Il faudrait trouver un autre mot pour donner le mot corrélatif de
cette projection, à savoir tout ce qui est de l'ordre du rapport de
l'introjection, tel que nous nous en servons en analyse, ce mot est
toujours employé pratiquement…
vous le remarquerez, cela vous éclairera,
au moment où il s'agit d'introjection symbolique
…le mot introjection s'accompagne toujours d'une dénomination
symbolique. L'introjection est toujours l'introjection de la parole de
l'autre.
Et ceci introduit une dimension toute différente. C'est autour de cette
distinction que vous pouvez faire le départ entre ce qui est fonction
de l'ego
et ce qui est de l'ordre du premier registre duel
et fonction du surmoi.
Ce n'est pas pour rien que dans la théorie analytique on les distingue,
ni qu'on admette que le surmoi,
le surmoi véritable, authentique, est une introjection secondaire par
rapport à la fonction de l'ego idéal.
Mais ce surmoi…
Je voulais attirer votre attention, vous verrez que des questions qui
se poseront à nous par la suite, c'est la fonction réciproque, la
différence entre
* ce qu'on doit appeler surmoi, dans le déterminisme du refoulement,
* et ce qu'on doit appeler idéal du moi.
Je ne sais pas si vous vous êtes aperçus de ceci : qu'il y a là deux
conceptions qui, dès qu'on les fait intervenir dans une dialectique
quelconque pour expliquer un comportement de malade, paraissent
dirigées exactement dans un sens contraire :
* le surmoi étant simplement contraignant,
* idéal du moi étant exaltant.
Ce sont des choses qu'on tend à effacer,
parce qu'on passe de l'un à l'autre comme si
les deux termes étaient synonymes.
C'est une question qui méritera d'être posée à propos de la relation
transférentielle à propos de l'analyste, selon l'angle sous lequel on
aborde
le problème, quand on cherchera ce qu'on appelle
le fondement de l'action thérapeutique.
On dira que le sujet identifie l'analyste à son idéal du moi ou au
contraire à son surmoi, et on substituera
l'un à l'autre dans le même texte, au gré des points successifs de la
démonstration, sans expliquer très bien la différence.
Je serai certainement amené…
je ne l'ai pas fait plus tôt parce que je veux
me limiter au plan des textes où nous sommes,
et la notion du surmoi n'a pas été élaborée
…à examiner la question de ce que c'est dans
les différents registres que nous repérons,
comment il faut considérer ce surmoi.
En devançant ceci, je dirai qu'il est tout à fait impossible de situer
- sauf d'une façon tout à fait mythique et à la façon d'un mot clef,
d'un mot force, d'une élaboration mythique qu'on manie pour l'usage
qu'on peut en faire, sans chercher plus loin, une nouvelle idole. Si
nous ne nous limitons pas à cet usage aveugle d'un terme, à cet usage
sur le plan théorique mythique, si nous voulons chercher à comprendre
ce qu'est le surmoi, chercher ce que sont ses éléments essentiels, eh
bien, sûrement le surmoi…
à la différence de l' idéal du moi
…se situe essentiellement et radicalement sur
le plan symbolique de la parole.
Le surmoi est un impératif : sur-moi, comme l'indiquent
le bon sens et l'usage qu'on en fait, est cohérent avec le registre et
la notion de loi, c’est-à-dire l'ensemble du système du langage, pour
autant qu'il définit la situation de l'homme en tant que tel,
et non pas seulement de l'individu biologique.
D'autre part, ce que nous pouvons aussi accentuer, c'est le caractère
souvent souligné et élaboré,
le caractère au contraire insensé, aveugle, de pur impératif, de simple
tyrannie qu'il y a dans le surmoi.
Ce qui permet d'indiquer dans quelle direction nous pouvons faire la
synthèse de ces notions.
Je dirai très évidemment que le surmoi :
* d'une part a un certain rapport avec la loi,
* et d'autre part a un rapport exactement contraire : c'est une loi
insensée, une loi réduite à quelque chose qui va jusqu'à en être la
méconnaissance.
C'est toujours ainsi que nous voyons agir dans
le névrosé ce que nous appelons le surmoi, ce pour quoi
l'élaboration
de la notion dans l'analyse a été nécessaire, dans la mesure où cette
morale du névrosé est une morale insensée, destructrice, purement
opprimante, intervenant toujours dans une fonction qui est
littéralement, par rapport au registre de
la loi, presque anti-légale.
Le surmoi est à la fois la loi et sa destruction,
sa négation.
Le surmoi est essentiellement la parole même,
le commandement de la loi, pour autant
qu'il n'en reste plus que sa racine.
La loi se réduit tout entière à quelque chose qu'on ne peut même pas
exprimer, comme le « tu dois », qui est simplement une parole privée de
tous ses sens.
Et c'est dans ce sens que le surmoi finit par s'identifier à ce
qu'il y
a seulement de plus ravageant, de plus fascinant, dans les expériences
prématurées, primitives du sujet, qui finit par s'identifier à ce que
j'appelle « la figure féroce »,
à la fois avec les figures que d'une façon plus ou moins directe nous
pouvons lier aux traumatismes primitifs, quels qu'ils soient, qu'a
subis l'enfant.
Prenez par exemple la lecture d'un article sur ce sujet, sur le ressort
de l'efficacité thérapeutique,
par exemple celui de James STRACHEY1 dans l'International Journal of
Psychoanalysis, article fondamental.
C'est un des mieux élaborés, qui met tout l'accent sur le rôle du
surmoi.
Vous verrez à quelle difficulté mène cette conception et combien autour
de ce repère fondamental…
et pour le soutenir, pour
le rendre subsistant, viable
…le nombre d'hypothèses supplémentaires que ledit auteur – STRACHEY -
est amené à introduire.
Par exemple, la distinction entre la fonction de surmoi
qu'occuperait
l'analyste par rapport au sujet, et cette précision qu'il s'agit d'un
surmoi parasite.
En effet, ça ne peut absolument pas tenir, si nous voulions admettre
que l'analyste devrait être purement et simplement support…
ce qu'il est déjà chez le sujet
…de la fonction du surmoi en tant qu'elle est précisément un
des
ressorts les plus décisifs de
la névrose.
On ne verrait pas comment sortir de ce cercle si
on ne devait introduire cette notion supplémentaire, et pour
l'introduire on est forcé d'aller trop loin.
On le voit dans l'article de STRACHEY, c'est-à-dire pour que le surmoi
puisse être un surmoi parasite, il faut que se soit passée
entre le
sujet analysé et le sujet analyste
une série d'échanges, d'introjections et de projections, qui nous
portent très spécialement au niveau des mécanismes de constitution des
« bons et mauvais objets »,
qui a été abordé dans la pratique de l'école anglaise par Mélanie
KLEIN, et qui n'est pas lui-même sans présenter le danger d'en faire
renaître sans repos.
C'est sur un tout autre plan toute la question des rapports entre
l'analysé et l'analyste, c'est-à-dire non pas sur le plan du surmoi,
mais sur le plan du moi et du non-moi, c’est-à-dire très
essentiellement sur
un plan de l'économie narcissique du sujet.
C'est là-dessus qu'il termine ce court paragraphe
qui a trait aux rapports de l'idéal du moi et de la sublimation.
« Il ne serait pas étonnant - dit-il ensuite - que nous soyons obligés
de trouver une instance psychique spéciale qui remplisse la mission de
veiller à assurer la sécurité de la satisfaction narcissique découlant
de l'idéal du moi, en observant et surveillant d'une façon
ininterrompue le moi actuel. C'est là qu'en fin de compte l'hypothèse
de cette instance psychique spéciale qui remplirait donc cette fonction
de vigilance et de sécurité nous conduira au surmoi. »
[ Es wäre nicht zu verwundern, wenn wir eine besondere psychische
Instanz auffinden sollten, welche die Aufgabe erfüllt, über die
Sicherung der narzißtischen Befriedigung aus dem Ichideal zu wachen,
und in dieser Absicht das aktuelle Ich unausgesetzt beobachtet und am
Ideal mißt. ]
Et il appuie sa démonstration sur un exemple tiré des psychoses où,
dit-il :
« Cette instance est particulièrement visible et claire dans le
syndrome d'influence.
Les malades se plaignent… »
Avant de parler de syndrome d'influence, il dit que si une pareille
instance existe, nous ne pouvons pas la découvrir, mais seulement la
supposer comme telle.
