamlet
exprime un propos qualifié de schizophrénique par Lacan : « the body is
with the king, bit the king is not with body, the king is a thing of
nothing – le corps est avec le roi, mais le roi n'est pas avec le
corps. Le roi est une chose de rien »
Puis il fait un résumé du 4e acte où il se passe beaucoup de choses
rapidement :Hamlet a été envoyé en Angleterre puis est revenu aussitôt
car il a découvert qu’un attentat se tramait contre lui et a été sauvé
par des pirates, Ophélie est devenue folle, Laërte s’est révolté, mais
le roi a empêché la révolte en dénonçant Hamlet comme coupable et en
organisant un petit duel discret pour lui régler son affaire.
Puis la scène du cimetière met en évidence la parole des fossoyeurs
creusant la tombe d’Ophélie, et prépare le dénouement : Lacan se
demande pourquoi Hamlet accepte le défi de Laërte. Ce combat les verra
être blessé tous les deux, et atteindre aussi Claudius, qu’il
s’agissait de tuer depuis le début.
Il imagine un tableau mettant en scène le cimetière à l’horizon, le
trou de la tombe d’où l’ont verrait les choses s’échapper, et les gens
s’en allant comme : « à la fin de la tragédie oedipienne, se dispersent
et se couvrent les yeux pour ne pas voir ce qui se passe, à savoir
quelque chose qui est à peu près la liquéfaction de M. Valdemar. »
Hamlet qui tombe sur l’enterrement d’Ophélie a son retour d’Angleterre
sans savoir, voit Laërte se déchirer la poitrine et sauté dans sa tombe
avec elle, et saute à son tour en criant : « je suis Hamlet le danois »
Lacan s’interroge sur la soudaine identification d’Hamlet au danois et
renvoie au schéma et analyse cette identification comme un rapport en S
barré au petit a qui lui fait retrouver son désir pour la première fois
dans sa totalité.
Allers et retours permanents entre Hamlet et points théorico-cliniques.
Les 2 leçons sont assez cliniques et reprennent la différence entre N,
perversion, hys, et obsessionnel
1) Ophélie comme élément d’articulation essentiel dans le cheminement
d’Hamlet qui l’amène à « l’heure de son rdv » malgré lui.
2) Le Désir comme repérable en rapport avec des coordonnées subjectives
fixées par l'entrée dans le langage de l'enfant et son aliénation à ce
langage précis, familial.
Point essentiel, le destin de Hamlet rencontre de manière radicale le
désir comme étant soumis aux lois du signifiant. Il incarne la
dimension du sujet comme l'envers d'un message qui n'est même pas le
sien.
Premier temps pour articuler cette question :
Dans la pièce le drame du désir est que Le désir, c’est le désir de
l'Autre, en l’occurrence, la mère non barrée, toute puissante. Ce désir
de la mère est un désir qui ne choisit pas. Elle ne choisit pas entre
le mari idéalisé et son beau-frère. D'ailleurs, le drame de Hamlet est
qu’il est lui-même pris dans ce non-choix ( ne pas arriver à tuer).
Cette femme ne choisit pas car cette mère se montre libidinalement très
active, c'est une femme qui veut jouir.
renforcement image d'une mère toute puissante.( Même pas affectée ni
par la mort de son mari, ni par le deuil de son fils.)
Du coup, HAMLET choit face à cette toute puissance maternelle. Ni la
commande du meurtre de l’oncle, ni L’imploration d’Hamlet à
l'abstinence de sa mère ne tiennent. Face à sa mère, il finit par
abandonner.
Lacan pointe une dimension permanente du drame de Hamlet : Le rapport
de dépendance du désir au désir de l'Autre et interroge comment cette
dimension permanente a des conséquences sur le désir d’Hamlet, sur ce
quelque chose qui, dans le graphe à la forme du crochet.
(Lacan retrace le fonctionnement du graphe.)
Ce crochet, Lacan reprend que le désir vient se régler sur quelque
chose qui se trouve sur la même ligne du point du désir, mais en face,
qui se trouve être la structure du fantasme : le réglage imaginaire.
Fantasme, butée comme terme (aboutissement) de la question du sujet.
Au Ché Vuoi répond le fantasme.
Ce fantasme situé au niveau de l'inconscient s'articule d'une autre
chaîne signifiante que celle de la demande. C’est dans le sens où ce
fantasme arrive au niveau du message ou pas, qu'il reste refoulé ou
pas, que nous sommes dans une situation normale ou pathologique.
Comment nommer ces moments de franchissement du fantasme refoulé ?
Une fois les jalons du graphe repris, Lacan va reprendre ce moment
d’affolement du désir d’Hamlet qu’il va aborder par le biais de ce
réglage imaginaire du fantasme et va le relier. Dans ce réglage,
Ophélie est mise en place de petit a pour Hamlet (articulation de sujet
à l’objet dans le rapport au petit a) en tant qu’elle inscrite dans
cette symbolisation du fantasme. Elle en est le support imaginaire en
tant qu’elle se retrouve à une place d’objet de désir.
.
Lacan utilise la différence de conception de l’objet en psychanalyse
moderne et chez les psychologues pour aborder la notion de fading dans
la constitution de l’objet cad que le sujet se trouve en position
d’éclipse que ce soit dans le fantasme ou la demande cad marqué de la
barre parce que le sujet est en rapport non pas à des objets mais des
signifiants les représentant. La barre signale la présence dès
l’origine d’un signifiant énigmatique, le phallus.
Il termine ce point en concluant que le phallus est déjà là comme tel,
détruisant par rapport au sujet barréS
Il pointe la nécessité de ne pas confondre le rapport au signifiant et
le rapport à l’objet car dans notre cas, cet objet est autre. Il est
autre car il est objet du désir.
a= une altérité imaginaire.
C'est par cet autre qu’est l'objet du désir qu’est remplit une fonction
qui définit le désir qui fait qu'il vise un objet en tant qu'il est
déjà lui-même relativé, et c'est à dire mis en relation avec le sujet,
le sujet du fantasme. L'objet prend la place de ce dont le sujet est
privé symboliquement, c'est-à-dire le phallus.
C’est dans cette direction que cet objet imaginaire se trouve en
position en qq sorte de condenser sur lui ce qu’on peut appeler les
vertus ou la dimension de l’être, qu’il peut devenir ce véritable
leurre de l’être qu’est l’objet du désir humain : quid donc d’Ophélie.
Elle serait le leurre du désir d’Hamlet. Peut-être finalement par
rapport au fait qu’il soit plutôt pris dans le désir de la mère plutôt
que dans son désir d’homme .
Par ce biais, Lacan reprend la question du caractère fétiche de l’objet
c’est-à-dire en quoi un objet va être élu pour garantir toute la
jouissance du sujet.( substitut manquant à la mère, le phallus). Cet
objet va avoir une haute valeur aux yeux du sujet qui ne pourra jouir
que par le biais de cet objet. Ce rapport de valeur est corrélée au
monde des signifiants puisque c’est par eux que l’objet prend toute sa
valeur.
Tout désir humain a un caractère fétiche.
Reprend sur sa formule Sa pour reprendre qq caractéristiques de
l’objet a dans le désir pervers
Petit a :
1) Est qq chose de plus large qu’une personne, cela peut-être une
chaine signifiante, un scénario. La manière dont il utilise, décrit le
petit a est parfois embrouillante.
2) Le caractère opaque de l’objet a par rapport au désir, ( a son
apogée dans la perversion)
3) Est toujours lié au pathétique, à la douleur d’exister. Ex de celui
qui subit l’injure se trouve être un point intéressant le sujet. ( lien
avec la tirade d’hamlet envers Ophélie qu’il dévalorise, lui-même étant
un être mauvais puisqu’il n’arrive même pas à faire changer sa mère et
tuer l’oncle).
Différence entre névrose et perversion :
Dans la perversion, le rapport au petit a est articulable ; dans la
névrose, il est interprétable cad dans son rapport de sujet à la
castration (S)
Face à l’interrogation du désir (Che vuoi), le sujet tente de se
ressaisir dans le fantasme, dans cet au-delà de la demande, dans cette
dimension même du discours de l’Autre, ce que Lacan nomme l’heure de
vérité. Pour Lacan c’est un autre point de différenciation de structure
entre Névrose et perversion.
Dans la perversion, le sujet est hors du temps.
Dans la névrose, il est inscrit dans un temps décalé, toujours trop tôt
ou trop tard, toujours raté.
Hys : le trauma est arrivé trop tôt
L’obsessionnel : il anticipe trop tard : procrastination
Et c’est là qu’on retrouve Hamlet, c’est toujours trop tôt. Ce n’est
jamais le bon moment pour que le châtiment tombe. Ca rate toujours. Il
n’est pas au rdv.
Dans la névrose, le sujet cherche à lire son heure.
Hamlet est toujours suspendu à l’heure de l’Autre notamment de la
mère.( il lâche devant cette mère très désirante)
Son geste, il finira par le faire à l’heure de l’Autre. Il va
rencontrer son heure sans le savoir puisqu’il va pour jouer encore une
fois (comme il joue à faire le fou) malgré un petit doute repris par
Horatio.
Hamlet reste collé à l’heure de ses parents et Lacan va montrer en quoi
il y reste collé (De la mère, donc il ne peut pas tuer Claudius, et du
père sans reprendre ce désir à son compte de fils dans un désir de
justice personnelle par ex). il reste pris en balance entre la parole
de la mère et la parole du père représenté par le Ghost. Il ne peut pas
choisir. Choisir l’aurait-il sauver ?
Lacan distingue Hamlet d’Œdipe car Hamlet lui, il sait et il y va quand
même si sa manière d’y aller ressemble à celle d’un crabe.
Ce savoir et cette folie de surface seraient des traits du héro
moderne. Faire le fou, dimension du héro moderne. Celui qui sait ne
peut que faire le fou pour y faire face.
Nous voilà arriver au point où Ophélie a à remplir son rôle, un rôle
essentiel.
1) Ophélie, on en parle comme étant la source de la tristesse d’Hamlet.
Polonius son père, pense qu’Hamlet est malheureux parce qu’Ophélie ne
le rend pas heureux. Et ça, Polonius ne le supporte pas
2) Le personnage d’Ophélie se trouve être présente après qu’Hamlet ait
vu le spectre. Elle fait tout une description du moment de vacillement
d’Hamlet. Il semble ne plus se reconnaitre et reconnaitre Ophélie en
place d’objet amoureux. Lacan reprend que les limites imaginaires entre
le sujet et l’objet changent dans l’ordre du fantastique, de l’étrange.
Il y a mélange entre la structure du fantasme, l’image de l’autre et le
moi.
a. Dissolution d’Ophélie en tant qu’objet d’amour. Elle devient un
objet déchet et est traité comme tel dans le discours d’hamlet.( du
côté d’un pondeuse, d’une corporelle, comme sa mère : id° à face haine
de l’objet maternel.)
Elle n’est plus qu’un phallus qu’il rejette à l’extérieur de lui car
symbolise trop l’aspect libidinal de la femme
b. Si on suit Lacan, Ophélie est donc passée de la place d’objet a à
phallus. D’où la formule : S. Validé par l’attitude d’Hamlet dans la
play scene lorsqu’il met sa tête entre les jambes d’Ophélie pour
montrer à sa mère où serait son désir. (rapport phallique à l’objet du
désir)
3) Le temps de la scène du cimetière :Ophélie reprend une valeur pour
Hamlet dans le rapport de rivalité et de jalousie à Laërte. Elle
reprend sa place d’objet petit a et se trouve réintégrer pour Hamlet
dans la possibilité d’un combat qui le ramènera à son acte. Point
repris dans la leçon 18.
Leçon 18 Katia Mesmin
Lacan reprend sur le point essentiel du fonctionnement d’Hamlet : il
n’est jamais à l’heure. Mais quand il agit, c’est avec précipitation,
quand s’offre l’occasion. Quel serait du statut de cet acte :
acting-out ? passage à l’acte ( A quel occasion Hamlet se
précipite-t-il ? : tuer Polonius, rejeter Ophélie, entrer dans le duel
avec laërte ?)
Reprise des 3 notions autour de l’acte
acting-out : agir plutot que se remémorer, mettre en mot.
acte : coupure signifiante structurante qui permet de trouver ds
l'après-coup radicalement transformé. Lacan dira dans le séminaire sur
l’angoisse que c’est opérer un transfert d’angoisse.
acting-out : donne à entendre à qq'un qui est devenu sourd. il y a une
adresse et c'est une conduite à déchiffrer. c'est une demande de
symbolisation. il mime ce qui ne peut pas se dire par défaut de
symbolisation. le sujet ne parle pas en son nom. coup de folie pour
éviter une angoisse trop importante. c'est un billet aller-retour.
passage à l'acte : un billet sans retour. Il se produit quand se
dévoile ce qu'il est objet a pour l'Autre. du coup, il se laisse
choir.--> angoisse incontrôlable. Le sujet sort de la scène du
fantasme. le passage à l'acte est une demande d'amour sur fond de
désespoir, faite par un sujet qui ne se vit que comme déchet à évacuer
à ce moment là. EXIT( sortie). Je me demande si on peut dire la même
chose d'un passage à l’acte hétéro-agressif.
Etre à l’heure de l’Autre se trouve être un mirage puisqu’il n’y a pas
d’Autre de l’Autre car le grand Autre est barré. (Pas de signifiant du
manque dans l’Autre) L’heure de l’Autre, c’est la sienne. Il n’y a pas
de signifiant qui viendrait garantir sa vérité. Lui seul sait.
La seule heure, c’est sa propre perte.
Lacan se demande pour quelle raison la destinée d’Hamlet ne peut être
que dramatique car la rencontre de notre heure est le lot de tout un
chacun. Son heure, cela aurait aussi pu être, son assomption à une
fonction estimable comme pour tout un chacun. Malgré tout, sa place de
roi ne lui était pas directement destinée.
Premier point que Lacan repère, c’est qu’il manque d’un but dans la
vie. Hamlet se questionne aussi à ce sujet par rapport à Fortinbras qui
lui, est prêt à faire la guerre pour un petit bout de terrain.
Lacan se demande à nouveau de quoi s’oriente Hamlet et comment HAMLET
peut répondre à la question qu’il se pose.
Différence entre a objet du désir
a objet dans le désir. C’est cette partie-là qu’il s’agit d’approcher
dans Hamlet
différence finalement entre l’objet visé et l’objet cause.
Sa, le sujet privé de qq chose de lui-même, ce qq chose prenant une
valeur de signifiant. C’est en tant que l’objet est dans cette position
d’être perdu, élevé au rang de signifiant qu’il devient objet cause du
désir.
La question est du passage de l’objet de désir à l’objet dans le désir.