[ Wenn eine solche Instanz existiert, so kann es uns unmöglich
zustoßen, sie zu entdecken; wir können sie nur als solche agnoszieren
und dürfen uns sagen, daß das, was wir unser Gewissen heißen, diese
Charakteristik erfüllt. ]
Cela me paraît tout à fait important puisque lorsqu'il introduit donc
cette première façon d'introduire le surmoi,
il dit qu'elle n'existe pas, qu'on ne la découvrira pas, qu'on ne peut
que la supposer. Et il dit que ce que nous appelons notre conscience
remplit cette fonction, a cette caractéristique.
Qu'est-ce que ça veut dire ce terme « introjection » ?
Il se passe quelque chose, un renversement :
*
ce qui était au-dehors devient le dedans,
*
ce qui a été le père devient le surmoi.
Il s'est passé quelque chose au niveau justement de ce sujet invisible,
impensable, qu'on ne nomme jamais comme tel.
On dira : est-ce que c'est au niveau du moi, du Ça ? Oui, c'est entre
les deux, c'est pour ça que ça s'appelle le super-ego.
On fera toute cette demi mythologie spécialisée qui est celle où notre
esprit se dépense habituellement. C'est à ça que nous essayons ici de
donner une forme plus acceptable, car nous vivons toujours au milieu de
schémas qui sont inacceptables […]
Si on demandait à un psychanalyste : croyez-vous vraiment que l'enfant
bouffe alors son père, et que ça lui entre dans l'estomac, et devient
le surmoi ?
Nous continuons à opérer comme si tout cela allait de soi.
Nous allons en rester là pour aujourd'hui.
Cette notion du rapport de l'analyste avec l'Ichideal pose toute la
question du surmoi. Vous savez que quelquefois c'est même pris
comme
synonyme de surmoi, l'Ichideal.
Vous sentez que j'ai pris les choses par un bout, comme on gravit une
montagne.
Il y a évidemment un autre sentier par lequel
on aurait pu le prendre, un sentier descendant : poser tout de suite la
question « qu'est-ce que c'est que le surmoi ? ».
Cela semble aller de soi, mais ça ne va pas de soi. Jusqu'à présent
toutes les analogies qui ont été données, les références à «
l'impératif catégorique »,
à la conscience, sont des analogies extrêmement confuses… Mais ce n'est
quand même pas pareil, sans cela
on ne parlerait pas de surmoi.
Cette fonction, on l'a appelée le surmoi.
Elle est d'abord apparue dans l'histoire de
la théorie freudienne sous la forme de quoi ?
De la censure.
J'aurais pu aussi bien, tout à l'heure, avancer aussitôt en
illustration de la remarque que je vous ai faite, que dès l'origine
nous sommes…
à propos du symptôme et aussi bien à propos
de toutes les fonctions inconscientes au sens analytique du mot dans la
vie quotidienne
…dans la dimension de la parole.
Si la censure s'exerce, c'est bien justement
dans la fin absolument essentielle de mentir,
par mission de tromper.
Ce n'est pas pour rien que FREUD a choisi ce terme
de censure, cette notion d'une instance en tant qu'elle scinde, coupe
en deux…
* en une part accessible, reconnue
* et une part inaccessible, interdite
…le monde symbolique du sujet.
Cette même notion nous la retrouvons…
à peine évoluée, transformée, changée d'accent
…sous le registre du surmoi, et il est tout à fait impossible
de
comprendre ce qu'est cette notion
de surmoi si on ne se rapporte pas à ses origines.
Je vais mettre l'accent tout de suite…
toujours il faut montrer où l'on va
…sur l'opposition entre la notion de surmoi telle que
je suis en train de vous rappeler une de ses faces, et celle qu'on use
communément.
Communément, le surmoi est toujours pensé dans le registre
d'une
tension, tout juste si cette tension n'est pas ramenée à des
références purement instinctuelles :
masochisme primordial, par exemple.
FREUD va même plus loin, à un certain moment…
précisément dans l'article Das Ich und das Es, Le Moi et le Ça
…il va jusqu'à faire remarquer, c'est frappant,
que plus le sujet réprime ses instincts…
plus dans le fond, dans un certain registre,
on pourrait considérer sa conduite comme morale
…plus le surmoi exagère sa pression, devient sévère, impérieux,
exigeant.
C'est une observation clinique qui n'est pas universellement vraie.
Si FREUD se laisse emporter par son objet…
qui est la névrose
…et va jusqu'à considérer le surmoi comme quelque chose comme
ces
produits toxiques qui seraient produits, dont on voit l'action, et qui
de leur activité vitale dégagerait une série de substances toxiques
qui mettraient fin au cycle de leur reproduction
dans des conditions données…
Il faut voir jusqu'où c'est poussé !
C'est intéressant, parce qu'en réalité c'est implicite dans toute une
conception latente qui règne dans l'analyse au sujet du surmoi.
Il y a tout de même autre chose qu'il conviendrait de formuler en
opposition à cette conception, c'est ceci :
Le surmoi est très précisément du domaine de l'inconscient, une
scission du système symbolique intégré par le sujet
comme formation de la totalité qui définit l'histoire du sujet.
Donc que l'inconscient est une scission, limitation, aliénation par le
système symbolique pour le sujet, et en tant qu'il vaut pour son sujet,
le surmoi est quelque chose d'analogue qui se produit, dans
quoi ?
Aussi dans le monde symbolique, mais qui n'est pas uniquement limité au
sujet, car le monde symbolique du sujet
se réalise dans une langue qui est la langue commune, qui est le
système symbolique universel, pour autant qu'il est dans son empire,
sur une certaine communauté à laquelle appartient le sujet.
Le surmoi est justement cette scission en tant qu'elle se
produit - et
non pas seulement pour le sujet dans ses rapports avec ce que nous
appellerons la loi.
Je vais illustrer cela d'un exemple, parce que là, vous êtes si peu
habitués à ce registre, en vérité, par ce que l'on vous enseigne en
analyse, que vous allez croire que je dépasse ses limites. Il n'en est
rien. Je vais me référer à un de mes patients.
C'est là qu'interviennent, par l'intermédiaire de
la tradition et du langage, des diversifications symboliques, dans la
référence du sujet, c'est en tant que quelque chose dans la loi, est
discordant, ignoré, doit être aboli, ou au contraire est promu
au premier plan par un événement traumatique
dans l'histoire du sujet, où la loi se simplifie
dans cette sorte de pointe qui devient caractère inadmissible,
inintégrable, qu'est ce quelque chose d'aveugle, de répétitif, que nous
définissons habituellement dans le terme de surmoi.
J'espère que cette petite observation que j'ai mise au premier plan
aura été pour vous assez frappante pour vous donner l'idée d'une
dimension dans laquelle notre réflexion ne va pas souvent, mais qui est
indispensable si nous voulons comprendre quelque chose qui n'est pas
ignoré dans l'analyse, puisque aussi bien, au sens de toute
l'expérience analytique, cette dimension de la Loi.
Pour le sujet, dans le domaine symbolique et qui s'organise à
proprement parler en histoires et en aveux en première personne, et
dans une certaine référence avec quelque chose qui est ici, et qui ne
peut être qu'un progrès dans l'ordre même des relations symboliques
fondamentales, où l'homme trouve sa place,
c'est-à-dire dans une résolution des arrêts ou
des inhibitions qui constituent le surmoi, dans une
réintégration plus
pleine de la loi de l'ensemble des systèmes symboliques, à l'intérieur
duquel se situe le sujet.
Séminaire 02 « LE
MOI »
je vous le manifesterai assez clairement
…n’ont absolument pas vu ce que signifiait cette métapsychologie, à
savoir pourquoi FREUD, justement en 1920, c’est-à-dire juste après le
tournant dont
je viens de vous parler, la crise de la technique analytique,
a cru devoir introduire ces notions métapsychologiques
nouvelles qui s’appellent le Moi, le surmoi, et le Ça.
Or, s’il y a quelque chose que FREUD veut dire au moment où il
introduit la nouvelle topique…
la nouvelle façon d’ordonner les instances psychiques, en Moi, surmoi,
Soi, par exemple
…s’il y a quelque chose qu’il veut dire, c’est justement le contraire
de cela.
C’est de nous rappeler que non seulement il y a
dissymétrie absolue, mais qu’entre le sujet de l’inconscient et
l’organisation du Moi, il y a une différence qui est radicale, qui
n’est pas simplement
la dissymétrie, et je dirai, pour un peu plus accentuer ce que je veux
dire, elles ne sont pas simplement dissymétriques, mais d’un autre
degré.
Je vais tâcher d’imager ce en quoi et où il faut situer la censure
telle que cela se dégage après la lecture des textes de la Traumdeutung
et du point de vue où il faut situer une part très importante de notre
expérience, justement par exemple, qui emporte toute la question de ce
que nous appelons le surmoi.
Il faut que nous nous fassions une certaine idée
du surmoi ou de la censure. De quoi s’agit-il ?
Je vous parle souvent du discours interrompu…
nous n’en étions que là
…mais il y a un corrélatif beaucoup plus essentiel,
à ce niveau, où se situe le discours fondamental humain, c’est la loi :
une des formes les plus saisissantes du discours interrompu, c’est la
loi, en tant qu’elle est incomprise.
Par définition, nul n’est censé ignorer la loi, mais elle est toujours
incomprise, car nul ne la saisit dans son entier.
Le surmoi, c’est ça, pour autant que cela terrorise
effectivement le
sujet, que ça construit dans le sujet des symptômes, efficaces, vécus,
poursuivis, construits, élaborés, et qui se chargent de représenter
ce point où la loi est incomprise, où ils lui donnent sa figure de
mystère, où ils se chargent de l’incarner comme telle, où ce qui dans
la loi n’est pas compris, n’est pas saisi, est joué par le sujet.
Et ça, c’est le surmoi.
C’est tout autre chose, vous le voyez, que le rapport narcissique avec
son semblable, c’est le rapport du sujet avec la loi dans son ensemble
et justement dans la mesure où il ne peut jamais avoir de rapport avec
la loi dans son ensemble, justement dans la mesure où la loi n’est
jamais complètement assumée et où elle peut l’être si peu, qu’il peut
être en conflit avec cette loi.
C’est ça qu’il veut dire, censure et surmoi, c’est dans le même
ordre,
dans le même registre que dans la communication fondamentale de la loi
en tant que telle.
Il est pourtant difficile de tenir pour une excursion, moins encore
pour un faux-pas, de la doctrine freudienne, l’œuvre qui y prélude
précisément à la nouvelle topique, celle que représentent les termes de
moi, de ça et de surmoi, devenus aussi prévalents dans l’usage
théoricien que dans sa diffusion populaire. Cette simple appréhension
se confirme à pénétrer les motivations qui articulent ladite
spéculation à la révision théorique dont elle s’avère être constituante.
Tout ce qui a provoqué le grand remaniement de la théorie analytique à
partir de l’introduction de la théorie de l’agressivité, à partir du
moment où le problème de la relation de l’agressivité en tant
qu’instante et présente dans l’inconscient a pu poser le problème de
ses relations avec la fonction du surmoi.
Toute la problématique est là, posée par FREUD.
Il n’a pas confondu l’agressivité interne avec le surmoi.
Ici, nous allons avoir affaire à la notion tout à fait piquante car il
ne semble pas avoir trouvé dans la langue anglaise le terme qui lui
paraisse vraiment pouvoir représenter la fonction perturbatrice, voire
démoniaque car c’est bien en fin de compte de cela qu’il s’agit, et
sous cette forme que se présente l’instance qu’il a appelé l’internal
saboteur. Je ne sais pas comment cela se déforme avec la prononciation
anglaise.
Il pose la lanterne et il dit : « Voilà ALCMÈNE ».
Et il commence à lui raconter les prouesses de son maître.
En somme :
* c’est l’homme qui s’imagine que l’objet de son désir, la paix de sa
jouissance, dépend de ses mérites,
* c’est l’homme du surmoi,
* c’est l’homme qui éternellement veut s’élever à la dignité des idéaux
du père, du maître, de tout ce que vous voudrez, et qu’il croit qu’avec
ça il va atteindre ce qu’il cherche, à savoir l’objet de son désir.
S’il y a quelque chose qui caractérise cette pièce, c’est que jamais
SOSIE ne parviendra à se faire entendre d’ALCMÈNE.
En d’autres termes, conformément au schéma dont l’autre jour je vous ai
gratifié, qui était de l’auteur lui-même, on s’aperçoit que l’analyste
lui a donné :
* premièrement un moi, à savoir lui a appris ce qu’elle voulait vraiment
: démolir les hommes,
* et deuxièmement, lui a donné également un surmoi, à savoir que
tout
ceci est fort méchant, et qu’en plus c’est tout à fait interdit de les
approcher, ces hommes.
C’est ce que l’auteur appelle « le stade paranoïde de l’analyse ».
Je le crois en effet assez volontiers, lui ayant appris où sont ses
pulsions, eh bien, mon Dieu,
il y arrive fort bien, c’est-à-dire que maintenant elle les voit se
promener un peu partout.
Est-ce que ceci est la voie tout à fait correcte,
et n’y en aurait-il pas eu une autre ?
En d’autres termes, faut-il situer dans ce rapport duel réel ce dont il
s’agit vraiment à propos des crises de dépression du sujet ?
Séminaire 03 « Les psychoses »
Rappelez-vous ce que je vous ai dit dans un temps ancien à propos d'une
observation très jolie de KRIS : le personnage qui était hanté par la
notion qu'il était plagiaire, et par la culpabilité de son plagiat.
L'intervention de KRIS, il la considère comme géniale au nom de la
défense, car depuis quelque temps comme nous n'avons plus que cette
notion de défense, il est bien clair qu'en effet ce moi a à faire la
lutte
sur trois fronts, c'est-à-dire :
* du côté de l'id,
* du côté du surmoi,
* et du côté du monde extérieur,
…alors nous nous croyons autorisés à intervenir
sur l'un quelconque de ces trois plans, et de faire remarquer au
personnage dont il s'agit…
parce que tout d'un coup ça vient
à la portée de notre main
…que nous nous permettons de lire l'ouvrage auquel
le sujet a fait allusion, à savoir l'ouvrage d'un de ses collègues
auquel une fois de plus il aurait fait des emprunts, et nous nous
apercevons qu'il n'y a rien du tout dans l'ouvrage du collègue qui
mérite d'être considéré comme une idée originale que le sujet aurait
empruntée.
Nous le lui faisons remarquer, considérant que ceci fait partie de
l'analyse, heureusement nous sommes à la fois assez honnêtes et assez
aveugles.
Comme preuve du bienfondé de notre interprétation, le fait que le
sujet à la séance suivante nous apporte la jolie petite histoire
suivante :
en sortant de la séance il a été dans un restaurant quelconque pour y
déguster son plat préféré,
des cervelles fraîches.
Ce n'est pas dire grand-chose, c'est quand même dire beaucoup, c'est
quand même faire remarquer que cette érotomanie divine…
comme on peut l'appeler dans le cas de SCHREBER
…est quelque chose qui, disons pour aller vite, n'est pas certainement
tout de suite à prendre dans le registre du surmoi.
Donc ce Dieu le voici donc…
Quels sont les modes de relation de SCHREBER avec lui ?
Mais l'ordre du signifiant en tant qu'il faut que
le sujet le conquiert, l'acquiert…
soit mis à l'endroit du signifiant dans un rapport d'implication qui
touche à son être
…en d'autres termes :
que ce quelque chose se passe qui aboutit à la formation de ce que nous
appelons dans notre langage, lequel tombe bien dans la définition,
dans la définition du signifiant, qui est bien de ne rien signifier,
qu'il est capable à tout moment de donner des significations diverses,
à savoir les plus imbéciles, à savoir ce que veut dire le surmoi.
Il n'est pas besoin d'aller bien loin dans la littérature analytique
pour voir l'usage qui en est fait.
Le surmoi est quelque chose, c'est précisément quelque chose
qui nous
pose la question de savoir quel est donc le schéma du surmoi,
quel est
l'ordre d'entrée, d'introduction, d'instance présente du signifiant qui
est indispensable pour qu'un organisme humain fonctionne comme tel,
c'est-à-dire un organisme humain qui n'est pas seulement dans un milieu
naturel, mais qui a aussi à s'arranger, à fonctionner en raison, en
fonction, en rapport avec un univers signifiant.