La tragédie d’HAMLET tente de faire le tour des fonctions de l’objet
cad du rapport du sujet barré à l’objet par le biais de la structure du
fantasme notamment en reprenant le tournoi avec Laërte :point final de
l’histoire, rdv d’Hamlet avec son destin.
Il est mis en place de champion d’un autre alors même qu’il est bien
moins bon que lui (fait-il croire) et qu’il est sûr de perdre. Malgré
cela, il s’engage pour le compte de son oncle pour des enjeux d’objets
flambants, flatteurs, désirables. Lacan note la dimension absurde de ce
tournoi et de ces enjeux alors même qu’il est sur le point d’aller tuer
son ennemi. Et il décide d’aller s’amuser un peu à ce jeu d’épée pour
pas grand-chose (qq objet).
Plutôt que d’y aller directement (tuer Laërte), il répond au format de
la demande l’Autre, le duel. Les autres pensent l’appâter avec tous ses
objets alors même qu’il ne va y aller que pour l’honneur, le combat,
basé sur un rapport de rivalité, à l’objet idéalisé du miroir qu’est
Laërte qu’il aime autant qu’il veut le tuer. (relation miroir emprunte
de rivalité, d’amour et d’agressivité). Il retrouve une sorte de but
dans ce rapport au miroir avec Laërte. Ce but, ce désir n’est pas
orienté par le phallus mais par l’objet idéalisé que constitue Laërte.
C’est parce qu’il entre dans ce jeu par la porte du leurre de la
relation au miroir qu’il y trouve sa perte, qu’il va rencontrer à son
insu la mort. Il n’y entre pas avec son phallus cad avec son manque.
Lacan repose la question : où est son manque ?
Cette mort insue, voilée est représentée dans la pièce par ce fleuret
qui passe de la main de Laërte à Hamlet sans vraiment savoir comment.
L’instrument de la mort, à l’occasion voilé, Hamlet ne peut le recevoir
que de la main de l’autre, qui se trouve être ici représenté
matériellement.
Lacan positionne le phallus à cet endroit ; il le rencontre à cet
endroit sous la forme de cette épée mortelle.
Hamlet= identification au phallus mortel.
Problématique du deuil dans Hamlet : quel rapport y a-t-il entre la
constitution de l’objet par le biais du fantasme et le deuil ?
Repart sur la raison de tuer Laërte : Hamlet ne supporte pas ce
déballage de sentiments de Laërte face au Dc de sa sœur. C’est ce qui
permet à Hamlet de réintégrer Ophélie en place de petit a. Il se
réintègre lui-même en tant qu’être affecté par la perte d’un autre. Il
y a une jalousie autour du deuil d’Ophélie. (Qui en fera le plus pour
elle ?)
C’est finalement dans la mesure où Ophélie est morte qu’elle redevient
pour lui objet dans son désir. Lacan y reconnaît la structure du désir
de l’obsessionnel mais il apporte une précision quant à ce point. Ce
n’est pas tant l’objet qui est impossible à atteindre (tout objet du
désir rencontre cette caractéristique) que le fait que l’obsessionnel
s’arrange toujours pour que l’objet qu’il rencontre prenne cette valeur
d’impossible.
Dans la suite de son articulation, il interroge l’identification du
deuil par le biais de la notion d’incorporation de l’objet perdu et se
demande quelle pourrait bien être la fonction du deuil.
Il aborde certains phénomènes du deuil proches de la psychose de part
la proximité du mécanisme à l’œuvre dans le deuil et dans la psychose
cad la verwerfung : le trou dans le réel ne trouve pas de possibilité
d’être représenté cad qu’il n’y a pas de signifiant qui va pouvoir
permettre une réponse de l’Autre à la perte de l’autre.
C’est à ce niveau qu’il existe une sorte de correspondance, dans cet
insymbolisable du trou dans le réel qui est rencontré dans la psychose
comme dans le deuil.
Le Ghost serait un effet de ce trou insymbolisable, un des effets de la
verwerfung. La question qu’on pourrait alors se poser : qu’est-ce qui
différencierait la psychose, des hallucinations visuelles, auditives ou
sensations de présence dans le deuil ?
Doit-on parler d’un trou a-symbolisable ou in-symbolisable ? (peut-être
que ce différencierait la mélancolie et le deuil : a-symbolisable= de
structure et in-symbolisable= dans un moment temporel fini)
La différence qui existerait entre deuil et mélancolie : dans le deuil,
malgré le manque de signifiant pour représenter ce trou dans le réel,
c’est un trou circonscrit à l’objet réel (l’objet perdu est constitué
et différencié du moi. Le sujet pourra donc s’appuyer sur cette
fonction pour tenir le coup. Alors que dans la psychose, ce trou n’est
pas circonscrit à l’objet réel mais concerne l’objet en tant que tel.
Il n’est pas constitué comme objet perdu cad comme significantisé
(introduction du phallus) et se trouve non différencié du moi. Le sujet
perdant son objet se perd lui-même.
Reprise de la nécessité des rites pour que le sujet utilise le support
de la communauté, comme support symbolique face à l’impossible à penser
de l’absence de l’autre. C’est par le biais de ces paroles sur le mort,
autour du mort qu’il va y avoir un tissage, un maillage symbolique face
au risque d’envahissement imaginaire.
Il y a surement à différencier une identification au mort (dans une
position masochiste) d’une identification aux traits du mort qui reste
moins risquée pour le sujet. Il me semble que Freud parlait d’un
réinvestissement-désinvestissement de chaque trait, chaque signifiant
reliant le sujet à l’objet perdu comme étant le processus du deuil pour
faire face à cet impossible à penser.
Leçon 19
Hamlet toujours. Dans Hamlet on ne parle que de deuils. De l’objet 3 valeurs possibles : d’usage, d’échange, de rite. Or dans Hamlet, les rites de deuil sont toujours entamés ou réduits. La mère ne respecte pas le temps du deuil, Polonius n’est pas enterré selon les rites, Ophélie n’a droit qu’à une part des rites et difficilement, le père n’a pas eu droit aux derniers sacrements, dernière confession. Quel rapport avec l’objet du désir, et comment le sujet s’y identifie dans le deuil ? Les drames d’Œdipe et d’Hamlet s’originent d’un même crime : le meurtre du père. Trame essentielle du rapport du sujet à l’Autre comme lieu où s’inscrit la loi. Freud en fait le mythe originel : « Totem et tabou ». Nous sommes tous « Œdipe », c’est-à-dire reproduisant le drame incarnant le mythe, dans l’innocence, l’inconscience de notre destin. (nb pour les filles ?). [« La vie est un songe », cité à tort, sans doute son titre évoquant l’inconscience du destin, celle d’Œdipe.] Réaccomplissant le crime du mythe, la réinstauration de l’ordre y compris par la punition infligée à soi-même, qu’Œdipe s’inflige, cette castration qui est l’humanisation de la sexualité et qui est la clef des accidents du désir (variations, fluctuations). Mais dans Hamlet, le crime est déjà su, réalisé, par la génération précédente. (secret de famille révélé). L’Autre, A, n’est pas barré de la même façon dans Œdipe et Hamlet. Dans le premier, il est le porteur de la loi, mais aussi y obéit, A. Dans le second, il est aussi A et même peut-être encore plus (nb ? qu’est-ce que ça veut dire ? Si A est une écriture logique soit ça est, soit ça n’est pas, ce n’est pas plus ou moins, ou alors c’est métaphorique ?). Alors quelle différence ? Œdipe a payé sa dette, castration, il s’est crevé les yeux. Pas le père d’Hamlet. C’est un peu confus son affaire, du coup il glisse à l’article de Freud : « Le déclin du complexe d’Œdipe », c’est-à-dire à l’installation de la phase de latence que celui-ci y évoque. C’est parce que pour le sujet c’est d’être dans une situation sans issue que l’Œdipe décline : s’il veut prendre la place du père, il sera châtré, s’il prend la place de la mère, il perdra aussi le phallus, Alors quelle est cette chose, qu’il précise réelle, non encore symbolisée, qu’est le phallus ? C’est la clef du déclin de l’Œdipe. Pour la fille comme pour le garçon, ils ne sont pas en mesure de l’avoir. Il leur faut en faire le deuil. (c’est là où se rejoint la notion de deuil). Et Freud, mais Lacan aussi, distingue ce déclin du refoulement, qui est le cas du névrosé. Et qui reviendra à la puberté. Parmi les objets possibles du deuil le phallus est différent des autres. Ce deuil, Freud dit que c’est une exigence narcissique, le sujet préfère abandonner une partie de lui-même qui lui sera dès lors interdite (rapport avec l’émergence du surmoi alors ?). Tout cela s’inscrit dans la relation d’amour avec les parents où l’enfant laisse tomber ce terme, le phallus, pour des raisons narcissiques. Narcissiques, cela renvoie à l’imaginaire comme il l’a montré, et là s’inscrit tout le rapport à l’Autre, avec au bout du compte cette perte radicale à laquelle le sujet ne peut répondre qu’avec ce qui le constitue sur le plan imaginaire, (image spéculaire ?) où il constituera quelque chose représentant en lui ce manque. Par rapport à son tableau : Castration/ Privation /Frustration, la première se rapporte à l’objet phallique imaginaire, dans une motion symbolique. Tout manque est un manque à sa place symbolique. Au niveau de la castration, il y a un sujet, sujet de la parole humaine, sujet réel, et qui est avec cette parole dans un rapport de castration. Alors que devient le sujet alors qu’il a été symboliquement castré ? Cela devrait être plus clair à poser ça en termes de deuil. Cette privation de tout ce qui l’attire biologiquement, voracité, sexualité, est soustrait sur le plan imaginaire dans le réel. Cette privation, que les philosophes appellent néantisation ou autre, c’est – F. C’est aussi l’objet a, du fantasme, du désir. Cet objet soutient le sujet à ce qu’il n’est pas, à savoir le phallus. Cet objet a est-ce l’objet génital ? Peut-il s’éclairer de l’écart entre la phase phallique et la phase génitale, et de la phase phallique à la constitution de l’objet. Les 3 formes du sujet dans la privation/ la castration/ la frustration : rapport au désir/ syncope dans le signifiant/ soumission à la loi. C’est autour de la position par rapport du phallus que tourne la pièce d’Hamlet. Il est déjà dans le père idéalisé, et puis il est là vivant dans le personnage de Claudius. Ce serait l’explication de l’hésitation d’Hamlet à frapper Claudius, car il est le phallus. Il dérive sur le fait qu’on n’ait pas pu tuer Hitler. Il précise qu’est bien là l’objet x, pas comme les autres, dont parle Freud (relation avec l’Idéal qu’incarne le leader ?). La manifestation du signifiant de la puissance, c’est ce dont il s’agit. C’est le phallus et Hamlet ne pourra l’atteindre que lorsqu’il aura fait le sacrifice de tout attachement narcissique, ( et ce sera quand blessé à mort, il n’a plus rien à perdre, étant déjà du côté de la mort, selon Lacan. Moi, c’est un peu avant quand il accepte ce duel étrange, fataliste après avoir perdu Ophélie). Il finit en retrouvant dans des formules d’Hamlet des analogies avec ce qu’il avance, remplaçant « King » par phallus, et dans la biographie de Shakespeare des éléments qui le confirme.
Leçon 20
Il veut recentrer son propos. Et aussitôt le dévie s’interrogeant sur la fonction de l’analyste et sur la durée déjà longue de l’intérêt pour la psychanalyse. Sûrement apporte-t-elle quelque chose de nouveau concernant l’homme dont pourtant la valeur ne se situe pas dans les résultats souvent discutables de la thérapeutique. Ce qui est le plus caractéristique de cette nouveauté qu’est la psychanalyse c’est ce qu’il appelle la « Chose freudienne », et cette Chose c’est le désir. Le désir depuis le départ de Freud se présente dans le cadre du « Lust », plaisir, en anglais, entre convoitise et luxure. Le principe de plaisir est aveugle, opposé au principe de réalité aussi bien qu’à la recherche du « Bien » des moralistes. Il est hétérogène à la recherche du bien. Le plaisir, le principe de plaisir ne se développe pas dans une harmonie avec le monde. L’histoire du plaisir, le « Lust », mais qui est aussi la convoitise, se développe dans l’insensé, l’inconscient. L’expérience analytique s’est développée autour de ce discours de l’inconscient. Mais discours qui se déploie dans la diachronie, cf par exemple le récit des rêves, ou le discours des analysants, et ceux-ci alors vont d’interprétations en interprétations. Or il s’agit pour lui d’en articuler la synchronie en tant que structure nécessaire. Pour cela il commence par évoquer un article de Glover qui vient résonner avec ce qu’il indiquait de l’écart entre l’approche classique de la réalité et son approche par la théorie analytique. Dans le cadre analytique, Glover définit la réalité comme ce dont on fait l’épreuve, au travers de la capacité à maintenir le contact avec les objets satisfaisants, de l’objectivité comme la capacité à maintenir l’existence de l’objet de satisfaction qu’il y ait gratification ou non, Mais à partir de ce départ qui ne trahit pas Freud, et qui souligne la particularité de l’approche psychanalytique, Glover introduit la notion d’une position de perversion pour maintenir cette réalité. Lacan ne s’en explique guère, mais il semble supposer, qu’à la façon de M Klein, pour Glover l’enfant aurait, à partir de son origine chaotique, fantasmes, pulsions, à constituer une réalité objective par adaptation à la réalité objective commune. Si je comprends