Si il y a quelque chose qui s'est passé sur ce plan, si nous en avons
le témoignage par le sujet,
nous pouvons le relier à une certaine problématique qui s'insère entre
cette image du moi et une image
de l'Autre surélevée, exhaussée par rapport à la première, celle du
grand Autre, qu'est l'image paternelle, en tant qu'elle instaure la
double perspective à l'intérieur du sujet, du moi et de l'idéal du moi…
pour ne pas parler à cette occasion du surmoi
…et que nous avons aussi l'impression que c'est dans la mesure où il a
ou non acquis…
ou à quelque moment perdu
…cet Autre, à l'intérieur duquel il peut pleinement s'affirmer dans son
discours, qu'il rencontre à un certain moment cet autre purement
imaginaire, cet autre aminci, cet autre déchu, avec lequel il ne peut
avoir d'autres rapports que d'un autre qui le frustre et qui
fondamentalement le nie, qui littéralement le tue.
Et qu'est-ce qu'on vous apprend, si ce n'est justement de ne jamais
céder à quoi que ce soit à la première invite, si d'ailleurs nous
reconnaissons notre bon vieil ami, le surmoi, qui nous apparaît
tout
d'un coup sous un jour, sous sa forme phénoménale, plutôt que sous ses
aimables hypothèses génétiques.
Ce surmoi, c'est bien en effet quelque chose comme la loi,
c'est une
loi sans dialectique. Ce n'est pas pour rien qu'on le reconnaît plus ou
moins justement comme « l'impératif catégorique » comme nous en parle
l'ennemi intérieur dans ce que j'appellerai sa neutralité malfaisante,
qu'un certain auteur2 appelle le « saboteur interne ».
Ce « tu » nous aurions tort de le méconnaître dans sa fonction de « tu
» et de le méconnaître dans ses diverses propriétés qui, nous le savons
par expérience, font qu'il est là comme ce que nous appellerons un
observateur :
il voit tout, entend tout, note tout.
C'est bien ce qui se passe chez SCHREBER.
Et c'est son mode de relation avec ce quelque chose qui en lui
s'exprime par ce « tu », par un « tu » inlassable, incessant, qui le
provoque à une série
de réponses sans aucune espèce de sens :
il voit tout, entend tout, note tout.
J'ai presque envie de finir par la vieille expression « nul ne s'en
doute », qui s'étalait autrefois sur les annuaires de téléphone à
propos d'une police privée.
On sent là combien il s'agit d'un idéal.
Car bien entendu, on voit bien aussi la fonction publicitaire de la
chose, comme tout le monde serait heureux si, en effet « nul ne s'en
doutait ».
C'est bien de cela qu'il va s'agir justement,
c'est qu'on a beau être derrière un rideau,
il y a toujours de gros souliers qui dépassent.
Pour le surmoi, c'est pareil.
Mais assurément, lui ne se doute de rien.
C'est bien également ce qu'exprime cette phrase :
il n'y a rien de moins douteux que tout ce qui nous apparaît par
l'intermédiaire de ce « tu ».
Je ne peux pas m'étendre longuement sur la relation qui existe entre
cette fonction du signifiant surmoi, qui n'est pas autre chose
que
cette fonction du « tu »,
et le sentiment de réalité.
Quand le sentiment d'étrangeté porte quelque part, ce n'est jamais du
côté du surmoi :
* c'est le moi qui ne se retrouve plus,
* c'est le moi qui entre dans l'état « tu »,
* c'est le moi qui se croit lui-même à l'état de double, c'est-à-dire à
cet état inquiétant de voir que lui, le moi est expulsé de la maison,
et c'est toujours le « tu » en question qui restera possesseur des
choses.
Séminaire 04 « La relation d’objet »
Monsieur JONES nous dit très nettement :
pour l'enfant après tout le surmoi n'est peut-être qu'un alibi,
les
angoisses sont primordiales, primitives, imaginaires, et en quelque
sorte là il retourne à une sorte d'artifice : c'est la contre-partie ou la contravention
morale, en d'autres termes c'est toute la culture et toutes ses
interdictions, c'est quelque chose de caduc à l'abri de quoi ce qu'il y
a de fondamental, à savoir les angoisses dans leur état incontenu,
vient prendre en quelque sorte son repos.
Il s'agit d'un conte qui commence à Naples, dans une caverne où
l'auteur se livre à l'évocation du diable, qui ne manque pas…
après les formalités d'usage
…d'apparaître sous la forme d'une formidable tête
de chameau pourvue tout spécialement de grandes oreilles, et il lui dit
avec la voix la plus caverneuse qui soit : « Que veux tu ? », « Che
vuoi ? »
Je crois que cette interrogation fondamentale est bien ce qui nous
donne de la façon la plus saisissante la fonction du surmoi.
Mais l'intérêt n'est pas que cette image du surmoi trouve ici
une
illustration saisissante,
c'est de voir que c'est le même être qui est supposé se transformer
immédiatement une fois le pacte conclu, en un petit chien qui, par une
transition qui ne surprend personne, devient un ravissant jeune homme,
puis une ravissante jeune fille, les deux d'ailleurs ne cessant pas
jusqu'à la fin de s'entremêler dans une ambiguïté parfaite et de
devenir pour un temps, pour celui qui est le narrateur de la nouvelle
la source surprenante de toutes les félicités,
de l'accomplissement de tous les désirs,
de la satisfaction à proprement parler magique
de tout ce qu'il peut souhaiter.
C'est dans la mesure où la réaction orale à l'objet primitif de
dévoration vient en compensation de
la frustration d'amour, dans la mesure où ceci est une réaction
d'incorporation, que le modèle, le moule est donné à cette sorte
d'incorporation qui est l'incorporation de certaines paroles entre
autres,
et qui est à l'origine de la formation précoce de
ce qu'on appelle le surmoi. Ce que sous le nom de surmoi,
le sujet
incorpore, c'est ce quelque chose analogue à l'objet de besoin non pas
en tant qu'il est lui-même le don, mais en tant qu'il est le substitut
à défaut du don, ce qui n'est pas du tout pareil.
Ce que vous voyez se dessiner là, c'est une nouvelle dimension, une
nouvelle propriété de ce qui vous est proposé dans l'actuel dans le
sujet achevé…
quand les fonctions sont différenciées : surmoi, idéal du moi, moi
…dans cette fonction de l'idéal du moi.
Il s'agit de savoir comme FREUD l'a très bien vu
et le dit à la fin de son article, ce que c'est que cet objet qui, dans
la Verlibtheit, vient se placer à la place du moi ou de l'idéal du moi.
Jusqu'à présent, parce que j'ai dû dans ce que je vous ai expliqué du
narcissisme mettre l'accent sur la formation idéale du moi…
je dis : la formation du moi en tant que c'est une formation idéale,
que c'est à partir de l’idéal du moi que le moi se détache
…je ne vous ai pas assez articulé la différence qu'il y a.
Il ne s'en faut à partir de là, pour elle,
que d'un peu de patience pour qu'au père se substitue celui qui
remplira exactement le même rôle,
le rôle de père.
Ceci comporte quelque chose sur lequel nous reviendrons et qui donne
son style particulier au développement du surmoi féminin, c'est
qu'il y
a une espèce de balance entre ce qu'on a appelé très justement
l'importance, la prévalence de la relation narcissique dans le
développement de la femme.
où se produit le déclin du complexe d’Œdipe
…de l'annulation et de la destruction du complexe œdipien.
Il y a quelque chose d'autre que ce que nous avons décrit jusqu'à
présent, qui serait en quelque sorte l'effacement, l'atténuation
imaginaire d'une relation foncièrement en elle-même perdurable :
* il y a vraiment crise,
* il y a vraiment révolution,
* il y a vraiment quelque chose qui est ce qui laisse derrière lui ce
résultat, et ce résultat c'est la formation de quelque chose de
particulier, de très précisément daté dans l'inconscient, à savoir la
formation du surmoi.
La loi n'est plus simplement ce quelque chose
dont nous nous demandons pourquoi après tout,
toute la communauté des hommes y est impliquée
et introduite, mais elle est passée dans le réel
sous la forme de ce noyau laissé par le complexe d’Œdipe,
sous la forme de ce quelque chose que l'analyse
a une fois montré, et une fois pour toutes, pour être la forme réelle
sous laquelle s'inscrit, s'attache
ce que les philosophes jusque là nous ont montré avec plus ou moins
d'ambiguïté, comme étant cette densité, ce noyau permanent de la
conscience morale, ce quelque chose dont nous savons que chez chaque
individu, c'est très précisément incarné par quelque chose qui peut
prendre les formes les plus multiples, les formes les plus diverses,
les plus biscornues, les plus grimaçantes, et qui s'appelle le surmoi.