bien : comme s’il y avait deux ordres de faits parallèles devant se rejoindre ? Il poursuit cette idée de dichotomie avec Hartmann et l’ego-psychologie où le moi devrait être adapté à la réalité constituée. Mais, la réalité américaine, c’est le monde, ironise-t-il, tel qu’il est vu par les avocats américains. Un mode de lois et de contrats. Quel rapport avec le désir, et même avec l’amour ? Dans ce rapport avec la réalité, il y a une confusion autour de ce qui la fonde, c’est-à-dire l’objet. L’objet du désir est un autre objet que celui du support objectif où se situe le rapport à la réalité. Ou plus exactement cet objet, celui du désir, est l’objet refoulé de la connaissance, dont la science s’est progressivement affranchie, cf le mythe d’Adam et Eve. Mais l’analyse est capable de rappeler ce qui est impliqué d’une position du désir dans cet effort de la connaissance. Mais du coup toute position philosophique comporte une renonciation de quelque chose, du côté du désir, et de ce fait l’objectivité se définit, au moins en partie, comme l’exclusion du désir vis-à-vis de l’objet. C’est donc à lutter contre l’écart entre l’objet pensé ainsi au cours des siècles, objet de la connaissance, et le désir qu’il tente d’articuler leur rapport dans la synchronie, et non dans une historisation, y compris individuelle, comme le fait, par exemple Glover. Il rappelle ici la formule du fantasme, S <> a, qui est toujours présent, au présent, il va le montrer. Le fantasme, c’est le support minimum du désir. Il situe l’assomption du sujet en a, dit-il, aussi légitime qu’en S, puisque le désir tient de la confrontation de S à a. « a est le support que se donne le sujet autant qu’il défaille ». Belle formule. Il précise : « pour autant qu’il défaille dans sa certitude de sujet ». « dans sa désignation de sujet » ajoute-t-il encore ? Là, c’est plus flou, mais il renvoie à l’Autre. Car le sujet a ce désir, le sien, dans l’Autre. Parce que dans ce discours de l’Autre, qui est l’inconscient, quelque chose fait défaut par la structure même qu’instaure le rapport du sujet à l’Autre en tant que lieu de la parole. Quelque chose fait défaut qui permettrait au sujet de s’identifier comme sujet du discours qu’il tient, et que le sujet y disparait dans ce défaut. Ce discours est celui de l’inconscient, et le sujet emploie à cette désignation de lui-même quelque chose de pris à ses dépens, non pas comme sujet de la parole, mais comme sujet réel, vivant, payant ce repérage de lui-même, défaillant, chaque fois qu’il est question de désir. C’est-à-dire payant la castration. Payer quelque chose de réel, sur lequel il a prise imaginaire, qui est porté à la fonction de signifiant. Que la castration soit intéressée chaque fois que se manifeste le désir, c’est la découverte freudienne. Le sujet payant, payant de sa personne, doit suppléer à ce rapport de lui-même au signifiant où il ne peut se désigner, se nommer comme sujet, problématique du shifter, du « Je », toujours insuffisant (l’analyse n’est-elle pas la poursuite de ce « Je », ou le « Connais-toi toi-même » socratique). Quant au « a » qui n’est pas lui un symbole, qui est un élément réel du sujet, il vient à supporter ce moment, dimension synchronique, où le sujet défaille pour se désigner au niveau d’une instance, qui est celle du désir. Le « a » est l’effet de la castration, pas son objet qui est le phallus. Le phallus qu’est-ce que c’est ? Il va l’illustrer par l’homosexualité masculine. Pour Freud, elle se manifeste par l’exigence narcissique que l’objet doit avoir cet attribut considéré comme essentiel pour le sujet. A la suite de Boehm, avec le rêve du patient d’Ella Sharpe, il semble considérer que c’est la présence du phallus dans le vagin, voire hors vagin, de la femme qui serait le terme imaginaire dernier des homosexuels. ( qui rechercheraient alors le phallus attribué à la mère chez leurs partenaires ?) Le phallus montrerait à l’extérieur ce qui est à l’intérieur imaginaire du sujet. C’est cette ambiguïté qu’il veut montrer. L’objet dans le fantasme, dans le rapport du sujet à la castration… Il reprend son tableau en forme de division, mais je ne comprends pas la correspondance des lettres, erreurs typographiques, avec ce qu’il dit. Mais l(important est que dans la dialectique du sujet à l’Autre par la demande, le reste, le résidu, c’est « a ». c’est dans la mesure où l’Atre, institué comme sujet, répond à la demande d’amour, et que cette demande devient demande de reconnaissance comme sujet que se pose alors la question de la vérité. C’est-à-dire en quoi la réponse de l’Autre à la demande fait vérité d’une reconnaissance. C’est pourquoi il ne peut pas y avoir d’Autre de l’Autre. C’est l’Autre, et lui seul en qui on peut avoir foi de la vérité, ou pas. Mais justement au niveau de l’Autre, non pas réel, mais comme lieu de la parole, quelque chose y manque, quelque chose manque au signifiant. C’est à ce niveau là que le sujet a à se repérer. Il a à instituer, de cette non garantie de la vérité de l’Autre, quelque chose, « a », ce reste de toutes les demandes, ce quelque chose qui est destiné à représenter un manque et la tension qui en résulte : c’est l’os de la fonction du désir. C’est la rançon de ce que le sujet ne peut se représenter, se situer dans le désir sans se châtrer, c’est-à-dire sans perdre le plus essentiel de sa vie. Mais à ne pas s’y risquer, il la perd sa vie, (cf « L’avare »). Et il peut la retrouver à s’y confronter, au phallus…( ?)
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Leçon 24
Leçon 25
Il commence la leçon en se référant à un article d’analystes parisiens qui, selon lui, confondent fantasmes pervers et perversions, se fondant soit disant sur ce que Freud a découvert : que les fantasmes inconscients s’originent des tendances perverses polymorphes de l’enfance. Il passe du fantasme pervers au fantasme du pervers notant que celui-ci se présente comme une séquence de film, ou, comme ça a été noté, un arrêt sur image. Puis à propos de l’objet du désir, qui est contenu dans le fantasme, à la distance du sujet à cet objet, ce que Bouvet a développé, principalement pour la névrose obsessionnelle, il en soulève le paradoxe, à savoir que s’il n’y avait pas de distance à l’objet, il n’y aurait pas de désir. Par ailleurs le fantasme suivrait-il une structuration génétique et selon les phases de la libido viendrait-il spécifier une relation particulière à la réalité ? Et alors où se situeraient les perversions ? Il poursuit ce fil avec un article de Glover où celui-ci s’interroge sur le développement du sens de la réalité dans la formation de la perversion. S’intéressant à la toxicomanie, il fait remonter le sens particulier de la réalité dans ce cas à la charnière entre stade paranoïde et névrose (ou dépression) chez M Klein. Celle-ci théorise le développement de la réalité comme l’extension du champ des objets extérieurs, ceux-ci étant chargés des éléments anxiogènes, et de plus en plus éloignés au fur et à mesure du développement et de leur nombre croissant. Et donc dans une sorte de dimension contraphobique. Il rappelle que sa conception de la phobie se distingue d’un certain nombre qui en cherchent la raison dans la réalité. Glover devant la diversité des perversions dont les origines seraient du coup à tous les étages du développement vient à en faire un moyen de recouvrir un trou, une faille, de préserver la réalité dans son ensemble. Lacan n’est pas d’accord avec cette perspective. Mais avant de s’en expliquer il revient à la phase paranoïde de M Klein en pointant que la dialectique du bon objet intériorisé et du mauvais objet externalisé, et qui peut être le même, la mère par exemple, suppose déjà une dimension signifiante dont il voit la trace dans la communication et les soins maternels. Ce qui explique la constitution d’un dedans et d’un dehors, ce qui suppose un tout, à savoir la totalisation d’une image globale, ce qui renvoie aussi bien au stade du miroir. Ce qui revient à dire que le discours qui organise le monde des objets, bons comme mauvais, déborde l’image spéculaire narcissique où le sujet se connait comme maîtrise de soi : i(a), puisque les mauvais sont au dehors. [Tout cela repose sur le présupposé que dedans et dehors ne peuvent exister que par partition due au signifiant. Les animaux n’ont-ils aucune perception d’un dedans et dehors de leur corps, y a-t-il même confusion que celle du nouveau-né ?] Ce seraient donc les mauvais objets, dehors, qui débordent l’image, lors des premières identifications à la mère, selon M Klein. Mais ces mauvais objets, paradoxalement, elle les dit internes. Alors comme aux bons le sujet s’y identifie. Paradoxe que Lacan relève mais sur lequel il poursuit, le faisant passer au plan des interdits. Et le réduisant à un seul, ce mauvais objet interne, l’interdit qui est attaché devient que si le sujet l’est, il ne l’a pas, s’il l’a, il ne l’est pas. [Il fait une sorte de réduction de la dialectique kleinienne du mauvais objet à la fonction phallique, même si celle-ci en situe des prémisses très tôt]. Il l’exemplifie des découpages de Dick de petits morceaux de papiers, de jouets, qu’il semble identifier à M Klein ou lui-même. [Ces petits morceaux qui sont d’entame sont-ils équivalents phalliques ?]. D’où il conclut : le désir n’est pas la demande. [Certes ! Mais encore ?]. Il repart de la demande en analyse où est inclu que le sujet ne se fie pas à son désir, qui est lui-même caractérisé par quelque chose qui ne peut pas être demandé. Cette division du désir et de la demande, il l’a introduite en suivant Freud à propos du complexe d’Œdipe féminin. La petite fille entre dans le complexe d’Œdipe en demandant ce qu’elle n’a pas, là où elle devrait l’avoir si elle était un garçon. Mais en fait adulte elle parviendra à l’avoir parce que c’est un signifiant, bien qu’elle l’ait comme moins [hormis l’union sexuelle parfaite, qui est une limite, concept limite]. Ce sera l’objet phallique séparé. C’est pour cela qu’elle pourra être perçue par l’homme comme castratrice. Bien sûr tout cela est inconscient, comme le fait que ce phallus qu’elle n’a pas elle l’est symboliquement. Inconsciemment elle l’a et elle l’est, et avec l’équivalence phallique de tous les objets séparables et en premier lieu l’enfant. Ce serait cette équivalence possible qui ferait la moindre fréquence des perversions chez les femmes, mais aussi qu’elles trouvent à les satisfaire avec leurs enfants. Quant à la jalousie féminine, elle s’origine du savoir que le désir, à la différence de l’amour, même si le sujet désiré est réduit à un signe, par exemple le fétiche, le désir vise l’être, ce en quoi ce signe se noue au réel. Retour à la fonction du phallus. Il l’a amorcée avec le mauvais objet interne. La métaphore paternelle y instaure une dissociation qui est celle de l’interdit : soit le sujet l’est, sous forme d’être l’objet de désir de sa mère, et il ne l’a pas, interdit de l’inceste, ou s’il l’a, identification au père, il ne l’est pas. Voilà la dimension œdipienne. Le névrosé use de cette alternance. Il est au niveau de l’Œdipe mais de façon métonymique régressive, à savoir qu’il affirme ne pas l’avoir pour mieux masquer l’être. Ceci de façon inconsciente. Dans sa fonction de désirant, il prend un substitut, pour l’obsessionnel ce n’est pas lui qui jouit, pour l’hystérique ce n’est pas d’elle dont on jouit. C’est la substitution du sujet au niveau du S par son Moi. C’est parce qu’il substitue son image à lui-même dans la dialectique du désir qu’il ne peut demander que des substituts. Dans l’expérience du névrosé : ce qu’il demande, il le demande pour autre chose. Car dans la mesure où il, son image, son Moi, s’est substitué à lui-même, son image qui est aussi l’image du semblable, il se substitue aussi à celui à qui il demande. Le moi venant du coup à la place de l’objet du désir. Ce qui amène le névrosé à satisfaire toutes les demandes de l’autre et qui se constitue un échec de son désir. C’est pourquoi on pourrait écrire dans le cas du nécrosé en place S<>a un phi barré poinçon i(a).
Leçon 26 :
Dans le champ de l’instinct, le rapport de cet instinct à l’objet est simple et déterminé. Concernant l’objet du désir humain les choses sont beaucoup plus complexes de résulter de lac combinaison et de la sommation des pulsions partielles. D’où la complexité sous-jacente à S<>a, notation du fantasme soutenant le sujet désirant, qui est le sujet du discours de l’inconscient. Il revient sur la distinction qu’il y a entre fantasme pervers, celui du névrosé, et structure perverse. Il prend comme exemple « Lolita » où se présentifie le fantasme pervers du névrosé, où se montre i(a) dans le héros du roman, et où apparaît la structure perverse dans un autre personnage en fin du roman. La plus radicale des positions perverses étudiée en analyse est la position masochiste. Elle est présentée comme un rapport radical du sujet à sa propre vie, en lien direct avec l’instinct de mort, et avec la désorganisation des instincts. Mais outre qu’un certain seuil ne saurait être dépassé dans les sévices subis, il est aussi négligé par les auteurs la relation au discours de l’Autre, illustrée de ce qu’une part de la jouissance masochiste tient à ce que l’Autre puisse parler du sort qui va lui être fait comme s’il n’était pas là. C’est en tant que la constitution du sujet tient au discours que ce discours peut le tenir pour pur néant, qu’il peut y avoir un rapport entre l’instinct de mort et le support du non-être qui est à la racine de toute symbolisation. Ceci est au fondement de la coupure à laquelle le sujet s’identifie, par rapport au flux vital continu (continuité, flux du coup indistinct). Cette coupure est à la fois constitutive et externe au discours [le silence entre les mots], donc le sujet s’y identifiant est forclos, [en sens de la forclusion, du rejet du symbolique et de l’imaginaire] et c’est en cela que le sujet s’appréhende et se perçoit comme réel. [c’est un des points, le point important de la leçon]. Il poursuit : c’est un approfondissement du « Je pense donc je suis », le sujet participe à ce discours en tant qu’ils sont deux, et que la coupure se loge dans la ponctuation, la syntaxe par où le « je » se réintègre. Retour au névrosé : pour lui le problème passe par la métaphore paternelle. Le père serait celui qui, mythiquement, jouirait tranquillement de son objet, mais qui aussi le masque derrière lequel se cache la castration. La castration du fils n’est que la suite de la castration du père [qui a été lui-même un fils]. Il n’y a qu’un seul phallus et ce serait ça qu’il s’agirait de cacher, et qui fait que le névrosé ne peut être le phallus qu’au nom de l’Autre. Le désir du névrosé c’est ce qui nait quand il n’y a pas de Dieu, c’est pas plus simple quand il y en a un, mais la possibilité de la suspension du garant suprême, c’est ce que cache en lui le névrosé et à laquelle est suspendu son désir. Ce qui lui fait remettre à plus tard son désir. [le névrosé a donc besoin du garant suprême pour son désir mais comme il met en doute ce garant..]