Cela prend cette forme parce que toujours c'est introduit, et cela
participe dans son introduction…
ici au niveau du Es
…cela participe toujours de quelque accident de cette situation
profondément accidentelle qui fait qu'on ne sait pas obligatoirement à
quel moment du jeu imaginaire
le passage s'est fait, de celui qui a été un moment là pour répondre,
et qui introduit ici dans le Es comme un élément homogène avec les
autres éléments libidinaux, ce surmoi tyrannique, foncièrement
en
lui-même paradoxal et contingent, mais qui à lui
tout seul représente, même chez les non névrosés,
ce quelque chose qui a cette fonction d'être
le signifiant qui marque, imprime, laisse le sceau chez l'homme, de sa
relation au signifié.
Qu'il y ait un signifiant chez l'homme qui marque
sa relation au signifié, il en a un, ça s'appelle
le surmoi, il y en a même beaucoup plus d'un,
ça s'appelle les symptômes.
Ce n'est certainement pas encore né, la naissance
du surmoi est quelque chose de bien étrange, avec référence
à ce moment là aux travaux de Monsieur ISAKOWER qui a beaucoup insisté
sur la prédominance de la sphère auditive dans la formation du surmoi,
c'est-à-dire
qui assurément a pressenti tout le problème que
nous posons et reposons perpétuellement à propos
de la fonction de la parole dans la genèse d'une certaine crise
normative qui est celle que nous appelons le complexe d'Œdipe.
Que Monsieur ISAKOWER ait fait des remarques également intéressantes et
pertinentes sur la façon dont peut se manifester à l'occasion une sorte
de quelque chose dont nous saisissons la monture
si on peut dire, une espèce d'appareil, de réseau
de formes qui constituent le surmoi, il va le saisir dans les
éléments
où le sujet entend, nous dit-il, des espèces de modulations purement
syntaxiques, des paroles vides à proprement parler puisqu'il ne s'agit
que de leur mouvement, et dit-il dans ces mouvements avec une certaine
intensité, nous pouvons saisir
sur le vif quelque chose qui doit se rapporter à
cet élément tout à fait archaïque.
L'enfant doit parler à certains moments, intégrer
des moments tout à fait primitifs, au moment où
il ne perçoit de la parole de l'adulte que la structure avant d'en
percevoir le sens.
Ce serait en somme de l'intériorisation, et nous aurions la première
forme de ce qui nous permettrait de concevoir ce qu'est à proprement
parler le surmoi.
Ce n'est certainement pas au moment où on nous parle d'une intégration
de la parole dans son mouvement général, dans sa structure fondamentale
comme fondatrice d'une instance interne du surmoi, que nous
allons
rapporter cela au moment précis où se passe le dialogue le plus
extériorisé avec le père, fût-ce en croyant par là combler ses
paradoxes.
C'est là le sens dans lequel nous pouvons aussi dire que le petit Hans
et sa crise oedipienne n'aboutit pas à proprement parler à la formation
d'un surmoi typique, je veux dire d'un surmoi tel qu'il
se produit selon
le mécanisme qui, déjà est indiqué dans ce que
nous avons ici enseigné au niveau de la Verwerfung,
par exemple :
ce qui est rejeté du Symbolique et réparait dans le Réel.
Ce n'est par aucun autre mécanisme que par la formation de
l'identification au phallus maternel, et qui est aussi bien de l'ordre
tout aussi différent que l'ordre du surmoi, tout différent de
cette
fonction sans aucun doute perturbante, mais équilibrante aussi, qu'est
le surmoi.
C'est une fonction de l'ordre de l'idéal du moi.
Séminaire 06 « Le désir et son interprétation »
Voilà qui nous fait passer au niveau de cette seconde étape de
réalisation du schéma, dans ce sens qu'ici, au-delà de ce qu'articule
la chaîne de discours comme existante au-delà du sujet et lui imposant,
qu'il le veuille ou non, sa forme, au-delà de cette appréhension, si
l'on peut dire innocente de la forme langagière par le sujet, quelque
chose d'autre va se produire qui est lié au fait que c'est dans cette
expérience du langage que se fonde son appréhension de l'autre comme
tel, de cet autre qui peut lui donner la réponse, la réponse à son
appel, cet autre auquel fondamentalement il pose la question que nous
voyons, dans Le diable amoureux de CAZOTTE, comme étant le mugissement
de la forme terrifique qui représente l'apparition du surmoi,
en
réponse à celui qui l'a évoqué dans une caverne napolitaine : Che vuoi
? Que veux-tu ? La question posée à l'Autre de ce qu'il veut, autrement
dit, de là où le sujet fait la première rencontre avec le désir, le
désir comme étant d'abord le désir de l'Autre, le désir grâce à quoi il
s'aperçoit qu'il réalise comme étant cet au-delà autour de quoi tourne
ceci :
* que l'Autre fera qu'un signifiant ou l'autre, sera - ou non - dans la
présence de la parole,
* que l'Autre lui donne l'expérience de son désir en même temps qu'une
expérience essentielle,
* car jusqu'à présent c'était en soi que la batterie était là des
signifiants, dans laquelle un choix pouvait être fait,
mais maintenant c'est dans l'expérience que ce choix s'avère comme
commutatif, qu'il est à la portée de l'Autre de faire que l'un ou
l'autre des signifiants soit là, que s'introduisent dans l'expérience,
et à ce niveau de l'expérience, les deux nouveaux principes qui
viennent s'additionner à ce qui était d'abord pur et simple principe de
succession impliquant ce principe de choix.
si vous voulez pour schématiser les choses
…ici cherché à quel niveau de cet endroit original d'où ça parle, à
quel niveau et en fonction de quoi, c'est-à-dire justement par rapport
à une visée
qui est celle de l'aboutissement du processus en I,
à quel moment se constitue le moi, c'est-à-dire le moi en tant qu'il a
à se repérer par rapport à la première formulation, la première prise
dans
la demande du Ça.
C'est aussi là que FREUD a découvert ce discours primitif en tant que
purement imposé, et en même temps en tant que marqué de son foncier
arbitraire, que cela continue à parler, c'est-à-dire le surmoi.
…il faut précisément que le chien soit dans cette posture
exceptionnelle de faire que s'il n'a pas d'inconscient, il a un
surmoi- c'est-à-dire que quelque chose soit entré en jeu qui
permette
ce qui est de l'ordre d'une certaine ébauche d'articulation
signifiante. Mais laissons ça de côté.
*
de simplifier en quelque sorte cette multiplicité d'instances à
laquelle nous nous trouvons, dans la situation présente souvent
confrontés, je veux dire qui donne je ne sais quel caractère de
reduplication aux commentaires analytiques sur quelque observation que
ce soit, quand nous [les] voyons reprises simultanément, par exemple
dans le registre de l'opposition de l'inconscient et de la défense,
puis ensuite du « moi » et du « ça » et, je pense, tout ce qui peut se
produire quand on y ajoute encore l'instance du « surmoi »,
sans que
jamais soient unifiés ces différents points de vue qui donnent
quelquefois à ces travaux je ne sais quel flou, quelle surcharge qui ne
semble pas faite pour être quelque chose qui doive être utilisable pour
nous dans notre expérience.
pour appeler les choses par leur nom
…tout le porte à agir, au contraire, et va dans le même sens, car le
père revient de l'au-delà sous la forme d'un fantôme pour lui commander
cet acte de vindicte, cela ne fait aucun doute.
Le commandement du surmoi est là en quelque sorte matérialisé
et pourvu
de tout le caractère sacré
de celui-là même qui revient d'outre-tombe, avec ce que lui ajouta
d'autorité de grandeur, de séduction,
le fait d'être la victime :
le fait d'avoir été vraiment atrocement dépossédé
non seulement :
* de l'objet de son amour,
* mais de sa puissance, de son trône,
* de la vie même,
* de son salut, de son bonheur éternel.
Il y a cela, et en plus viendrait jouer dans le même sens quelque chose
qu'on pourrait appeler dans l'occasion « le désir naturel d'HAMLET ».
Le sujet produit la voix et, je dirai plus, nous aurons à faire
intervenir cette fonction de la voix pour autant que faisant intervenir
le poids du sujet, le poids réel du sujet dans le discours, dans la
formation de l'instance du surmoi, la grosse voix est à faire
entrer en
jeu comme quelque chose qui représente l'instance d'un Autre se
manifestant comme réel.