. Le désir pervers a aussi affaire à la coupure. Comment cela se présente-t-il ? Il cite un article de Gillepsie où le fantasme du patient pervers serait d’être fendu par l’objet fendu qu’est le sexe de la mère. Ce serait par intériorisation de l’aspect fendu de l’objet, homologie avec le splitting, le clivage de l’objet bon et mauvais, d’où les références kleiniennes dans la leçon précédente, que se produirait le clivage du sujet pervers lui-même. Il l’illustre de Gide et de son homosexualité [structure perverse sans notation morale]. Il s’interroge aussi de la façon dont se fait la reconversion de l’impasse du désir dans la matérialité signifiante, Gide écrivain, dans le processus de sublimation. Sans y répondre. Examinant l’homosexualité de Gide, il a qualifié d’uraniste (homme s’identifiant à une femme), et pointe un rapport à un objet divisé où Gide retrouverait : 1) le garçon disgracieux qu’il était enfant 2) la présence du phallus dans cet objet narcissique. Mais quant à lui, Gide, homosexuel, mais ayant aussi cet amour hyper-idéalisé à sa femme, en rapport avec la mère, fantasmée en tant qu’elle possède ce mauvais objet, le phallus, ce qu’il ne veut pas pour lui. Il poursuit avec des citations de Gide où il s’avère que sa jouissance d’enfant se produisait à l’occasion de la chute, de la perte évoquées par des récits. Il égalise cela à la coupure. Il avance, mais sans l’expliciter plus, la fréquence dans ces cas, (d’uranisme ?), de l’identification du sujet au phallus comme objet interne de la mère. A la différence du névrosé qui ne l’est qu’à condition qu’il ne l’ait pas, et c’est cela qu’il lui faut masquer, d’où l’angoisse de castration croissante à mesure de l’avancée de la cure, le pervers lui l’est et l’a en même temps, il l’est de ce « elle l’a » de l’identification primitive à l’objet et du il l’a. La coupure, la fente subjective est ce qu’il s’agit de symboliser dans la perversion comme dans la névrose. Il y a quelque chose de semblable dans l’homosexualité féminine. La jeune « homo » de Freud, elle aussi, est le phallus en tant qu’objet interne de la mère. Elle en fait don à son idole au travers le suicide. On retrouverait selon lui au centre de toute homosexualité un rapport entre l’identification primitive, I, et l’identification narcissique i(a). Une schize entre la première identification, le rapport à la mère, les premières forclusions, et la seconde identification, celle à la forme spéculaire, c’est ce qu’il appelle la fente. Et le phallus est là le signifiant essentiel du désir de la mère pour l’Autre, et qui intervient dans le rapport fantasmatique du sujet. Ce désir de l’Autre, (de la mère d’abord ?) est aussi problématique pour le pervers que pour le névrosé. Si le désir est à l’horizon des demandes du névrosé, il est au cœur des demandes du pervers. Et ce quelque chose au cœur il l’illustre de la récupération par Gide d’une bille laissée par son père au cœur d’un trou dans le bois d’une porte ? Quel rapport véritable ? [le détail qui me semble un peu plus patho c’est que Gide se soit laissé pousser l’ongle du petit doigt pendant un an pour parvenir à récupérer la bille?? Un tournevis aurait suffi.]
Résumé Leçon 27 :
1.Année consacrée à la place du désir dans l’expérience analytique. Il y insiste. A cette époque cette expérience est abordée, pensée par ce qui s’appelle la « relation d’objet » tant sur le plan théorique que pratique. La théorie kleinienne n’y est pas tout à fait étrangère. C’est dans cette relation d’objet qu’est mesuré le progrès de l’analyse, de la cure, ce qui produit comme fil de références de la pratique une normativation moralisante. Ce n’est pas tant que les interventions de l’analyste soient normatives ou moralisantes que le fait que l’analyste lui-même y trouve ses repères, dans cette relation d’objet, à savoir les moyens d’appréhender la qualité des relations du sujet à ses objets. Ce qui implique un système de valeurs, ancré dans les présupposés culturels de l’analyste, par où seront saisies les difficultés de l’appréhension affective du sujet vis-à-vis de ses objets, de l’autre. La recherche de ces difficultés, de leurs origines, va conduire régressivement aux diverses identifications primitives avec leurs bons objets intériorisés et leurs mauvais externalisés, référence kleinienne, avec l’idée d’une nécessité de les réorganiser. Avec du coup deux présupposés : - 1°) Que le sujet se réduit à ses identifications [plus de liberté donc !]. – 2°) Que cette réorganisation nécessaire ne peut se faire qu’en fonction d’une réalité, forcément, dont l’analyste serait conscient, c’est-à-dire en fonction de ses propres critères, et dont l’analysant serait plus ou moins éclairé ou inconscient. 2.Il veut s’opposer à pareille conception pour ramener au premier plan la subjectivité et pour cela il met le désir en avant. Le désir est partie de la subjectivité, voir est la subjectivité. [dans la mesure où le désir mobilise le sujet comme agent]. C’est l’expérience morale depuis toujours, cf les philosophies et les religions. Spinoza dit : « Le désir est l’essence même de l’homme ». Et y compris dans sa négativité : les mauvais désirs, le rejetable, le coupable. Et la distance entre le désiré et le désirable, le permis je suppose, est ce à partir de quoi l’expérience analytique s’articule. Le désir est en nous le ressort de toute une série de comportements et d’actions représentant le plus profond de notre vérité. Le désir n’est pas à confondre avec l’élan vital. Il n’est ni simple ni harmonieux, mais bien problématique, dispersé, polymorphe, et n’apparaît pas véritablement dans l’analyse (!!). Il est pourtant original et irréductible. Alors ? 3. Alors est-ce par les voies de l’objet dans l’expérience du transfert que peut s’éclairer le désir ? L’expérience du transfert est expérience de répétition régressive de ce que la demande reste sans réponse de la part de l’analyste. Mais, il reprend sa critique, si l’analyste guide l’analysant vers l’objet, voire s’il reconnait participer, voire être cet objet, on va avoir les aberrations de « la distance à l’objet » telles qu’il en a donné les illustrations et se traduisent souvent par des passages à l’acte de perversion transitoire. Ceci prenant à contre sens ce dont il s’agit dans le stade du miroir, dans la relation narcissique, dans une réduction de cette distance dans le transfert, jugée trop grande ou trop petite, est considérée alors comme une distorsion du moi par rapport à la réalité. Mais cette estimation de la bonne ou mauvaise distance, avec à l’arrière-plan une norme de la bonne réalité supposée, ne font que reproduire la relation médecin malade classique avec le premier comme maître et sachant, dans une psychothérapie qu’on peut qualifier de pré-analytique, où si le patient est bien un semblable, c’en est un mais engagé dans l’erreur. [typiquement les TCC]. L’analyse, à la différence, suppose que l’analysant, aussi éloigné de nos normes qu’il soit, psychotique ou étranger, par exemple, est un semblable, aussi, mais auquel nous sommes liés par des liens de charité, c’est-à-dire de respect de notre image (! notre !). C’est-à-dire comme un sujet comme nous pris dans les conséquences et les risques du rapport à la parole. Du coup le désir se situe au-delà d’une poussée obscure, la pulsion, car celle-ci est prise dans la chaîne signifiante, ce qui la déconnecte de sa simple nécessité vitale, et en permet la distinction et la différenciation de sa source, et de son objet, etc… Le désir n’est pas cette articulation de la pulsion, les différents composants entre eux. Il est repère du sujet par rapport à cette dimension pulsionnelle où il se reflète, ce sujet, dans le désir de l’Autre. Il donne en exemple la réaction d’un enfant face à l’arrivée d’un nouveau-né, où l’agression n’est pas une agression car, dit-il, c’est un souhait de mort et donc quelque chose d’articulé, de l’ordre du signifiant, comme tel pouvant passer à l’inconscient et pouvant alors rester au-dessous du « je l’aime ». C’est dans l’intervalle de ces deux discours que se situe le désir. La fonction imaginaire s’articule aux deux chaînes, refoulée et patente, et c’est là que se situe le désir. [Déjà dans le graphe, le désir est situé entre les 2 chaînes, étages. Si c’était simple agressivité, il y aurait passage à l’acte. Mais peut-être que l’un n’empêche pas l’autre, et que l’articulation signifiante n’empêche pas la morsure…]. 