Est-ce de la même voix qu'il s'agit dans la voix du délirant
Séminaire 07 « L’éthique de la psychanalyse »
C'est cette transformation de l'énergie du désir, qui permet de
concevoir la genèse de sa répression, du fait en quelque sorte que le
désir n'est pas seulement que la faute n'est pas seulement dans cette
occasion, quelque chose qui s'impose à nous dans son caractère formel,
mais qui est aussi ce quelque chose dont nous avons en somme à nous
louer, pour autant qu'il est attaché, ce caractère de felix culpa, à
l'engendrement d'une complexité supérieure, grâce à quoi toute la
dimension de la civilisation comme telle peut avoir été élaborée.
En somme, tout se limite-t-il à cette genèse du surmoi dont
l'esquisse
s'élabore, se perfectionne, s'approfondit, et devient plus complexe à
mesure que s'avance l’œuvre de FREUD ?
Cette genèse du surmoi, dont nous verrons qu'elle n'est pas
seulement
une psychogenèse et une sociogenèse et qu'à la vérité, il est
impossible de l'articuler à nous tenir simplement au registre même des
besoins collectifs, que quelque chose s'y impose dont nous devons
distinguer l'instance de la pure et simple nécessité sociale, et qui
est à proprement parler ce quelque chose dont j'essaye ici de vous
permettre d'individualiser la dimension sous le registre du rapport au
signifiant, de la loi du discours, de quelque chose dont nous devons
conserver le terme dans son autonomie si nous voulons pouvoir situer
d'une façon rigoureuse, correcte, notre expérience.
Comme je vous l'ai dit, l'expérience morale ne se limite pas à cette «
part du feu » à faire, au mode sous lequel elle se présente dans chaque
expérience individuelle.
Elle n'est pas liée uniquement à cette lente reconnaissance de la
fonction qui a été définie, autonomisée, par FREUD sous le terme de
surmoi, et à l'exploration de ses paradoxes, à ce que j'ai
appelé «
cette figure obscène et féroce » sous laquelle l'instance morale se
présente quand nous allons la chercher dans ses racines.
Car ce « Je » qui doit advenir là où « c'était », ce quelque chose que
l'analyse nous apprend à mesurer, ce « Je » n'est pas autre chose que
ce dont nous avons déjà la racine dans ce « Je » qui s'interroge sur ce
qu'il veut.
Il n'est pas seulement interrogé. Quand il avance dans son expérience,
cette question il se la pose, et il se la pose précisément à l'endroit
des impératifs souvent étranges, paradoxaux, cruels, qui lui sont
proposés par son expérience morbide :
* Va-t-il ou ne va-t-il pas se soumettre à ce devoir qu'il sent en
lui-même comme étranger, au-delà, au second degré ?
* Doit-il ou ne doit-il pas se soumettre à cet impératif du surmoi,
paradoxal et morbide, demi-inconscient, et au reste qui se révèle de
plus en plus dans son instance à mesure que progresse la découverte
analytique, il voit qu'il s'est engagé dans sa voie ?
* puis ce qu'on appelle la seconde topique, la mise en valeur des
fonctions réciproques du moi, du surmoi, du monde extérieur,
qui
donnent une expression achevée à des choses dont nous surprenons, et
non sans étonnement, dont déjà nous voyons dans l'Entwurf les traces,
les germes dans sa pensée,
* Ainsi, voici située une autre topologie, une topologie qui est celle
qu'institue le rapport au réel.
* Le rapport au réel, nous allons maintenant pouvoir le définir,
l'articuler, et nous apercevoir de ce que signifie en fait ce qu'on
appelle le principe de réalité.
* Et comment c'est à ce principe qu'est liée toute la fonction qui vient,
dans FREUD, s'articuler dans ce terme de surmoi, Über-Ich. Ce
qui,
avouez-le, serait un bien piètre jeu de mots si ce n'était qu'une façon
substitutive d'appeler ce qu'on a toujours appelé
* « la conscience morale » ou quelque chose d'analogue.
Nous sommes donc portés à l'intérieur même du point où FREUD pose la
question de la source de la morale, où il a apporté cette inappréciable
connotation
qu'il a appelée le Malaise dans la civilisation, autrement dit
ce quelque chose de déréglé par quoi une certaine fonction psychique -
le surmoi - semble trouver en elle-même sa propre aggravation,
une
sorte de rupture des freins qui assuraient sa juste incidence.
FREUD écrit le Malaise dans la civilisation pour nous dire que tout ce
qui est viré de la jouissance à l'interdiction va dans le sens d'un
renforcement toujours croissant de l'interdiction. Quiconque s'applique
à se soumettre à la loi morale voit, lui, toujours se renforcer les
exigences toujours plus minutieuses, plus cruelles de son surmoi.
Et nommément ceci :
que c'est pour autant que cette agressivité,
le sujet la tourne et la retourne contre lui,
qu'en provient ce qu'on appelle l'énergie du surmoi.
FREUD prend soin d'ajouter cette touche supplémentaire qu'une fois
entré dans cette voie, amorcé ce processus, il n'y a, semble-t-il,
littéralement pas de limite, à savoir qu'il engendre un effet, une
agression toujours plus lourde du moi.
En fin de compte, devrions-nous
dans cet espoir d'accès à une possibilité
de bonheur en fin de compte sans ombres
penser que la réduction peut être totale de cette antinomie que FREUD
lui-même a articulée d'autre part si puissamment, par laquelle il dit,
dans le Malaise dans la civilisation, que la forme sous laquelle,
concrètement, dans l'homme, s'inscrit l'instance morale
et qui n'est rien moins
que rationnelle à son dire
que cette forme qu'il a appelée le surmoi est telle dans son
économie
qu'elle devient d'autant plus
comme FREUD dit
exigeante qu'on lui fait plus de sacrifice ?
Et puis encore, essayons un tout petit peu de nous laver la cervelle :
qu'est-ce que ça veut dire, dans FREUD, et avant qu'on approfondisse
comme on dit la question
ce qui est bien souvent une façon de l'éviter
qu'est-ce que ça veut dire que le surmoi qui se produit au
moment du
déclin de l'ŒDIPE ?
On incorpore sans aucun doute l'instance interdisante. Alors, ceci
devrait peut-être vous mettre quand même sur la voie, parce que
ailleurs, dans un article célèbre qui s'appelle Deuil et mélancolie,
FREUD dit aussi que le deuil et son travail s'appliquent à un objet
incorporé, à un objet que, pour une raison ou une autre, auquel on ne
veut pas tellement de bien.
Je veux dire qu'il est proprement articulé que cet être aimé dont nous
faisons, par notre deuil,
si grand cas, ça n'est pas uniquement des louanges que nous lui
adressons, ne serait-ce que pour cette saloperie qu'il nous a faite en
nous quittant.
Alors, peut-être que la naissance, la structure, la condition du
surmoi, j'entends œdipien, puisque bien sûr on a fait quelque
pas en
avant depuis, et qu'on a montré qu'il y a pas eu avant
personne non plus est capable de justifier dans l'état actuel des
choses pourquoi c'est toujours le même surmoi, bien qu'il soit
né
paraît-il avant, en rétorsion des pulsions sadiques selon Madame
Mélanie KLEIN
tenons-nous en donc d'abord à méditer sur ce que
ce peut être alors ce surmoi œdipien.
Si nous incorporons le père, pour être si méchant avec nous-mêmes,
c'est peut-être,
comme dans le cas du deuil, que nous avons, à ce père, beaucoup de
reproches à faire.
Et c'est ici que peut vous servir quelque distinction à laquelle, dans
les années précédentes, je vous ai introduits, c'est à savoir que
choses différentes sont la castration, la frustration la privation.
Et que si la frustration est l'affaire propre de la mère symbolique, je
vous ai expliqué que sans aucun doute, naturellement sans pouvoir
toujours pousser jusqu'au terme ce qu'impliquent ces articulations, que
le responsable de la castration dans FREUD, à le lire, et si nous
devons donner un sens à ce que c'est la castration, c'est
le père réel, qu'au niveau de la privation c'est le père imaginaire.
Tâchons justement bien de voir la fonction de l'un
et de l'autre de ces pères au déclin de l'ŒDIPE,
et dans la formation du surmoi, peut-être cela nous
apportera-t-il
quelque clarté.
Peut-être n'aurons-nous pas l'impression de jouer deux lignes écrites
sur la même portée quand nous faisons entrer en ligne de compte le père
comme castrateur et d'autre part le père comme origine du surmoi.
Ce en quoi naît d'une façon plus ou moins définitive et bien formée
selon les cas ce perpétuel reproche qui reste fondamental dans la
structure du sujet d'être si mal.
Ce père imaginaire, c'est lui et non pas le père réel, qui est le
fondement de l'image providentielle de Dieu, et la fonction du surmoi,
à son dernier terme, à son horizon, dans sa perspective dernière, est
haine de Dieu, reproche à Dieu d'avoir si mal fait les choses.
Tel est ce qui, je crois, témoigne de la vraie structure
de l'articulation du complexe d'ŒDIPE, et si vous la répartissez ainsi,
vous trouverez beaucoup plus clairs tous les détours, toutes les
hésitations, tous les tâtonnements que font les auteurs pour s'en
expliquer, les accidents et les détails.
Avec cette clef en particulier, et jamais autrement, vous pourrez voir
ce que vraiment JONES veut dire quand il parle autant de la genèse du
surmoi, du rapport entre les trois : haine, crainte et
culpabilité.
Pour l'homme du commun, donc, en tant que le deuil
de l'ŒDIPE est à la source, à l'origine du surmoi,
la double limite au-delà de la mort réelle risquée, jusqu'à la mort
préférée, assumée, jusqu'à
« l'Être pour la mort », ne se présente que sous un voile.
Encore faudrait-il dire tout de même pourquoi.
Il est possible que ce surmoi serve d'appui à
la conscience morale, mais chacun sait bien que le surmoi
n'a rien à faire avec la conscience morale en ce qui concerne ses
exigences les plus obligatoires.
Ce qu'il exige n'a rien à faire avec ce que nous serions en droit de
faire la règle universelle de notre action. C'est véritablement le b-a
ba de la vérité analytique.
Séminaire 08 « Le transfert »
pour autant que vous y introduisez les pointillés
…se présente ainsi :
que dans la ligne du bas, c’est au-delà du lieu de l’Autre que la ligne
pointillée vous représente le surmoi.
Je vous mets le reste du graphe pour que vous vous rendiez compte à ce
propos en quoi il peut vous servir :
c’est à comprendre que ce n’est pas toujours à mettre au compte de cet
élément en fin de compte opaque…
avec cette sévérité du super-ego
…que telle ou telle demande puisse produire ces effets dépressifs voire
plus encore chez l’analyste, c’est précisément pour autant qu’il y a
continuité entre la demande de l’Autre et la structure dite du
super-ego.
Entendez que c’est quand la demande du sujet vient
à s’introjecter, à passer comme demande articulée chez celui qui en est
le récipiendaire, d’une façon telle qu’elle représente sa propre
demande sous une forme inversée…
exemple, quand une demande d’amour venant de la mère vient à rencontrer
chez celui qui a à répondre, sa propre demande d’amour allant à la mère
…que nous trouvons les effets les plus forts qu’on appelle effets
d’hypersévérité du super-ego.
- que, si le névrosé est désir inconscient,
c’est-à-dire refoulé, c’est avant toute chose
dans la mesure où son désir subit l’éclipse
d’une contre-demande.
- Que ce lieu de la contre-demande est à
proprement parler le même que celui où se
place, où s’édifie dans la suite tout ce que
le dehors peut ajouter de supplément à la
construction du surmoi.
De voir que la suite, la séquelle, « ce que je suis » apparaît sous la
forme où elle reste comme question, où elle est pour moi le point de
visée, le point corrélatif où je me fonde comme « Idéal du Moi »,
c’est-à-dire comme point où la question a pour moi
de l’importance, où la question me somme dans la dimension éthique, où
elle donne cette forme qui est celle même que FREUD conjugue avec le «
surmoi » et d’où le nom qui le qualifie d’une façon diversement
légitime comme étant ce quelque chose qui s’embranche directement,
autant que je sache, sur mon inchoation signifiante à savoir : un
enfant.
Mais qu’est-ce-à dire que cette réponse précipitée, prématurée, ce
quelque chose qui fait qu’en somme j’élide toute l’opération qui s’est
faite, centrale.
Ce quelque chose qui fait précipiter le mot enfant, c’est l’évitement
de la véritable réponse, qui doit commencer bien plus tôt qu’aucun
terme de la phrase.
C’est bien ceci :
l’effet d’un discours qui, portant sur l’effet d’un discours :
l’inconscient, qui ne le sait pas, aboutit nécessairement à une
cristallisation nouvelle de ces effets d’inconscient qui opacifie ce
discours.
« Cristallisation nouvelle » ça veut dire quoi ?
Ça veut dire les effets que nous constatons, à savoir que ça ne fait
plus le même effet aux patients
qu’on leur donne certains aperçus, certaines clés, qu’on manie devant
eux certains signifiants.
Mais observez-le bien, les structures subjectives qui correspondent à
cette cristallisation nouvelle, n’ont pas besoin, elles, d’être
nouvelles.
À savoir ces registres, ces degrés d’aliénation,
si je puis dire, que nous pouvons dans le sujet spécifier, qualifier,
sous les termes par exemple
de Moi, de surmoi, d’Idéal du Moi.
C’est comme des « ondes stables » - quel que soit ce qui se passe –
Le rôle, je ne dis pas de l’Idéal du Moi, mais du surmoi
bel et bien comme tel et dans sa forme la plus opaque et la plus
déroutante, l’incidence du surmoi dans
des formes très authentiques, dans des formes de
la meilleure qualité de ce qu’on appelle la relation amoureuse, c’est
quelque chose qui certes n’est point du tout à négliger.
Pour le surmoi, on s’apercevra qu’il faut bien
tout de même admettre qu’il doit y avoir un autre mécanisme, car tout
en étant introjecté, le surmoi
ne devient pas pour autant beaucoup plus bénéfique. Et je m’arrête là,
je reprendrai.
ici nous sommes dans la plus haute,
la plus élaborée métapsychologie
…ils sont amenés à concevoir ceci :
que les origines concrètes de l’Idéal du Moi …
et ceci pour autant surtout qu’ils ne peuvent
les séparer - comme il est légitime - de celles du surmoi,
distinctes
et pourtant, dans toute
la théorie, couplées
…ils ne peuvent…
et après tout nous n’avons rien à leur envier,
si l’on peut dire, avec ce que les développements de la théorie
kleinienne nous ont apporté depuis
…ils ne peuvent en concevoir les origines que sous la forme d’une
création de THANATOS.
FREUD nous le dit toujours
…c’est dans la mesure en effet où cet objet…
le père par exemple, en l’occasion,
dans une première schématisation sommaire
et grossière du complexe d’Œdipe
…c’est en tant que cet objet aura été intériorisé qu’il constituera ce
surmoi, qui constitue au total un progrès, une action
bénéficiaire du
point de vue libidinal puisque, de ce fait qu’il soit réintrojecté, il
rentre…
c’est une première thématique freudienne
…dans la sphère qui en somme…
ne serait-ce que d’être intérieure
…de ce seul fait est suffisamment narcissisée pour pouvoir être, pour
le sujet, objet d’investissement libidinal :
il est plus facile de se faire aimer de l’Idéal du Moi que de ce qui a
été un moment son original, l’objet.
Qu’il soit bien entendu que nous ne sommes pas de ceux qui - comme
pourtant on le voit écrit - s’imaginent, avec l’opération chirurgicale
convenable : une lobotomie, qu’on enlève quelque part le surmoi
à la
petite cuillère.
Il y a des gens qui le croient, qui l’ont écrit,
que c’était un des effets de la lobotomie,
qu’on enlevait le surmoi, qu’on le mettait à côté sur un
plateau, il ne
s’agit pas de ça.
Observons ce qu’articule le fonctionnement impliqué par ce petit
appareil. Ce n’est pas pour rien qu’il réintroduit une métaphore de
nature optique, il y a certainement à ça une raison qui n’est pas
seulement de commodité : elle est structurale.
Séminaire 09 « L’identification »
Et c'est à l'origine de ce qu'on appelle dépendance
dans les rapports du sujet à l'autre.
De même qu'il essaiera, plus paradoxalement encore, de satisfaire…
par la conformation de son désir
…à la demande de l'Autre.
Et il n'y a pas d'autre sens…
de sens correctement articulé j'entends
…à ce qui est la découverte de l'analyse et de FREUD :
à l'existence du surmoi comme tel.
Il n'y a pas d'autre définition correcte, j'entends : pas d'autre qui
permette d'échapper à des glissements confusionnels.
Séminaire 10 « L’angoisse »
Qu'est-ce que l'angoisse en général dans le rapport avec l'objet du
désir ? qu’est ce que nous apprend ici l'expérience
Si ce n'est qu'elle est tentation, non pas perte de l'objet, mais
justement présence de ceci :
que les objets ça ne manque pas !