4. Le désir est-il phallocentrique selon lui ? Le phallus y joue un rôle essentiel. Pourquoi ? Si on tente de comprendre l’effet de l’introduction du phallus dans l’action de la parole, cas de M Klein sur le petit Dick : « La locomotive c’est le pénis de papa », s’il y a effet c’est qu’il s’agit d’un signifiant. Et même s’il vient à la place d’un autre, à cet âge, plus proche, plus commode, le mamelon, par exemple, c’est bien comme signifiant qu’il intervient, signifiant du désir du désir de l’Aure. Il y insiste. Mais il n’est pas si simple de parler de phallocentrisme, car il ne s’agit pas de l’organe d’une satisfaction instinctuelle mais de l’objet du désir qui est le signifiant du désir du désir. [Même s’il s’agit d’un organe, cet organe est un signifiant]. L’objet a, c’est le désir de l’Autre parvenu à la reconnaissance du sujet inconscient. [est-ce le désir de l’Autre qui est reconnu par le sujet ou le sujet qui est reconnu par le désir de l’Autre ?]. Le désir n’a pas d’autre objet que le signifiant de sa reconnaissance. [Donc la 2ème hypothèse : le désir du sujet reconnu par le désir de l’Autre]. Il va l’illustrer par le fétiche comme objet du désir, phallus. Mais là il s’embrouille avec la fétichisation de la marchandise marxiste, et le bord, la pelure qui cachent ce dont il s’agit. Mais le fétiche vient au bord dénier l’absence. [cf les observations de fétichisme]. L’absence du phallus n’est rien d’autre, rappelle-t-il, que le signifiant du désir du désir. Et le désire, répète-t-il, n’a d’autre objet que le signifiant de sa reconnaissance. Et ce qui se passe et ce dont nous sommes dupes, dans le cas des névroses semble-t-il mais il ne le précise pas d’emblée, c’est que dans ce rapport sujet objet, au niveau du désir, le sujet est passé de l’autre côté, du côté du a, de l’objet, et qu’il n’est plus que le signifiant du désir du désir. Cet échange, en S<>a, est celui du sujet imaginaire au sens le plus radical : sujet de la coupure parlée, scansion où s’édifie la parole, échange du sujet avec a, qui lui est le signifiant de l’être en tant que marqué lui-même par le signifiant. A savoir, a l’objet du désir est un résidu que l’être auquel le sujet parlant est confronté dans toute demande possible. Ceci s’explique parce que par-là, le signifiant en son défaut, l’objet rejoint le réel. Et non pas la réalité qui est tout ce que le symbolique recouvre du réel. L’objet dont il s’agit participe au réel en tant que celui-ci est ce qui résiste à la demande. Le réel qu’il appelle ici l’inexorable, l’objet du désir est de l’inexorable, qu’il rapproche du réel défini comme revenant toujours à la même place, d’où une petite digression sur les astres, les étoiles observées depuis l’antiquité, hors de toute nécessité vitale, dans leur rapport de réel avec l’objet du désir. Donc l’objet du désir est un signifiant, celui du désir du désir de l’Autre. Le désir de l’Autre est une énigme qui est structurée dans le rapport du sujet à la parole, déconnectée de toute nécessité vitale. C’est le point pivot de l’analyse. 5. A ne pas tenir compte de ce qui précède on ne peut pas trouver d’autres repères que dans la réalité existante, sociale, voire l’ici et maintenant de la séance. Et ce à quoi aboutit toute intervention trop brutale écrasant la dimension transférentielle par rapport à la réalité, toute intervention de l’analyste en ce sens aboutit à ce qu’il a montré à 3 reprises. D’abord avec l’analyste femme : « En imaginant coucher avec moi, vous vous faites peur de quelque chose que vous savez ne jamais arriver ». Ensuite Glover avec un voyeurisme transitoire, et enfin Kris et « les cervelles fraiches ». Dans les 3 cas le surgissement de perversions transitoires, c’est-à-dire la constitution d’un clivage à chaque fois que l’intervention de l’analyste a tenté de réduire les dires de l’analysant aux données dites objectives, c’est-à-dire conformes aux préjugés de l’analyste. 6. Comment devons-nous nous situer, nous analystes, par rapport au désir et aux normes sociales ? Celles-ci, et l’analyse le montre assez, sont problématiques. Et là il fait une distinction entre culture, qui est ce que nous pouvons apercevoir à partir du sujet logique de la cure, mais aussi à partir de n’importe quel échange intersubjectif, et la société, le niveau social, celui des normes sociales. Il y a bien passage de la culture à la société mais avec inertie et dégradation. La perversion sera la protestation, au niveau du sujet logique, de ce qu’il subit au niveau des indentifications qui ordonnent, instaurent les normes de stabilisation sociale. La perversion, il renvoie à Freud, est un moyen pour le moi, par clivage, schize, d’éviter le conflit, et il y a, selon Freud, parenté avec les formes d’expressions confusionnelles, paradoxales, folles. Et donc retrouvailles avec ce qui précédait : la perversion comme état transitoire, protestation contre la conformisation dans la dimension du désir en tant qu’il est rapport du sujet à son être. 7. C’est là que vient la sublimation, autre issue possible que la perversion. Mais qu’est-ce que ce serait que cette « activité sexuelle désexualisée ? », Freud dixit. Car cela sous-entend qu’il ne s’agit ni d’objet, ni de source ou de tendance, mais de la pulsion elle-même, de l’énergie, de la libido elle-même. Comment penser celle-ci si elle ne se confond pas avec la substance de la relation sexuelle ? Car elle ne le peut pas car alors la sublimation serait impossible. Il en déduit qu’elle doit être du côté du signifiant. Ici dit-il pourraient s’équivaloir le désir et la lettre. [Pense-t-il à la création littéraire, à Gide cité précédemment ?]. Le rapport à la perversion qu’il note a-t-il à voir avec le clivage ? 8. Retour au désir. Le désir du sujet en tant que désir du désire de l’Autre, dans l’analyse s’adresse au désir de l’analyste. L’analyse n’est pas simple reconstitution d’un passé ni réduction à des normes, ni épopée, ni éthique. Le problème de l’analyse, c’est que le désir que le sujet a à rencontrer c’est le désir de l’Autre, en l’occurrence le nôtre, or notre désir est aussi désir du désir de l’Autre, dans ce cas notre analysant, alors que nous devons le guider vers un autre désir et non le nôtre. Nous murissons le désir du sujet pour un autre que nous, nous sommes les accoucheurs du désir. Comment tenir cette situation ? Si le désir en tant que désir de désir ouvre sur la coupure, sur l’être pur se manifestant comme manque, alors comment manifester cela dans la situation analytique ? Tout d’abord comme étant le support de toutes les demandes et ne répondant à aucune. Cette non réponse, qui ne peut être absolue, mais correspond au vide auquel doit se limiter notre désir, vide, qui est la place laissée au désir, qui se situe à la coupure. [coupure d’entre les signifiants, et par rapport au réel]. D’où l’importance de la scansion de fin de séance. Et dans cette coupure se manifeste l’objet phallique latent de toute demande comme signifiant du désir. 9. Conclusion : Une énigme : « La femme a dans la peau un grain de fantaisie » dont il laisse à entendre qu’il y aurait une contrepèterie, un sens caché ? Illustration, le grain, des rapports du sujet à qui il demande. L’important ce n’est pas que l’adresse puisse être à une mère universelle mais l’ouverture, la béance qu’introduit toute coupure de la parole.