Et pour passer à l'étape suivante, celle de l'amour du surmoi
avec tout
ce qu'il est censé poser dans la voie
dite de l'échec, qu'est-ce que ça veut dire,
sinon que ce qui est craint, c'est la réussite,
c'est toujours le : « ça ne manque pas ».
que se reconnaître comme objet de son désir, au sens où aujourd'hui
je l'articule, c'est toujours masochiste.
Cette formule a l'intérêt de vous en rendre sensible
la difficulté, car c'est bien commode de se servir de notre petit «
guignol » et de dire que s'il y a du masochisme,
c'est parce que le surmoi est bien méchant.
Par exemple, nous savons bien sûr que nous faisons, à l'intérieur du
masochisme toutes les distinctions nécessaires :
le masochisme érogène, le masochisme féminin, le masochisme moral.
Mais comme le seul énoncé de cette classification fait un petit peu
l'effet de ce que je pourrais dire si je disais :
« il y a ce verre, il y a la foi chrétienne et il y a la baisse de
Wall Street »
ceci doit nous laisser tout de même un tout petit peu sur notre faim.
Si le terme de masochisme peut prendre un sens,
il conviendrait d'en trouver une formule qui fut un peu plus unitaire,
et si nous disions que le surmoi est la cause du masochisme, nous ne
quitterions pas trop cette intuition satisfaisante…
à ceci près que, comme nous avons dit avant,
que l'objet est la cause du désir
…nous verrions que le surmoi participe, au moins qu'il
participe de la
fonction de cet objet, en tant que cause, tel que je l'introduis
aujourd'hui.
Donc, premier point aujourd'hui, je vous ai parlé de l'objet comme
cause du désir.
Deuxième point, je vous ai dit :
« se reconnaître comme l'objet de son désir, c'est toujours masochisme
», et je vous ai indiqué à ce propos ce qui se profilait pour nous
comme présentation…
sous une certaine incidence du surmoi
…je vous ai indiqué une particularité en quelque sorte dépréciée de ce
qui se passe à la place de cet objet(a)
sous la forme du (-φ).
Nous arrivons à notre troisième point, celui qui concerne justement
cette possibilité de cette manifestation
de l'objet(a) comme manque.
Ça fait des unions d'un type très répandu qui n'en sont pas pour cela
plus commodes à manier, car aussi bien,
le (a) dont il s'agit peut être pour le sujet le surmoi
le plus incommode.
Nous voyons que la position de LOW, grosso modo, vise à assimiler
l'exercice de l'analyse à celui d'un art.
* Troisièmement, le plus important sur le plan de ce qui est difficile à
supporter, des modifications pénibles au niveau du surmoi de
l'analyste.
Or, je crois que là, il у а tout de même quelque chose qui joue sur un
plan historique. Car s'il у а eu un mouvement sur le plan de
l'interprétation et du rôle à donner au contre-transfert, qui est allé
jusqu'à faire du contre-transfert cette chose qu'il faut étouffer à
tout prix, d'où proviennent les
tentatives, actuelles, au contraire, de le réhabiliter, c'est que si,
au début, analystes et analysés étaient dans des conditions grosso
modo analogues, je veux dire, en tout cas, pour ce qui est d'avoir eu
un analyste, et là intervient toute la question du surmoi
analytique,
ils ne se sentiraient pas liés à tant d'obligations, sinon celle de
leur allégeance à FREUD.
…à quel moment, peut intervenir un tel type d'objet dans sa face enfin
dévoilée sous sa forme séparable, et qui s'appelle maintenant quelque
chose que nous connaissons bien : la voix.
Que nous connaissons bien… que nous croyons bien
connaître sous prétexte que nous en connaissons
les déchets, les feuilles mortes, sous la forme « des voix » égarées de
la psychose, le caractère parasitaire sous la forme des impératifs
interrompus du surmoi.
Quoi qu'il en soit, cet animal qui vit dans les eaux salines a la
curieuse habitude, comme nous dirions dans notre langage, de se
tamponner le coquillard,
à un moment de ses métamorphoses, avec de menus grains de sable, de se
les introduire dans ce qu'elle a comme appareil réduit dit «
stato-acoustique », autrement dit dans l’ utricule…
car elle ne bénéficie pas
de notre prodigieux « limaçon »
…dans l’ utricule s'étant introduit ces parcelles de sable…
il importe qu'elle se les y mette du dehors,
car elle ne les produit d'elle-même en aucun cas
…l'utricule se referme et la voilà qui aura à l'intérieur les petits
grelots nécessaires à son équilibration. Elle les a amenés de
l'extérieur.
Avouez que le rapport est lointain avec la constitution du surmoi,
néanmoins ce qui m'intéresse, c'est que Monsieur ISAKOWER n'ait pas cru
devoir trouver de meilleures comparaisons que de se référer à cette
opération.
Il est vrai que sa fonction centrale, au niveau
du stade phallique…
où la fonction de (a) est représentée
essentiellement par un manque, par le défaut
du phallus comme constituant la disjonction
qui joint le désir à la jouissance,
c'est ce qu'exprime ce qu'ici je rappelle
de ce que par convention nous appelons
le niveau trois de ce que nous avons décrit
des divers stades de l'objet
…il est vrai, dis-je, que ce stade a une position, disons extrême, que
le stade quatre et le stade cinq,
si vous voulez, sont dans une position de retour qui les amène en
corrélation au stade un et au stade deux.
Chacun sait…
et c'est ce que ce petit schéma
est seulement destiné à rappeler
…les liens du stade oral et de son objet avec les manifestations
primaires du surmoi dont je vous ai déjà indiqué…
vous rappelant sa connexion évidente
avec cette forme de l'objet(a) qu'est la voix
…j’ai déjà rappelé qu'il ne saurait y avoir de conception analytique
valable du surmoi qui oublie
que par sa face la plus profonde, c’est une des formes de l'objet(a).
Séminaire 11 « Les quatre concepts »
Elles peuvent être définies à différents niveaux,
et par exemple l’instance qui est fréquemment faite de la relation du
sujet à telle ou telle de ces instances que dans le second temps de sa
topique, FREUD a pu définir comme l’idéal du moi ou le surmoi
par
exemple, si elles sont partielles, ce n’est seulement que de donner une
vue latéralisée de ce qui est essentiellement le rapport avec le grand
Autre.
Séminaire 12 « Problèmes cruciaux… »
Ceci est quelque chose d'absolument essentiel à définir, parce que
c'est ça qui nous permet d'aborder ce quelque chose autour de quoi
tournent toute la difficulté et les achoppements présents, je veux dire
les achoppements qui sont venus, avec son progrès,
de la théorie analytique, qui consistent essentiellement
en ceci :
si les choses sont comme je vous le décris,
à savoir si nous ne pouvons d'aucun développement, d'aucun progrès de
l'inconscient, en tant qu'il est saisissable au dernier terme :
* dans quelque chose qui est de la nature de la trace du discours, de la
coupure,
* dans ce voile singulièrement topologisé, que nous essayons de donner du
sujet comme étant le sujet de la parole, le sujet en tant qu'il est
déterminé par le langage
…eh bien nous avons là le seul support valable…
et qui ne se trouve point à la merci des plus grossières images qui
sont celles qui ont été données dans la seconde topique de FREUD,
je parle spécialement des images de l'Idéal du moi, voire du surmoi
…c'est en tant que nous pouvons arriver à saisir,
à serrer les problèmes, à serrer les points nodaux notamment…
et celui que je vise aujourd'hui,
à savoir celui de l'identification
…c'est en tant que pareil schéma nous le permet
que nous pouvons essayer d'aborder dans toute sa généralité, d'une
façon différente, de la façon dont elle se formule pour l'instant dans
la théorie analytique…
à savoir une façon extrêmement insatisfaisante pour tout lecteur
capable simplement d'un peu d'audition et d'un peu de ton
…d'une façon extrêmement différente, dis-je, ce qui a rapport à ce que
j'appellerai « l'inconscient structural ».
Car c'est assurément tout ce qui justifie tant d'élucubrations autour
de formules comme celle de « distorsion du moi », voire de formes
atypiques, anormales surmontantes du surmoi, car c'est en effet
cette
recherche nécessitée, rencontrée dans notre expérience.
Notre expérience qui a été faite d'abord de quoi ?
De ce qu'on a appelé les achoppements, les points analysables de ce
qu'on appelle improprement l'analyse de matériel.